Warren Barguil "rêve de gagner Liège-Bastogne-Liège"
- Publié le 02-11-2017 à 12h30
- Mis à jour le 02-11-2017 à 12h00
La révélation française du dernier Tour vibre pour la Doyenne. Dans le somptueux hall de l’hôtel Grand Kempinski de Shanghai, Warren Barguil fait doucement tourner l’alliance qui lui cercle le doigt depuis dix jours à peine. Désormais marié à Gabrielle, la révélation française du dernier Tour a composé une lune de miel singulière pour son épouse. Troisième du Critérium Le Tour de France China dimanche, le Breton sera au départ de celui de Saitama ce samedi.
"Ces deux épreuves ne constituent que la seule parenthèse vélo d’un voyage long d’un mois, s’amuse le dernier maillot à pois de la Grande Boucle. Dans la foulée de l’épreuve disputée samedi dans la grande banlieue de Tokyo, nous mettrons le cap vers Tahiti. Au total, j’aurai observé une coupure hivernale d’un mois. C’est ce que je voulais. Le Tour m’a fait comprendre à quel point la fraîcheur constituait un facteur clé de la performance."
Si les projecteurs se sont braqués en juillet sur celui que les amateurs de cyclisme avaient découvert lors de sa victoire sur le Tour de l’Avenir en 2012, le coureur de chez Sunweb refuse de cantonner son horizon à la seule course au maillot jaune.
"J’adore aussi les Ardennaises et rêve de Liège-Bastogne-Liège, s’exclame-t-il. Et je vous assure que je ne dis pas cela parce que je m’adresse à un journaliste belge (rires). À mes yeux, lever les bras sur la Doyenne constituerait quelque chose de plus fort que de remporter une étape du Tour. On parle ici de la plus grande classique de la saison !"
38e cette année sur les hauteurs d’Ans, Barguil est convaincu qu’il possède les qualités pour espérer s’y imposer un jour.
"En 2016, j’avais terminé sixième, cela ne ment pas je pense. Pour gagner un tel monument il faut vivre une journée parfaite, voir les éléments s’emboîter les uns après les autres sans qu’aucun grain de sable n’enraie la mécanique. Mes chances de succès seraient ainsi plus grandes si les événements se déclenchaient un peu plus tôt…"
Offensif dans l’âme, le vainqueur de l’étape de l’Izoard regrette l’attentisme qui cadenasse la finale ces dernières années.
"Il est tout de même dommage que les choses se jouent dans la côte d’Ans. Avant cela, tout le monde se regarde. Je suis nostalgique des explications qui débutaient dès la Redoute. Ce sont ces images qui me faisaient rêver lorsque j’étais enfant. Une modification du lieu d’arrivée et un retour dans le centre de Liège pourraient, peut-être, changer la donne. Mais il ne faut pas se chercher de fausses excuses. Certaines équipes font tout pour tout cadenasser. Je ne suis cependant aucunement résigné. Et je tenterai à nouveau d’être au sommet de ma condition fin avril pour ce grand rendez-vous (sourire)…"
"Je resterai chasseur d’étapes sur le prochain Tour"
Vainqueur à deux reprises et maillot à pois en 2017, le Breton ne changera pas ses objectifs sur la Grande Boucle.
L’horizon du rendez-vous a beau être encore lointain, le regard de Warren Barguil s’allume instantanément lorsqu’il évoque le prochain Tour de France.
"Ce sera une édition très spéciale pour moi avec plusieurs journées en Bretagne, mon deuxième pays", sourit-il. "Lorient (NdlR : départ de la 5e étape) n’est distant de mon domicile que de cinq minutes. Je connais donc très bien les routes que nous y emprunterons. Et je vous assure que certains seront surpris par leur degré d’exigence(sourire)… Je suis extrêmement attaché à ma région d’origine. J’ai tenté d’aller vivre à Nice durant un peu plus d’une année afin de bénéficier de meilleures conditions d’entraînement, mais cela n’a pas marché du tout (rires). J’ai besoin de mes attaches et suis donc très vite revenu à la maison. Si j’ai opté pour la formation Fortuneo en 2018, c’est en partie pour son identité bretonne. Mais aussi car le projet est ambitieux. Cette équipe veut grandir."
Vainqueur à Foix et à l’Izoard ainsi que maillot à pois sur la dernière édition de la Grande Boucle, Barguil nourrira les mêmes objectifs dans un peu plus de huit mois.
"Je resterai un chasseur d’étapes et tenterai d’à nouveau décrocher la tunique de meilleur grimpeur. Je ne me sens pas encore prêt pour viser un classement général. Cela impose d’aborder l’épreuve dans une autre optique globale, qui ne colle pas à mon tempérament actuellement. La portée médiatique du Tour m’a impressionné. Depuis mes succès de juillet, ma popularité en France a connu un véritable boum."
"Une étape importante pour le cyclisme chinois"
Troisième du Critérium de Shanghai dimanche dernier, Warren Barguil mesure l’importance d’un tel événement dans la perspective de la mondialisation de son sport.
"Permettre au public chinois de voir les meilleurs coureurs de la Grande Boucle évoluer sur leur sol, c’est une étape importante dans ce processus. En 2014, j’étais équipier de Ji Cheng au sein de la formation Giant-Alpecin. Il avait alors été le premier coureur chinois de l’histoire à terminer le Tour. Si nous voulons que notre discipline s’installe durablement dans ce gigantesque pays, cela passe par des symboles forts comme celui-là."