Tsitsipas: L’ovni fait tomber le génie
Roger Federer a été éliminé par le jeune Grec Tsitsipas sur un air de changement de règne.
- Publié le 20-01-2019 à 19h09
- Mis à jour le 20-01-2019 à 19h10
Roger Federer a été éliminé par le jeune Grec Tsitsipas sur un air de changement de règne. Un génie de 37 ans affrontait un ovni de 20 ans. Et c’est l’ovni qui a gagné (6-7, 7-6, 7-5, 7-6). Stefanos Tsitsipas est entré dans la légende en tombant son idole de jeunesse et l’idole des foules du monde entier : Roger Federer. "J’aurais pu craquer à n’importe quel moment mais j’ai tenu car je voulais absolument gagner. C’est ma force mentale qui m’a permis de m’en sortir. Roger, mon idole, est devenu mon rival. C’était juste génial. J’ai bien servi, j’ai été agressif, j’ai tenu le bras de fer et je l’ai fait travailler dur du début à la fin en tenant bien la pression."
De fait, le Grec n’a pas eu peur une seule seconde du début à la fin du match : il voulait la peau du Suisse, un point c’est tout. Il a tenu le défi physique, a imposé sa cadence et détruit le timing de son adversaire. Visage de tueur sur le court, visage d’enfant le jour de Noël une fois la bataille gagnée : Tsitsipas est un guerrier total qui n’oublie pas le plaisir du jeu. "C’est une victoire inoubliable dans une atmosphère de rêve que j’ai savourée comme jamais. C’est un premier grand pas vers quelque chose d’encore plus grand."
Cette défaite de Federer dégageait un petit parfum de fin de règne. Certes, le Suisse s’est battu comme un diable pendant 3 h 45. Certes, il a eu quatre balles de set dans la deuxième manche. Certes s’il avait converti ne serait-ce qu’une seule de ses douze balles de break, l’affaire aurait été très différente. Mais dans le jeu Federer était en équilibre sur un fil. Sans sa qualité de service, il aurait pris trois sets dans la vue. Sur ces trois derniers Majeurs, il a laissé la même impression que ce soit face à Kevin Anderson, John Millman ou Tsitsipas : lorsque le combat s’engage à un haut niveau d’intensité et sur la durée, il craque. Ce dimanche, son coup droit l’a plombé (55 fautes directes dont 40 en coup droit) parce que ses jambes l’ont lâché. Face à la vitesse de jeu de Tsitsipas, il n’a pu montrer son explosivité habituelle. À 37 ans, il en a évidemment le droit.
Sa tristesse était touchante, car c’était celle d’un monstre du jeu qui ne comprenait pas comment il avait pu devenir ordinaire. "J’ai d’énormes regrets. Je dois toujours gagner ce deuxième set. N’importe comment mais je dois le gagner. Cela me coûte le match. Tout comme ces nombreuses balles de break. C’est dur. Mais Tsitsipas jouait vite et ne m’a pas laissé m’organiser."
Évidemment on va désormais parler de passation de pouvoir entre un Federer au crépuscule de sa carrière et un Tsitsipas prêt à prendre son envol. Le môme a joué un immense match. Mais il va devoir vite retomber de son nuage pour affronter la muraille Roberto Bautista Agut. "J’ai fait un grand pas en avant et vécu un match inoubliable mais je dois rester humble et concentré sur mes objectifs !"
Quant à Federer, il n’a pas voulu partir sur une mauvaise note et annoncé qu’il jouerait bel et bien la saison de terre battue. "Je suis dans une phase où je dois me faire plaisir et la terre battue m’a manqué."
On espère juste que ce n’est pas le signe d’une imminente tournée d’adieu.