Nibali, le fuoriclasse fait l'unanimité dans le peloton
- Publié le 18-03-2018 à 20h47
- Mis à jour le 18-03-2018 à 20h49
Déjà vainqueur des trois grands tours, le Sicilien a épinglé un deuxième monument à son palmarès. "Nibali, c’est sans doute le coureur le plus complet de ses trente dernières années !"
Lâché quelques minutes après le succès en solitaire du Sicilien sur la Primavera, le compliment de Philippe Gilbert traduit à merveille l’exceptionnel éclectisme du coureur de la formation Bahrain Merida mais aussi le respect que celui-ci suscite au sein du peloton. Dans un univers où la rivalité sportive n’invite que rarement au compliment, tous ses rivaux se sont inclinés dans une révérencieuse génuflexion au moment de commenter une victoire que l’Italie attendait depuis douze ans et le succès de Pozzato (2006).
Démare s’est avoué "bluffé" par le solo final du Requin de Messine qui s’était extrait sur les pentes du Poggio en réponse à un mouvement du champion de Lettonie Neilands. Même Peter Sagan avait pour une fois monté le son afin de s’avouer "ravi d’un succès qui fait du bien au cyclisme tout entier."
Si Nibali soulève une telle unanimité auprès de ses collègues et continue d’enflammer les tifosi c’est parce qu’il saupoudre pratiquement toujours ses succès d’une dose de panache.
Samedi, le Sicilien s’est imposé au bout de ce qu’il considère pourtant comme " la course sur laquelle je m’attendais le moins à lever les bras", en se découvrant sur un Poggio ressemblant bien plus à une planche sans ressort qu’à un tremplin vers la victoire. En dépit du vent qui soufflait de face dans la finale et avait enfermé les autres favoris dans l’immobilisme, Nibali a tenté sa chance en deux temps avant de profiter de ses qualités de descendeur sur les rampes ramenant dans la cité des fleurs.
"Les deux derniers kilomètres ont été très longs", souriait le Sicilien au pied d’un podium où l’avaient rejoint sa femme et sa fille. "J’ai dû donner tout ce que j’avais et rouler avec mon cœur. Car sur une épreuve de près de 300 bornes, l’abnégation est une qualité indispensable !"
Déjà vainqueur des trois grands tours, Vincenzo Nibali a donc épinglé un troisième monument à son palmarès après ses deux succès sur le Tour de Lombardie (2015 et 2017). Deux courses où il s’était, là aussi, imposé en solitaire.
"Je suis amoureux des courses d’un jour et je veux continuer à en disputer même si cela complique parfois mon approche des grands tours, poursuit le coureur de 33 ans. J’ai besoin de cela, j’y trouve mon équilibre et je pourrais difficilement me concentrer sur un seul et unique objectif par saison."
L’histoire du sport cycliste permet de mieux prendre la mesure de l’exceptionnel éclectisme de Nibali. Parmi les six champions (Merckx, Hinault, Anquetil, Contador, Gimondi et lui) ayant réussi à s’imposer sur le Tour, le Giro et la Vuelta, seuls trois ont gagné plus de monuments que le Squale : Merckx (19 et 5/5), Hinault (5 et 3/5) et Gimondi (4 et 3/5). Celui qui rêve de s’imposer sur Liège-Bastogne-Liège, mais pourrait aussi légitimement ambitionner le succès sur le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix au vu du numéro qu’il avait livré sur les pavés du Tour en 2014 a décidément bien ressuscité un cyclisme d’un autre temps…
"Ce pourrait être l’année de Vincenzo"
Débarqué cet hiver au sein de la formation Bahrain-Merida, Rik Verbrugghe y occupe le rôle de directeur sportif mais le Belge y coordonne aussi l’élaboration des programmes des différents coureurs.
"Il s’agit d’un travail collectif", sourit l’ancien maillot rose du Giro. " Certaines personnes dans l’équipe jugeaient Vincenzo en retard sur le tableau de marche lors de Tirreno, mais je vous avoue ne jamais avoir douté du bien-fondé de nos choix. Au début de la course des Deux Mers (que Nibali a terminé 11e) , qui ne constituait pas un objectif majeur, le Sicilien manquait quelque peu d’explosivité mais il n’avait alors pas encore véritablement spécifiquement travaillé ce point. Cette épreuve lui a permis de franchir un palier important dans sa montée en puissance. La saison de notre leader sera longue, et il m’importait de ne pas le brûler…"
C’est que le Requin de Messine a un appétit d’ogre.
"Dès cet hiver, Vincenzo a très clairement défini ses trois grands objectifs de la saison : Liège-Bastogne-Liège, le Tour de France et le Mondial d’Innsbruck. Je pense qu’il possède une réelle chance de s’imposer sur ces trois épreuves. La Doyenne est sans doute le monument qui colle, avec la Lombardie, le mieux à ses qualités tandis que le tracé de la Grande Boucle et des Championnats du Monde correspondent parfaitement à ses qualités. Ce pourrait bien être l’année de Vincenzo !"