Le père d’Alison Van Uytvanck se confie sur sa fille: "à un moment, tu pèses son bonheur et ses résultats"
René Van Uytvanck est fier de voir que sa fille se bat, qu’elle réussit tout en conservant la base : les valeurs.
- Publié le 10-10-2019 à 07h23
- Mis à jour le 10-10-2019 à 14h01
René Van Uytvanck est fier de voir que sa fille se bat, qu’elle réussit tout en conservant la base : les valeurs. Les vacances sont proches, mais Alison Van Uytvanck cravache pour les reporter le plus tard possible. La n°2 belge joue jeudi son huitième de finale à Linz face à Kiki Bertens. La semaine prochaine, elle s’arrêtera encore au tournoi du Luxembourg avant de récupérer d’une saison qui restera belle.
Sur les 60 titres mis en jeu par la WTA en 2019, Alison Van Uytvanck en a remporté deux : Budapest et Tashkent. À 25 ans, elle fonce vers ses plus belles années sur le circuit pro. Propriétaire de 5 titres et d’une 44e place mondiale, Al i est épanouie comme jamais. En coulisses, elle file le parfait amour avec Greet Minnen. Sur le terrain, elle a gagné en constance grâce à un jeu plus agressif. Même s’il est moins présent en tribune, son papa, René Van Uytvanck, ne manque pas une miette d’un parcours qui force le respect.
Quand certains jeunes sont éduqués à coups de dollars et d’encadrement au prix exorbitant, Alison Van Uytvanck a été nourrie aux valeurs simples. "Nous avons eu de la chance", commence modestement René Van Uytvanck. "De nombreux enfants tentent leur chance, mais les élus sont rares."
La chance n’est évidemment pas invitée dans l’équation de la vie d’Alison. La petite amie de Greet Minnen a suivi sa voie sans se soucier du jugement des autres. En junior, elle écumait les tournois européens au niveau plus relevé au lieu de filer de l’autre côté de la planète pour chiper des points dits faciles. "Quand elle a ramené des victoires d’Europe, j’ai compris qu’elle pouvait faire une carrière", résume son papa.
À un moment, ses parents ont pris un risque financier. Opticien, son papa avait eu le temps de mettre de l’argent de côté. Cette somme a couvert les frais lors des premières années sur le circuit. "À un moment, tu pèses dans la balance son bonheur de jouer et ses résultats, poursuit René. Tu réalises que l’investissement est mérité. Il y a toujours un risque."
Dans son cas, le risque était d’autant plus élevé qu’elle n’a profité d’aucun soutien public. "Notre famille est toujours restée humble et simple. Je me souviens de son quart de finale à Roland-Garros. Certains de nos voisins se demandaient s’ils pouvaient encore nous parler ! (rires). Je leur ai demandé de rester eux-mêmes, tout comme nous."
Aujourd’hui , la famille Van Uytvanck est à l’abri sur un plan comptable. La réussite d’ A li était d’autant plus essentielle que les économies de la famille étaient passées dans sa carrière. "Elle a dû faire ses preuves. Je ne dirais pas que nous étions pauvres. Nous ne sommes pas non plus riches. Elle a investi notamment dans l’immobilier. Je ne suis pas un doux rêveur. Je regarde les situations avec un regard réaliste. Je lui ai toujours parlé avec mon cœur. Ali est très lucide avec elle-même."
Cultiver ces valeurs simples dans un mode pro où un athlète passe de héros à zéro en quelques jours demeure un art compliqué. "En tennis, tu perds chaque semaine. Quand Ali gagne, beaucoup de monde vient, mais on se retrouve seuls quand elle aligne des défaites."
Il n’est ni un gourou ni un entraîneur, mais il aime tant sa fille qu’il la suit avec un regard protecteur. "Je ne monterai jamais sur le terrain. Il y a quelques années, elle perdait huit tournois au premier tour. Cette année, elle n’a connu que trois défaites d’entrée. Elle prend du plaisir et se bat sur chaque balle."
Linz ne déroge pas à la règle.
"Alison est contente pour Kim"
René Van Uytvanck persiste et signe. "Alison peut gagner un Grand Chelem. Dix joueuses peuvent gagner. Alison en fait partie, confie-t-il. Elle arrive à mi-parcours. Elle a juste besoin que le puzzle se mette parfaitement bien. Elle est aidée par les autres Belges qui sont toujours là pour s’entraîner avec elle. Je pense que le top 20 est jouable. Sa carrière se passe comme je le pensais. Parmi les bons souvenirs, je pointe Roland-Garros et la tornade qui a suivi son quart de finale. Dans les mauvais, je citerai chaque blessure, dont ses deux opérations au poignet, qui amène son lot de doute. Après sa carrière, je la vois coacher", poursuit-il avant de conclure sur Kim Clijsters. "Kim appartenait à une génération avant Alison. Elles n’ont pas eu beaucoup d’échanges. Elle est contente pour Kim. Tout dépendra de son corps. Elle a quand même 36 ans."
Papa, juste papa
René Van Uytvanck, c’est d’abord le papa et donc le premier supporter de sa fille. Homme de l’ombre, il assume le rôle d’ange gardien. Écarté de la gestion sportive, il gère toute la paperasse administrative. "Je l’accompagne encore sur Roland-Garros, Wimbledon, l’US Open et quelques tournois, mais je voyage moins qu’avant", poursuit celui qui travaille à mi-temps dans l’immobilier. "Je gère son administration, ses impôts, ses réservations d’hôtel et d’avion."