Laver Cup: le prestige et ses contradictions
Ce week-end, la Ryder Cup du tennis prend ses quartiers à Genève. Et soulève quelques interrogations…
- Publié le 20-09-2019 à 21h28
- Mis à jour le 21-09-2019 à 08h20
Ce week-end, la Ryder Cup du tennis prend ses quartiers à Genève. Et soulève quelques interrogations… Jamais deux sans trois. La troisième édition de la Laver Cup, compétition hybride élaborée par Roger Federer et son agent Tony Godsick en hommage à Rod Laver, l’un des plus grands joueurs de tous les temps, se déroule au Palexpo de Genève ce week-end. Après des passages à Prague et Chicago, c’est à domicile que la star helvète a invité un plateau de prestige pour une exhibition qui ne dit pas son nom.
Car si Federer est parvenu à convaincre les instances de l’ATP d’inscrire cet évènement au calendrier, aucun point n’est distribué durant ces trois jours où les légendes d’hier et d’aujourd’hui se croisent. Avec John McEnroe (Team Monde) et Bjorn Borg (Team Europe) en coachs de luxe, le duel propose néanmoins de fameuses disparités entre la formation du Vieux Continent (Nadal, Federer, Thiem, Zverev, Tsitsipas, Fognini) et ses adversaires dont aucun ne fait partie du top 10 : Isner, Raonic, Kyrgios, Fritz, Shapovalov et Sock.
Comme rien n’est impossible pour le maître Federer, il est parvenu à faire monter une arène de 17 000 places en à peine trois semaines. Quant au format, s’il diffère de la Coupe Davis (18 au 24 novembre) ou de l’ATP Cup (en janvier 2020), la Laver Cup marche cependant fortement sur leurs plates- bandes. Au niveau du prize-money officiel, il est calculé sur le classement ATP auquel il faut ajouter 250 000 dollars par joueur en cas de victoire finale. Sans compter les généreuses primes, confidentielles bien entendu, négociées en amont pour rameuter un tel échantillon de talents. On notera cependant que certains ont poliment décliné l’invitation, tels Kei Nishikori, Felix Auger-Aliassime et surtout Stan Wawrinka. Un refus qui a logiquement ému en Suisse et relancé la polémique sur l’entente entre Roger et Stan. Ce dernier aurait dû se présenter à Saint-Pétersbourg cette semaine mais une blessure à la jambe a compromis ses plans.
D’ailleurs, ce show à la sauce FedEx doit copieusement handicaper les tournois mineurs organisés simultanément. La Laver Cup les prive de lumière et de quelques têtes d’affiche prestigieuses. Sans oublier que parmi la ribambelle de noms ronflants à Genève, celui de Nick Kyrgios interpelle. Alors qu’il risque une suspension après ses derniers coups d’éclat ("l’ATP est corrompue", a-t-il déclaré) agrémentée d’une belle ardoise de plus de 113 000$, la décision de l’ATP à son encontre a été repoussée à l’issue de la Laver Cup. Symptomatique de ce qu’analysait Albert Costa, ancien vainqueur de Roland-Garros (2002) : "Le pouvoir de Federer au sein du tennis est phénoménal."