Coût du stationnement et des amendes en hausse, horaires élargis, sens de mobilité incohérents : “Un racket organisé de la part des communes !”
Les commerçants dénoncent “le pillage des communes” et l’absence d’alternatives crédibles permettant aux clients de délaisser leur voiture dans les grandes villes du pays.
- Publié le 18-04-2024 à 07h56
Prix du stationnement en hausse, horaires élargis, absence d’uniformisation entre les communes. Ces dernières années, l’on assiste à une sorte de cacophonie en matière de stationnement et de mobilité à Bruxelles. Dans le même temps, les alternatives crédibles pour inciter la population à délaisser la voiture font défaut et l’insécurité dans les transports publics ne cesse d’augmenter.
Une situation qui décourage bon nombre de commerçants dont certains envisagent de quitter Bruxelles. “Il suffit d’aller à la chaussée d’Ixelles où les cellules commerciales n’ont jamais été aussi vides”, regrette Ady Brauman, président de l’association des commerçants de la place Fernand Coq, qui pointe du doigt le semi-piétonnier de la chaussée d’Ixelles. “Cet espace est interdit aux voitures entre 7h et 19h mais la signalisation n’est pas suffisante et il n’y a pas de concertation avec Waze et Google Maps. Résultat, les voitures sont déviées sur le tronçon, ce qui rapporte chaque fois 58 euros à la commune.”
Tous les commerçants interrogés sont unanimes sur le fait que la mobilité dans les grandes villes doit être apaisée. C’est plutôt la méthode qui dérange, avec des amendes qui dans certaines zones passent de 25 à 45 euros, et des horaires élargis jusque 21h. “C’est tout simplement du racket organisé”, fustige Alain Gagnaire, qui a tenu la brasserie Toison d’Or durant de longues années. “J’entends énormément de clients qui ne veulent plus se rendre à Bruxelles, qui préfèrent aller au cinéma ou faire leurs courses à Waterloo. Les schémas de mobilité n’ont aucun sens et cela provoque encore plus de pollution. Il convient d’apaiser les villes mais il faut le faire avec discernement, or il n’y a pas d’alternative crédible proposée.”
"Les politiques tuent le centre-ville"
Certains endroits sont ainsi mal desservis et des communes comme Forest ou Uccle sont isolées en matière de transports en commun. À cela s’ajoute une insécurité croissante dans les transports en commun qui dissuade bon nombre de personnes de délaisser leur voiture. “Prenons l’exemple de la ligne de bus 71. Elle est remplie de pickpockets. Cela ne donne pas envie de prendre les transports. Tous ces éléments poussent la clientèle et les commerçants à quitter Bruxelles pour aller dans des zonings où le stationnement est prévu en suffisance. Les politiques sont en train de tuer le centre-ville”, embraie Ady Brauman.
La situation ne risque toutefois pas de s’améliorer et certains projets sont vus d’un mauvais œil. “La totalité du stationnement en surface va être supprimée sur le boulevard de Waterloo entre la porte de Namur et Louise, avec une seule bande dans les deux sens de circulation. C’est purement idéologique. On se demande si des études d’incidence ont été réalisées avant de penser ce genre de projet”, ajoute Alain Gagnaire.
Du côté des villes wallonnes, aussi, la situation n’est pas reluisante. “À Wavre, le prix du parking dans le centre-ville est de 1,2 euro de l’heure avec un maximum de 6 euros par jour, ce qui me semble correct. En revanche, la concession a été donnée à Indigo pour la verbalisation. Le temps d’aller chercher un ticket à l’horodateur, les agents de verbalisation sont déjà passés et on écope d’une amende de 30 euros”, poursuit Bernadette Pierre, commerçante bien connue du centre de Wavre. “À côté de cela, il y a des parkings gratuits durant 30 minutes mais qui ne sont pas suffisamment bien indiqués. Dès lors, des clients qui paient pour deux heures vont se stationner sur une place gratuite durant 30 minutes sans le savoir, et vont également se faire verbaliser. Cela dissuade dès lors les gens de venir faire leurs courses ici.”