Thiem tient enfin sa finale: "Maintenant, je veux la gagner!"
L’Autrichien disputera dimanche sa première finale du Grand Chelem. Amplement mérité.
- Publié le 08-06-2018 à 22h04
L’Autrichien disputera dimanche sa première finale du Grand Chelem. Amplement mérité. À la différence de David Goffin et Novak Djokovic, Dominic Thiem ne s’est pas fait surprendre par l’étonnant Marco Cecchinato et s’est qualifié, hier, en trois manches (7-5, 7-6, 6-1) pour sa première finale de Grand Chelem. L’Autrichien n’a pas forcément été très serein pendant les deux premiers sets, gâchant une avance de 4-2 dans le premier, puis une autre dans le jeu décisif du deuxième où il mena 5-2 et 6-3 avant de se faire remonter pour finalement s’imposer 12-10. "Je crois que ce tie-break a vraiment été la clé du match. Car si je ne l’avais pas gagné, mon adversaire aurait été complètement relancé et je me serais mis à douter…"
Il n’en a rien été. Et, sur sa lancée, Thiem scella sa victoire dans le troisième set, devenant le deuxième joueur de son pays à atteindre une finale de Grand Chelem après Thomas Muster, titré ici en 1995. "Il a envoyé un message de félicitations à mon physio, car ils ont travaillé en semble. On a une relation spéciale. Pour moi, il reste un modèle à suivre…"
À 24 ans, Thiem est le plus jeune joueur à se hisser en finale de Roland-Garros depuis Rafael Nadal en 2010. Le récent finaliste de Madrid est donc enfin récompensé, au plus haut niveau, de son travail et de son talent. Il le doit à une excellente gestion de son tableau et, surtout, à un jeu qui est arrivé à maturité et qui se marie parfaitement avec la terre battue.
garçon de nature modeste, Dom i avait souvent tendance à quasiment s’excuser de se retrouver en haut de l’affiche. Là, il a franchi un cap, enterrant définitivement ses complexes. Son succès en quart de finale du tournoi de Madrid face à Nadal lui a permis de gagner en confiance et de prendre conscience de son potentiel. Titré à Lyon juste avant le début de Roland-Garros, il est arrivé à Paris à la fois serein et ambitieux : plus de passages à vide, plus de coups impossibles tentés quand le match se durcit. Il joue l’acier. Ce vendredi, il a ainsi remporté son 35e match de la saison et pris la tête des bilans. En jouant avec autorité, en utilisant de bien meilleurs schémas tactiques, le protégé de Günter Bresnik a enfin compris que sans maîtrise technique et tactique sa puissance était inutile. "J’avais atteint les demi-finales lors des deux dernières éditions. Mais, là, c’est une autre dimension. Mais pas question de me satisfaire de cette promotion. Maintenant, je veux la gagner, cette finale…"
Décidément, le môme s’est fait pousser les crocs cette année !
Il symbolise la génération montante
À 24 ans, Dominic Thiem est arrivé à maturité. Dans son corps et dans sa tête
Certains en font déjà le futur numéro un mondial. C’est peut-être aller vite en besogne. Il reste que Dominic Thiem symbolise, avec Alexander Zverev et Grigor Dimitrov, la nouvelle génération, appelée à succéder à l’éternel Big Four (Federer, Nadal, Djokovic et Murray).
Âgé de 24 ans, l’Autrichien ne cesse de gravir les échelons. Au niveau de son classement, bien sûr. Mais surtout au niveau de son jeu et de la gestion de ses émotions. Autrefois fragile mentalement et souvent complexé face aux ténors, il affiche désormais haut et fort ses ambitions. Après deux demi-finales manquées en 2016 et 2017 (face à Djoko et Rafa), le voilà en finale sans avoir réellement été mis en danger durant tout le tournoi. Et pas question, dans son esprit, de se satisfaire de ce résultat. À Madrid, voici un mois, il avait mis fin à l’incroyable série de 50 sets victorieux de Nadal, en signant l’un des matches les plus solides de sa carrière. Il voudra, dimanche, remettre sur le métier son ouvrage !
Le protégé de Gunter Bresnik a des atouts en pagaille : un coup droit puissant, un revers à une main d’une précision chirurgicale, un excellent sens du déplacement et de l’anticipation. Lorsqu’il récite ses gammes sans s’énerver, il est donc parfaitement capable de faire vaciller l’ogre majorquin, fût-ce sur ce Central de Roland-Garros où l’Espagnol a ses habitudes. De là à le battre, c’est une autre histoire ! L’Autrichien pourra compter, dans les tribunes, sur le soutien d’une supportrice locale d’exception : la joueuse française Kristina Mladenovic qui est aussi sa fiancée. Nul doute que David Goffin sera également un spectateur attentif : Dominic est l’un de ses meilleurs potes sur le circuit.