Les confidences du père de Van Uytvanck: "Ma fille peut gagner un Grand Chelem”
René Van Uytvanck, qui est fier du parcours de sa fille de 24 ans, a toujours accompagné Alison pas à pas malgré des coups durs.
- Publié le 26-02-2019 à 06h57
- Mis à jour le 28-02-2019 à 13h59
René Van Uytvanck, qui est fier du parcours de sa fille de 24 ans, a toujours accompagné Alison pas à pas malgré des coups durs. René Van Uytvanck a accueilli comme il se doit sa fille Alison qui atterrissait lundi à 13 h 50 à l’aéroport de Zaventem. Avec son trophée remporté à Budapest, Ali a rejoint le clan familial pour quelques jours. Toujours enrhumée, elle doit prendre le temps de recharger ses batteries avant de s’envoler pour Indian Wells vendredi.
Ni agent, ni entraîneur et encore moins gourou ou coach mental, René Van Uytvanck a toujours jeté un regard avisé sur le parcours de sa fille sans dévier de ses valeurs et de son rôle de papa. "Parfois, à mon boulot, les gens ne savent pas quoi me dire sur ma fille. Je reste René. Je ne suis pas une star. Je ne suis pas quelqu’un de plus important parce que ma fille est capable de bien taper sur une balle."
De très bien taper sur une balle même ! À Budapest, la 51e joueuse mondiale a reconduit un titre malgré la pression des points à défendre, un rhume et cinq adversaires solides. "Je lui ai dit qu’elle avait appris beaucoup en une semaine."
Outre le 5-2 remonté face à Zvonareva et les 5 balles de match sauvées en demi-finale, la joueuse de Grimbergen a étalé un nouvel atout en Hongrie : sa persévérance. "J’ai apprécié sa gestion des émotions. En finale, elle m’a confié qu’elle était très nerveuse lors du premier set. Il y a 4-5 ans, elle n’aurait jamais gagné un match en perdant la première manche 6-1."
Le talent d’Ali ne fait aucun doute. Sa puissance impressionne. Mais, son mental lui a parfois joué des tours. "Elle a les qualités pour battre tout le monde. D’ailleurs, ses adversaires, même du top 10 , n’aiment pas l’affronter, poursuit son papa. Elles savent qu’avec Ali tout est possible."
À 24 ans, elle est encore jeune. Ses 4 titres plaident sa cause. "Avant ses résultats, moi, je regarde d’abord son bonheur. Je connais des filles du top mondial qui ne sont pas heureuses. Il y a 2 ou 3 ans, elle a traversé une période de doute. Elle n’était plus à son aise sur le circuit. Elle a failli arrêter."
Protecteur, son papa a alors pris le temps de l’écouter et de l’aider à relativiser. "Dans la vie normale, chacun traverse à son boulot des hauts et des bas. Je lui ai dit que la vie à l’usine n’était pas chouette tous les jours. Au tennis, tu es seul sur le terrain. Quand tu commets une faute, tout le monde le voit. Tu ne peux pas te cacher derrière un coéquipier."
Pour l’aider, il avait fait appel à un psychologue du sport. Relativiser, tel était le maître mot. "N’oublions pas que l’on ne parle que d’un match de tennis. Elle n’a pas un cancer. Elle fait ce qu’elle peut."
Certains l’avaient déjà vu tout en haut de l’affiche lors de son incroyable Roland-Garros en 2015. À 21 ans, elle avait atteint les quarts de finale. La tempête médiatique avait été d’une violence rare. "Je me suis longtemps questionnée sur ce sujet. N’était-ce pas arrivé trop tôt dans sa carrière ? Était-elle prête mentalement ? Les médias sortaient les slogans du type ‘La nouvelle Clijsters est arrivée’. Nous avons tenté de gérer au mieux les circonstances."
Les blessures l’ont fauchée en pleine ascension. "J’ai toujours eu un peu peur pour elle. Maintenant, je suis plus serein car elle est bien dans sa tête et dans son corps. Elle se bat sur chaque point. On l’a vu à Budapest. Elle ne renonce jamais", poursuit René Van Uytvanck qui la suivra à Miami. "À Miami, je vivrai mon premier déplacement en 2019 pour le tennis. Je la suis de moins en moins. Elle n’a pas besoin de moi pendant les matchs, mais je suis volontiers avec elle dans les autres moments."
Sur un plan sportif, Ali a mis plus de poids dans son jeu. "Elle est plus forte et plus puissante qu’en 2015. Elle est plus agressive. Elle varie mieux."
Quant à savoir jusqu’où il voit sa fille évoluer sur le circuit, René Van Uytvanck réfléchit et expose avec simplicité qu’il la voit soulever un titre du Grand Chelem. "Je n’ai pas une boule de cristal. Je pense qu’elle peut gagner un titre du Grand Chelem. Elle n’en gagnera pas dix, mais si tout se met en place et qu’elle a un petit brin de chance, elle est capable d’aller au bout d’une quinzaine. La possibilité existe."
"Elle investit dans l’immobilier"
La famille n’est pas un vain mot chez les Van Uytvanck. "J’essaye de prendre sur moi la pression ‘à côté du terrain’. Je la protège ainsi. À Miami, je gérerai les sponsors."
Au quotidien, il s’occupe de sa comptabilité, des réservations tantôt d’avions tantôt d’hôtels. "Je remplis aussi ses fiches d’impôts, ce qui n’est pas si simple. Les gens voient volontiers les arrivées d’argent, mais ils ignorent les frais de déplacement, de logement, de nourriture et les 40 % qui partent aux impôts."
En parlant d’argent, René Van Uytvanck lève un coin du voile sur ce sujet tabou. Selon le site de la WTA, elle a amassé plus de 2,2 millions de dollars durant sa carrière. "Parfois, elle se permet une dépense. Nous lui avons appris à ne pas jeter l’argent par les fenêtres. Elle investit, par exemple, dans l’immobilier. C’est son argent. Elle en fait ce qu’elle veut. Moi, je suis juste là pour la conseiller."
"Son coming out, une étape importante"
L’an passé, Alison Van Uytvanck a fait son coming out. Avec sa petite amie, Greet Minnen, les deux femmes ne cachent pas leur idylle. René Van Uytvanck est ravi de voir le bonheur assumé de sa fille. "Greet joue un rôle dans le bonheur de ma fille. Elles s’aiment, tout simplement. Dès que je peux, j’aide aussi ma belle-fille. Un jour, je l’ai accompagnée en interclubs en France pour éviter qu’elle fasse seule en voiture les 650 kilomètres. Ali et Greet parlent le même langage sportif. Elles se comprennent. Parfois, la distance est un facteur pénible à gérer. Greet est trois semaines au Japon. Elles ne se retrouveront qu’à Miami."