Steve Darcis veut soigner sa sortie à Anvers: "Je ne nourris pas de regrets sur ma carrière"
Le Liégeois fait ses adieux au public belge, non sans quelques frissons.
- Publié le 14-10-2019 à 07h52
- Mis à jour le 15-10-2019 à 09h46
Le Liégeois fait ses adieux au public belge, non sans quelques frissons. Clap dernière ! Du moins, en Belgique. À quelques semaines de sa retraite effective (à l’issue de l’Open d’Australie où il disputera les qualifs fin janvier 2020), Steve Darcis lance sa tournée d’adieu à l’European Open cette semaine. Son coude émoussé aura fini par le pousser vers la sortie. L’une des figures emblématiques de la petite balle jaune, noire et rouge aura fort à faire pour son entrée en matière (premier tour contre Gilles Simon ce mardi soir). Avant une dernière pige à Madrid à l’assaut du Saladier d’argent 2.0 ? "Mister Coupe Davis" n’est pas sûr d’en être mais répondra présent en cas de coup de fil de Johan Van Herck.
En attendant, le Shark s’est confié sur sa reconversion possible en tant que coach, les travers du circuit mais aussi l’hypocrisie des stars et son admiration pour David Goffin. Entretien avec un futur retraité qui manie bien mieux sa raquette que la langue de bois…
Steve Darcis, pourquoi conclure par l’Open d’Australie où vous pourriez disputer votre ultime match sur le circuit en qualifications ?
"Si je finis ma carrière en qualifs, cela ne me pose aucun problème. C’est juste qu’avec l’ATP Cup disputée juste avant en Australie, cela me semblait logique d’embrayer sur l’Open d’Australie. L’aspect financier est rentré en jeu aussi, il ne faut pas se voiler la face. Je me suis accroché pour préserver un classement correct (NdlR : 177e actuellement) , je ne vois pas pourquoi je m’en priverais."
Avant cela, il y a la possibilité de disputer la finale de cette Coupe Davis (18-24/11) qui a perdu son âme.
"La Coupe Davis, ce n’est pas sûr du tout. D’ailleurs, après le tournoi d’Anvers, si Johan Van Herck décide de ne pas me sélectionner, je ferai l’impasse sur les deux Challengers en Allemagne (Eckentael et Hambourg) prévus au programme. Je devrais être fixé la semaine prochaine a priori."
"Les stars se fichent un peu de la tête du monde"
Mais on imagine que pour "Mister Coupe Davis", c’est un événement que l’on ne veut pas manquer malgré cette nouvelle formule tant décriée ?
"C’est clair que c’est devenu une compétition par équipes qui ne s’appuie sur aucune valeur, avec un format identique que l’ATP Cup. Tout ça pour une histoire de business, c’est triste de perdre une compétition centenaire à cause de l’argent. Quand je repense à la finale de Coupe Davis perdue à Lille, c’est l’un des pires souvenirs de ma carrière. Cet épisode, je n’y pense plus, je l’ai caché dans un tiroir de ma tête et j’ai jeté la clé. Ce fut un moment dramatique pour moi."
Vous avez souffert de nombreuses blessures. La faute notamment à un calendrier toujours plus infernal dont de nombreux joueurs se plaignent ?
"Les stars qui se plaignent que la saison est trop longue, je trouve ça rigolo. Parce qu’en parallèle, ils disputent des exhibitions à gauche à droite, vont jouer la Laver Cup, alors qu’ils sont soi-disant fatigués. Honnêtement, ils se fichent un peu de la tête du monde."
Vous quittez le circuit avec le sentiment du devoir accompli. Et quelques regrets aussi ?
"Non, je ne nourris pas de regrets. Peut-être que j’aurais pu m’entourer davantage, notamment avec plus de séances de kiné et d’agrandir le staff par moments, mais ce n’est pas toujours évident et cela coûte beaucoup d’argent. Difficile à dire si cela se serait révélé utile d’autant que les tournois disposent de leur propre contingent médical."
"Il y a des choses un peu étranges sur le circuit"
Le circuit a également des mauvais côtés, que vous n’avez pas peur de dénoncer.
"Je sais qu’il y a des affaires de paris, il y a eu sûrement un peu de dopage, mais il n’y a pas de preuve, donc rien à dire. Je pense que certains ne sont pas tout à fait honnêtes. Il y a des choses un peu étranges sur le circuit, mais peut-être que je me fais un film. Un autre aspect nauséabond, ce sont les insultes. Que tu gagnes ou que tu perdes, certains t’incendient sur les réseaux. Tu reçois des menaces, ça en devient risible et pathétique, mais ça fait partie du jeu. Si un jour, je me retrouvais en face d’un de ces petits malins, ça pourrait mal se passer mais ils restent toujours bien cachés."
Financièrement, vous avez collecté près 3,3 millions de dollars en prize-money.
"J’ai gagné de l’argent, ça, je ne le cache pas. Mais il y a des frais, il faut payer des taxes, des frais, des impôts. Sans compter l’entraîneur, le staff et les avions, les hôtels. Ce qui est affiché, ce n’est pas totalement la réalité. Mais je devrai travailler au mois de janvier, même en ayant géré mon argent correctement."
Comment envisagez-vous le futur du tennis belge du côté masculin ?
"Derrière David Goffin, c’est un peu compliqué. Il y a Coppejans, Bemelmans et après c’est un gros point d’interrogation. Je me réjouis de voir la relève arriver, mais du côté néerlandophone, il n’y a pas grand monde. Gauthier Onclin frappe à la porte mais il est assez compliqué de prédire s’il sera un jour dans le top 100."
”Si Goffin a besoin de moi, je suis là”
Votre reconversion semble toute tracée en tant que coach (NdlR : il a déjà suivi Bemelmans, Bonaventure et Wickmayer sur le circuit)...
“Je ne vais pas me vendre auprès d’un joueur ou une joueuse, ce n’est pas mon genre. Mais c’est clair que je suis motivé et j’attends de voir s’il y aura des propositions. S’il n’y en a pas, je ferai autrement…”
Et si David Goffin faisait appel à vous ?
“S’il a besoin de moi et qu’il estime que je peux l’aider, je le ferai avec grand plaisir mais son staff a trouvé un bon équilibre et il n’aime pas trop le changement, je pense. Mais si je peux lui apporter quelque chose, je serais très intéressé, ça c’est sûr. On a un bon contact, et ça va faire plaisir de le revoir parce qu’on ne s’est plus croisé depuis l’US Open…”