Rafael Nadal, d’un mercredi noir à un douzième sacre à Roland-Garros
Il n’y a pas assez de superlatifs pour qualifier la douzième victoire de Rafael Nadal. Et pourtant, voici un mois, l’Espagnol hésitait à Paris !
- Publié le 10-06-2019 à 22h26
- Mis à jour le 11-06-2019 à 07h59
Il n’y a pas assez de superlatifs pour qualifier la douzième victoire de Rafael Nadal. Et pourtant, voici un mois, l’Espagnol hésitait à Paris ! Jamais sans doute Rafael Nadal n’avait tant apprécié une victoire à Roland-Garros. Il a même peut-être savouré davantage ce douzième titre sur la terre battue parisienne que le premier, en 2005. Et pour cause : voici un peu plus d’un mois, le Majorquin, déprimé, se demandait même s’il serait du voyage du côté de la Porte d’Auteuil.
Flash-back. Mercredi 24 avril. Seul, dans sa chambre d’hôtel de Barcelone, Rafa est au fond du trou. Pour la première fois de sa carrière, il s’interroge vraiment sur son avenir côté court. Certes, il vient de battre, un peu plus tôt, l’Argentin Leonardo Mayer en trois sets. Mais son jeu, poussif, ne répond pas à ses attentes. Son moral est dans les chaussettes. C’est là, seul devant son miroir, qu’il décide de prendre le taureau par les cornes. De travailler encore plus dur. De se surpasser. Une conversation très directe avec son coach Carlos Moya finit de le persuader : oui, il peut retrouver son meilleur niveau et gagner à Roland-Garros !
Depuis ce fameux mercredi noir, Rafa n’a cessé de monter en puissance et de reprendre peu à peu confiance. De son propre aveu, ses défaites à Barcelone (face à Thiem) et à Madrid (contre Tsitsipas) dégageaient déjà le parfum de la future renaissance. "Je sentais que je m’améliorais à chaque match", dira-t-il. Et son titre au Foro Italico romain (finale face à Djokovic) l’a, ensuite, complètement libéré. Lorsqu’il débarque à Paris, il sait que le plus dur est fait. Qu’il est redevenu le Rafa conquérant.
La suite était cousue de fil blanc. À la fois en confiance et en mission, Nadal a survolé le tournoi parisien de toute sa force. Il n’a perdu que deux petits sets durant la quinzaine : l’un face à David Goffin au troisième tour, l’autre face à Dominic Thiem, en finale. Mais jamais on ne l’a senti en danger tant il maîtrisait à la fois son sujet et ses sujets.
Thiem lui offrit pourtant, dimanche, une sacrée résistance. Les spectateurs du court Philippe Chatrier n’oublieront pas de sitôt ces six premiers jeux dantesques disputés sur un rythme infernal. Comme des boxeurs sur le ring, les deux joueurs se rendaient coup pour coup. Le mano a mano était herculéen. En transe, Rafa n’avait pas assez de ses serviettes pour éponger son visage après échange. On le sentait vaciller, dans les cordes. Mais à 3-3, il trouva les ressources pour encore élever son niveau de jeu et mettre une première fois son adversaire à terre. Loin de capituler, l’Autrichien s’accrocha. Un peu, beaucoup, à la folie. Très solide dans l’échange et très performant avec sa première balle de service, il s’adjugea la deuxième manche 7-5, relançant complètement le duel. Mais, là, au moment crucial, Nadal mit fin à tout suspense. Son break d’entrée de troisième set sonna le glas des espoirs de son rival qui, peu à peu, mit un deuxième genou à terre. Les jeux défilèrent alors comme les soldats sur les Champs-Élysées un 14 juillet. Et, après trois heures de match, Rafa put rejouer sa scène préférée et s’écrouler de bonheur sur sa terre sainte.
"Douze victoires, c’est juste incroyable. C’est un véritable rêve", dira-t-il après avoir reçu, des mains de Rod Laver, une nouvelle Coupe des Mousquetaires. Incroyable : le mot n’est pas trop fort. Douze titres à Roland-Garros, il y a de quoi en perdre son latin. Lorsqu’un confrère lui demanda s’il pensait encore pouvoir gagner le tournoi à 65 ans, il répondit, amusé, que ce serait compliqué ! Méfions-nous : avec ce joueur hors du commun, rien n’est impossible !