Les cinq échecs de Federer face à Nadal à Roland-Garros
Depuis 2005, Roger Federer n’a jamais trouvé la solution pour battre Rafael Nadal malgré cinq tentatives.
- Publié le 06-06-2019 à 07h02
- Mis à jour le 06-06-2019 à 10h59
Depuis 2005, Roger Federer n’a jamais trouvé la solution pour battre Rafael Nadal malgré cinq tentatives. Sur les 16 défaites enregistrées par Roger Federer sur la terre battue parisienne, Rafael Nadal en assume la responsabilité de cinq. À cause de l’Espagnol, Federer n’a disputé que 86 matchs à la Porte d’Auteuil.
Vendredi, le Bâlois tentera un exploit inédit pour lui : battre Nadal à Roland. Il devra s’inspirer de ses deux seules victoires sur terre battue : à Hambourg et à Madrid. Seul hic, elles remontent à 2007 et 2009.
À Roland-Garros, au meilleur des cinq sets, Nadal a toujours vécu un dénouement heureux.
Malgré les stats très défavorables, Federer est plutôt heureux de jouer face à son meilleur ennemi.
"Il existe toujours une chance de gagner un match, sinon il n’y aurait personne pour regarder si le résultat était connu d’avance", confiait jeudi le joueur suisse. "Contre Rafa, ce sera très difficile. Mais on ne sait pas. Il aura peut-être un problème. Il sera peut-être malade. Peut-être que je vais très très bien jouer et lui va lutter ou il peut y avoir du vent, de la pluie, des interruptions pour la pluie successives. Si vous voulez réussir quelque chose sur terre battue, un jour ou l’autre vous devez vous heurter à Rafa. On le sait. Je savais en signant pour être ici que cela risquait de se passer. Si j’avais pensé que je voulais éviter ce match, je n’aurais pas joué ici en tout cas."
La pièce de théâtre, teintée de tragédie suisse et de comédie catalane, a déjà connu cinq actes à la Porte d’Auteuil.
Demi-finale 2005 : un gamin face au n° 1
Il y a 14 ans, les supporters ne vivaient que leur 3e Clasico. Federer, de 5 ans son aîné, avait pris de l’avance sur Nadal qui, à 19 ans, n’avait pas encore remporté un Major. Il participait à son premier Roland. Le gamin au t-shirt sans manches et aux milles manies n’avait lâché qu’un seul set avant d’affronter Fedex en demie le jour de ses 19 ans.
Nadal le gaucher usait de son coup droit lifté pour dérégler l’horloge suisse qui perdait sa mise en jeu à neuf reprises. Malgré des frappes d’une pureté applaudie par tout le stade, Federer perdait de sa superbe au fil des jeux au point de multiplier les fautes en coup droit. Mentalement, il était au tapis. La lutte s’achevait après 2 h 47 et une dernière faute en coup droit du Bâlois qui était déjà n° 1 mondial (6-3, 4-6, 6-4, 6-4).
Finale 2006 : l’espoir a duré un set
Un an plus tard, les deux artistes aux styles opposés se retrouvent pour une nouvelle explication. Federer avait déjà compris qu’il affrontait l’équation la plus difficile de sa carrière. Sur ses 44 matchs avant RG, il n’en avait perdu que 3, mais face au même homme. À Dubaï, Monte-Carlo et Rome, Rafa avait toujours levé les bras au ciel après la balle de match. Lors de la finale italienne, Rodgeur avait obtenu deux balles de match qui avaient ravivé l’espoir.
Pour la première fois, les deux meilleures têtes de série s’affrontaient en finale d’un Grand Chelem. Federer, plus déterminé que jamais, collait un solide 6-1 au premier set en ne reculant pas de sa ligne de fond. Le gaucher aux bras herculéens concédait 12 fautes directes sur la seule première manche. Il était surtout dépassé tactiquement.
La réponse de Nadal était cinglante. Sur les 3 manches suivantes, il ne lâchait que 17 fautes directes. Non seulement il forçait le Suisse à reculer, mais il s’envolait au score 6-1, 6-4. Dans la 4e manche, il menait 5-3, puis servait à 5-4 pour le titre. Un dernier baroud d’honneur de Fed prolongeait le match jusqu’au tie-break alors que l’horloge dépassait les 3 heures de match.
Le Suisse était résigné et dépité en voyant les stats : 51 fautes directes. "C’est dommage mais la vie continue", concluait-il. Nadal remportait son 2e titre au filet.
Finale 2007 : Federer n’a pas été à la hauteur
Le public était ravi d’assister à un troisième Fedal en 3 ans à la Porte d’Auteuil. Le terrien de Manacor est un extraterrestre. Monte-Carlo, Barcelone et Rome sont tombés sous pavillon espagnol. Néanmoins, le succès suisse à Hambourg offrait une autre tournure intéressante. Lors du Masters 1000, Federer avait infligé un 2-6, 6-2, 6-0 au gaucher.
Paris n’a pas vécu un match palpitant tant Rafa a été dominateur malgré la perte d’un set 6-3, 4-6, 6-3, 6-4.
Finale 2008 : une exécution humiliante
Après trois échecs à Roland-Garros contre Nadal, Federer comprend que le Grand Chelem sera compliqué. Ses 12 titres en Major se répartissent entre Londres, New York et Melbourne.
En 2008, Federer touchait le fond. Il vivait la pire expérience de sa carrière. L’exécution ne dépassait pas les 108 minutes. Le marquoir était sans pitié 6-1, 6-3, 6-0. Le n° 1 mondial avait perdu 8 fois son service. Il n’avait remporté que 36 % des points. Nadal égalait Borg et achevait sa plus belle quinzaine parisienne avec une moyenne de moins de 6 jeux perdus par match ! Il était mûr pour devenir numéro un mondial après son titre à… Wimbledon.
Finale 2011 : un combat de légendes
En 2009, Robin Soderling avait bouté hors du tournoi Rafael Nadal. Federer en avait profité pour gagner enfin le dernier Major qui lui manquait. En 2010, ce même Soderling sortait Federer en quart de finale. Il fallait donc attendre 2011 pour retrouver l’acte IV du Clasico. L’an 2011 était marqué du sceau Djokovic qui était invaincu avant de se rendre à la Porte d’Auteuil avec 41 matchs. Federer l’a sorti en demi-finale 7-6, 6-3, 3-6, 7-6.
Comme en 2007, Federer réussissait un départ canon en finale et se détachait à 5-2, mais Nadal alignait alors cinq jeux pour l’emporter 7-5. Le Suisse regrette encore aujourd’hui cette amortie qui a frôlé la ligne sur sa seule balle de set dans la première manche. Malgré un soubresaut dans la 3e manche, Federer n’avait plus l’énergie pour inverser la tendance. Les spectateurs étaient conquis par ce combat de 3 h 40 soldé sur le score de 7-5, 7-6, 5-7, 6-1.