PFAS: le reportage RTBF ne convainc pas le commandant de la base de Beauvechain
Le commandant de la base réagit au reportage diffusé mercredi par la RTBF: on ne peut pas dire que tous les ruissellements d’eau polluée proviennent de la base…
- Publié le 19-04-2024 à 15h00
L’enquête d’ Investigation et de Décrypte (RTBF) sous le titre "Les bases militaires responsables d’une pollution aux PFAS. L’eau potable de Beauvechain la plus contaminée de Wallonie" de ce mercredi a créé l’émoi et l’inquiétude.
Alors que le scandale des PFAS et notre article du 30 novembre dernier (sous le titre "Beauvechain: oui, il y a une pollution aux hydrocarbures. Non, ce n’est pas secret Défense") ont interpellé autorités civiles et militaires, mais aussi les habitants, de nombreuses choses ont été mises en œuvre, de nouvelles études ont été réalisées et… sept communiqués de la Société wallonne des eaux (SWDE) sont venus rassurer la population. Alors, pour ceux qui ont suivi l’émission de mercredi, et son annonce dans le JT avec un direct depuis Beauvechain, quelle surprise d’entendre communiquer des données présentées comme si elles dataient du jour même… De quoi faire réagir la Commune, la SWDE, les riverains et la base militaire.
"Dire qu’on est la grande muette, c’est exagéré…"
Le colonel David Dupuis s’étonne du timing alors que son interview date du 23 février. Comme on le lira ci-dessous, à ce moment, la RTBF avait obtenu des données avec des valeurs rassurantes. "La RTBF nous a contacté en avril 2023, puis plus rien pendant six mois. Ils sont revenus vers nous et c’est vrai, ils n’ont pu faire aucune photo ni recevoir de copies de documents, mais toutes les informations ont été communiquées. On a ensuite accepté de les recevoir, ce qui s’est fait fin février. Dire qu’on est la grande muette, c’est exagéré…"
Dès que la base a eu connaissance des soucis, elle a communiqué: "Le personnel a été informé en expliquant les normes problématiques. On a invité tout le monde à ne plus boire l’eau. La même démarche a été menée auprès des agriculteurs et des riverains: toutes-boîtes, groupe WhatsApp avec les riverains, réunion avec les parties concernées… Et aucune question n’a été éludée".
La base a décidé de faire des analyses complémentaires ; "Il faut savoir qu’à l’époque, vu le scandale, les laboratoires étaient débordés. Il a fallu 15 jours pour obtenir les résultats (NDLR: lors de son test chez les riverains, la RTBF a prélevé le 9 février, les échantillons ont été étudiés dès le 13, le rapport a été établi le 21, puis a été communiqué aux riverains le 24). Ces résultats étaient très bons. C’est étonnant de voir que les valeurs soient aussi différentes par rapport aux premières données… La Défense a décidé, de manière pro-active, d’avoir un monitoring complet accéléré. Donc, depuis janvier, chaque mois, les analyses sont faites, y compris pour les PFAS, et depuis lors, chaque fois, l’eau est bonne. Il existe aussi un puits extérieur à la base mais là aussi, cela semble rétabli."
Malgré cela, la base fournit de l’eau en bouteille à la crèche voisine par mesure de précaution.
Une réflexion est en cours à la Défense: "On imagine d’arrêter l’eau captée à la base pour passer à la SWDE. Une étude technique est en cours. L’eau, ce n’est pas notre métier. À voir donc si on ne va pas basculer sur le fournisseur historique plutôt que nos systèmes hérités du passé. Mais attention, que cela soit clair, nos normes sont identiques à celles de la SWDE."
"Si on investigue, il faut aller jusqu’au bout et… partout !"
Le colonel Dupuis a aussi noté que le reportage faisait état de terres polluées, ce que montreraient des analyses d’échantillons d’eau prélevés à la sortie de tuyaux. "On a aucune garantie que ces tuyaux viennent de la base ! Des prélèvements assez amateurs, sans piézomètre… Maintenant, je ne dis pas qu’on se dédouane de tout. Si des terres sont souillées, on procédera à des excavations. Mais de là à dire que tous les ruissellements pollués viennent de la base, il y a un pas… Clairement, oui, des PFAS ont été utilisés à la base, c’est vrai. Mais on les retrouve aussi dans d’autres secteurs. Je ne veux donc pas dire que je rejette sur d’autres des responsabilités, mais si on investigue, il faut aller jusqu’au bout et… partout !"