Quelles leçons tirer de la semaine de folie de David Goffin à Cincinnati?
Pour atteindre cette première finale historique en Masters 1000, David Goffin a profité d’un incroyable concours de circonstances. Ce qui n’enlève rien à son mérite…
- Publié le 19-08-2019 à 07h55
- Mis à jour le 23-08-2019 à 14h07
Pour atteindre cette première finale historique en Masters 1000, David Goffin a profité d’un incroyable concours de circonstances. Ce qui n’enlève rien à son mérite… Les astres étaient alignés et la chance sourit aux audacieux. Voilà deux dictons qui caractérisent parfaitement la semaine surréaliste vécue par David Goffin du côté de l’Ohio, même si elle s'est clôturée par une défaite contre Medvedev en finale. Dieu sait que sur ce type d’événement, il est rare de profiter d’un tel tableau jusqu’au dernier acte. Après tout, ce n’est pas pour rien si les Masters 1000 se révèlent les tournois les plus prestigieux après les quatre levées du Grand Chelem et le Masters en fin d’année. Parvenir au dernier stade d’un M1000, c’est donc l’un des plus grands moments de la carrière de notre champion, déjà éminemment riche. À ce jour, sa plus belle finale reste celle du Masters 2017, où, au terme d’un parcours diabolique - battant Nadal et Federer-, il dut abandonner le trophée au prodige bulgare Grigor Dimitrov. Le moment le plus fort de sa carrière sans doute mais au cours d’un tournoi fermé et réservé aux huit meilleurs joueurs de la planète. Idem pour ses deux finales de prestige en Coupe Davis (perdues contre la Grande-Bretagne d’Andy Murray en 2015 et la France de Yannick Noah en 2017), qui reposent sur un collectif et sont difficilement comparables. À Cincinnati, il a brillé dans un tableau « classique » où il faut gravir les échelons (6 au total) pour être sacré. Alors, quelles leçons retenir de cette session magique dans l’Ohio et qu’attendre pour le futur ?
Classement ATP: jackpot et retour dans le top 15
En termes de chiffres, la folle épopée de Goffin prend également de la consistance. Avec ce parcours étincelant, le voilà relancé à la Race comptant pour la course aux Masters auxquels seuls Djokovic et Nadal sont déjà sûrs d’être qualifiés. Au classement, il fait son retour dans le top 15, soit un fameux retour au premier plan. Il n’avait d’ailleurs plus connu pareille place dans la hiérarchie depuis le mois d’octobre dernier ! Bonne affaire pour l'US Open, où il fera donc partie des 16 premières têtes de série lui offrant des premiers tours à sa portée Financièrement, il réalise également une belle opération en gratifiant son compte en banque d’un joli pactole de plus de 500 000 euros. Jusqu’ici, il avait glané pas moins de 11 millions d’euros en prize money dans sa carrière.
Sa saison sur dur: un sursaut au meilleur moment
Rien ne laissait présager un tel enchaînement dans le chef du Liégeois. Après une saison sur gazon totalement bénie, le retour sur ciment s’affirma plutôt dur. Avec deux défaites consécutives à Washington (Nishioka) et au M1000 du Canada (Pella), on craignait même que le Belge ne se remette à douter. C’est tout le contraire qui s’est produit après un premier tour qui fut loin d’être une sinécure contre le Next Gen Taylor Fritz (25e ATP). Il prit ensuite sa revanche contre Pella et Mannarino qui l’avaient vaincu lors de leurs derniers affrontements avant de profiter du forfait de Nishioka et de calmer Richard Gasquet… Une formidable série de victoires mais, au demeurant, sans coup d’éclat, Goffin revêtant le costume de favori à chaque fois. Mais de quelle manière ! Il a tenu son rang et parfaitement géré les conditions. Même à si à la lecture de sa traversée, on se croirait plutôt dans un ATP 500…
Un tableau dégagé: le Top 10 aux abois
Jamais sans doute dans sa carrière, Goffin n’a joui d’un tel coup du destin. Tout d’abord, Rafa Nadal a déclaré forfait dans la foulée de son sacre à Montréal, ouvrant le chemin du Belge qu’il aurait dû affronter au troisième tour autrement. Et puis, on retiendra aussi le revers de l’autre épouvantail de sa partie de tableau : Kei Nishikori. La star nippone est tombée sur un os nomméNishioka. L’autre Japonais, moins connu, a réalisé la sensation puis d’être contraint au forfait (intoxication alimentaire) avant de se frotter à Goffin en quarts. Enfin, après le retrait de Thiem et l’élimination précoce de Zverev, c’était Gasquet qui se présentait face à lui en demi. Parmi le top 10, seuls Medvedev et Djokovic ont tenu leur rang en se présentant en demi. Federer s’est fait croquer par Rublev, sans oublier que Tsitsipas et Khachanov sont aussi passés à la trappe…
Outsider à New York: Un premier quart à l’US Open dans la foulée ?
Le palmarès de David Goffin prend encore un peu plus de volume avec cette nouvelle ligne sur son solide palmarès. Si l’on pointe donc cette première finale en Masters 1000 à Cincinnati comme l’un de ses principaux faits d’arme, il faut aussi y ajouter sa place de dauphin au Masters ATP 2017, sans oublier deux finales en Coupe Davis mais aussi des quarts de finale dans trois des quatre Majeurs : à l’Open d’Australie, à Roland-Garros et à Wimbledon. Cette compilation de performances a fière allure et ce n’est pas fini. Après ce palier supplémentaire franchi cette semaine, le gars de Rocourt débarquera à New York avec une étiquette d’outsider. C’est le moment ou jamais pour enfin goûter aux quarts. L’an dernier, il était parvenu à rejoindre les huitièmes à l’arraché. Mais cette fois-ci, c’est en pleine bourre qu’il viendra dans la Big Apple, avec l’appétit de la dévorer.
Dans le rétro: Miami 2016, une trajectoire semblable
Lorsqu’on jette un œil à ses parcours les plus éloquents en Masters 1000 jusqu’ici, on repère quatre demi-finales disputées (avant cette finale) parmi ces 9 tournois prestigieux : Cincinnati 2018, Monte Carlo 2017, Miami et Indian Wells 2016. La dernière remontait donc à l’an dernier dans l’Ohio. Blessé au coude, il avait dû renoncer au terme de la première manche contre Federer et avait fait tomber deux Top 10 pour arriver là (Anderson et Del Potro). Plus loin encore, c’est en 2017 à Monte Carlo qu’il s’était distingué épinglant Thiem et Djokovic avant de se faire piéger par Nadal. En 2016, à Indian Wells, Cilic et Wawrinka avaient fait les frais de la tornade belge. Mais à Miami (2016), avant de subir la loi de Djoko, son tableau s’était montré relativement clément. Seul Gilles Simon (19e mondial à l’époque) lui avait donné un peu de fil à retordre…