Le match contre Goffin qui a changé la carrière de Thiem

Après avoir remporté le premier set, Goffin s’était incliné dans le tie-break du 2e avant de s’écrouler physiquement et perdre en 4 manches 4-6, 7-6 (7), 6-4, 6-1. Le Liégeois savait qu’il avait laissé une belle chance de disputer une demi-finale en Grand Chelem. D’ailleurs, près de 4 ans plus tard, il n’a toujours pas atteint cet objectif ambitieux.

L’Autrichien, quant à lui, a surfé sur la vague de ce succès face à son ami belge. Depuis 2016, il n’a cessé de gravir les échelons. Il a d’abord utilisé la terre battue pour briller. Loin derrière Nadal, il est devenu le n° 1 sur l’ocre. Cependant, s’il voulait se maintenir dans le top 10, il devait apprivoiser les autres surfaces. Il a relevé son pari.

Depuis ce fameux mois de juin 2016, il n’a jamais quitté le top ten mondial. En 2019, il a grimpé de la 8e à la 4e place malgré la poussée de la Next Gen et la résistance de la vieille garde.

Cette année, il a surtout franchi des grands caps malgré une entame de saison catastrophique marquée par 3 victoires contre 4 défaites en 2 mois. Il était même venu avec le moral dans les chaussettes et surtout 10 jours d’avance à Indian Wells.

Trois semaines plus tard, il soulevait son plus beau trophée : celui du Masters 1000 américain en battant en finale Roger Federer (3-6, 6-3, 7-5)

"Le début de saison était vraiment mauvais pour moi, bien sûr, avait-il confié. Je suis fier de moi, parce que je me suis donné une chance de faire une bonne performance ici. J’ai fait presque une deuxième présaison à Indian Wells, je suis venu très tôt, 12 jours avant le tournoi pour faire des entraînements très intensifs."

Le terrien, héritier de Thomas Muster, prenait tout le monde de court en déflorant son palmarès en Masters 1000 sur une surface qui ne lui avait pas souvent porté bonheur. "L’ocre sera toujours ma surface de prédilection, parce que j’ai grandi en jouant dessus. Et ce trophée sur ciment à Indian Wells n’y changera rien."

Les troncs d’arbre de 25 kilos à l’entraînement

Quelques mois plus tard, il était adoubé par Rafael Nadal à Roland-Garros. L’Espagnol n’a pas encore cédé sa couronne, mais il a déjà nommé son successeur à la Porte d’Auteuil. "Je suis certain que Dominic remportera ce Grand-Chelem", disait Nadal cette année à Paris au sujet de celui qui a atteint deux demi-finales et deux finales depuis 2016.

Dans l’ombre de Nadal, Djokovic et Federer, Thiem trace sa route avec une régularité qui est la marque des grands.

Lors des 4 dernières saisons, il n’a cessé de combler le fossé qui le séparait du Big Three.

Il n’a pas le talent de Federer ni la brutalité de Nadal, mais Thiem est un acharné du travail. Depuis son plus jeune âge, l’héritier de Thomas Muster sculpte son corps à coups d’entraînements avec des troncs d’arbres de 25 kilos. "Gunter m’a pris sous son aile quand j’étais très jeune. Son plan c’était que je m’habitue à travailler dur. Aujourd’hui, c’est devenu normal de le faire."

Ce jour de juin 2016, Thiem est entré dans une autre dimension. Il a pris beaucoup d’avance sur Goffin, mais le Liégeois a réussi une performance que l’Autrichien n’a pas encore accomplie. Goffin a joué la finale du Masters en 2017 grâce, notamment, à des succès face à Nadal et Federer. Cette année, Dominic Thiem est déjà qualifié pour les demi-finales en ayant battu Federer et Djokovic.