Les secrets de Roger Federer
Le Suisse, vainqueur à Shanghai, pourrait devenir le n°1 le plus âgé à 33 ans passés. Une renaissance qui s’explique par quatre éléments.
- Publié le 13-10-2014 à 18h54
- Mis à jour le 14-10-2014 à 11h28
Le Suisse, vainqueur à Shanghai, pourrait devenir le n°1 le plus âgé à 33 ans passés. Dites 33 et vous irez mieux, suggère un adage bien connu dans le domaine médical... Roger Federer ne le démentira sans doute pas. Le Suisse semble ainsi être devenu un nouvel homme l’année de ses 33 ans. Le Bâlois est même parti pour remonter le temps alors qu’il vient d’ajouter, dimanche, à sa plantureuse collection un premier titre au tournoi ATP Masters 1.000 de Shanghai qui pourrait carrément le ramener sur le trône de n°1 mondial!
C’est fou comme la roue peut tourner vite en sport. Il y a un an à peine, Roger Federer devait se battre pour conserver sa place dans le Top 10 du classement ATP après un été pourri marqué par des défaites au deuxième tour à Wimbledon et en huitième de finale à l’US Open. Aujourd’hui, le revoilà n°2 mondial et premier joueur à avoir dépassé la barre des 60 matches gagnés en 2014 - 61 exactement - loin devant Novak Djokovic (52) et Kei Nishikori (49).
Une renaissance qui s’explique par quatre éléments. Un, Roger Federer a du talent. Il sait tout faire avec une balle. Deux, le Suisse est à nouveau en bonne santé après avoir souffert de douleurs au dos qui ne lui permettaient plus d’être aussi vif et relâché dans ses mouvements. Trois, il a trouvé une nouvelle raquette, avec un tamis légèrement plus grand, qui lui confère plus de puissance au service et plus de solidité en revers. Et quatre, il a ménagé sa monture en s’accordant des plages de repos pour garder un maximum de fraîcheur.
"Ma principale préoccupation était d’être en bonne santé cette année", a-t-il répété après sa victoire à Shanghai. "Et je suis ravi. Je ne me lève plus à moitié cassé le matin. Je prends beaucoup de plaisir sur le court. Toutes les pièces du puzzle se sont imbriquées. Je n’ai plus eu la moindre crampe depuis 1999. C’était ma seule fois, en Coupe Davis. Je n’étais qu’un gamin. J’en suis très fier. J’ai appris comment et quand il fallait travailler dur. Je livre une très belle saison et j’espère garder ce niveau encore un bon bout de temps."
Seul aura manqué un titre du Grand Chelem, malgré une accession en finale à Wimbledon et deux autres présences en demi-finale à l’Australian Open et à l’US Open. En revanche, un premier triomphe en Coupe Davis est à portée de raquette de même qu’un retour à la place de n°1 mondial, un statut qu’il a abandonné le 5 novembre 2012. Vainqueur à Shanghai de son quatrième tournoi de l’année, le Suisse ne compte plus que 2.430 points de retard sur Novak Djokovic, qui devra en défendre... 2.500 d’ici à la fin de la saison.
"Il faut gagner ce genre de tournoi pour se rapprocher d’un objectif incroyable comme celui de devenir n°1 mondial", glissa-t-il encore. "Jusqu’à aujourd’hui, ce n’était pas le but puisque j’étais vraiment trop loin de Djokovic. Je vais rentrer en Suisse faire le point et définir les priorités entre la place de n°1, Bâle, Paris, la Coupe Davis, le Masters... Il faudra peut-être faire des choix et voir combien il me reste d’énergie."
Un problème qu’il abordera certainement avec un large sourire...
Roger Federer domine le circuit cette saison au nombre de victoires (61) et de finales jouées (9). Même s’il n’a pas gagné de titre du Grand Chelem, le Suisse pourrait achever pour la sixième fois l’année à la place de n°1 et devenir carrément le n°1 mondial le plus âgé de l’histoire, dépassant Andre Agassi et ses 33 ans et 131 jours en août 2003. Pour cela, toutefois, il devra grappiller au moins 990 points de plus que son rival Novak Djokovic lors des dernières échéances de l’année. Cela signifie qu’il devra gagner le tournoi ATP Masters 1.000 de Paris-Bercy ou le Masters à Londres tout court pour avoir une chance. Ou alors miser sur une défaillance du Serbe, qui s’apprête à devenir papa pour la première fois.
Connors était encore au top à 39 ans !
Roger Federer vieillit donc bien. Vainqueur du 81e titre de sa carrière, dimanche à Shanghai, le Bâlois est même un cas plutôt rare à son âge. Dans l’histoire du tennis, les joueurs à avoir obtenu des résultats un tant soit peu comparables à 33 ans ou plus se comptent sur les doigts d’une main. Andre Agassi gagna ainsi également quatre tournois, dont l’Australian Open, l’année de ses 33 ans. Et il fut finaliste de l’US Open à 35 ans, contre… Roger Federer. L’Australien Ken Rosewall remporta carrément un titre du Grand Chelem à 37 ans et 2 mois, chez lui, à Melbourne en 1972, mais c’était à une époque où l’on jouait encore avec des raquettes en bois et où le tennis n’avait pas atteint la dimension mondiale qu’il a aujourd’hui. Et Jimmy Connors, lui, atteignit encore les demi-finales à l’US Open à 39 ans en 1991 après un parcours qui défia la capacité de l’entendement. Un beau challenge, non ?