La désillusion du Djoker
Le n°1 mondial est tombé de très haut, battu par Thiem et par ses vieux démons.
- Publié le 09-06-2019 à 08h45
- Mis à jour le 09-06-2019 à 11h30
Le n°1 mondial est tombé de très haut, battu par Thiem et par ses vieux démons. Il avait tant à gagner à Paris, il le voulait tant aussi mais Novak Djokovic a tout perdu. Sur deux jours et sous une tension continue, il a vu son deuxième "Novak Slam" partir en fumée : il ne remportera pas les quatre Majeurs de suite pour la deuxième fois, il ne remportera pas un 16 e titre du Grand Chelem, il ne deviendra pas le premier joueur de l’ère Open à remporter au moins deux fois chaque Majeur. Lui qui avait révélé après son quart que désormais seule l’envie de marquer l’histoire était sa priorité…
Le deuxième grand favori du tournoi a été battu par un Dominic Thiem qui mentalement n’a rien lâché et dont la puissance dans des conditions venteuses et lourdes a parfaitement pu s’exprimer à la différence du jeu tout en timing du Serbe. Il a aussi été battu par des conditions météo qu’il a toujours détestées : Djoko ne sait pas jouer son meilleur tennis dans le vent. Mais il a surtout été plombé par lui-même, ce qui va rendre sa défaite dure à digérer.
Parce qu’il doit prendre le troisième set sur ses deux balles de break à 4-4, parce qu’il ne doit pas passer le quatrième à breaker pour se faire débreaker, parce qu’il ne peut pas commencer à jouer le cinquième une fois mené 4-1 balles de 5-1. Il a eu comme toujours une volonté extraordinaire pour à chaque fois revenir dans ce match, comme encore 5-3 40-15 dans le cinquième. Dos au mur, il a toujours eu cet instinct de survie pour le sauver, jusqu’à lui donner deux balles de 6-6. Mais à force d’être sur un fil sans jamais vraiment réussir à mettre ses émotions sous contrôle quand il s’est agi de prendre la main, il s’est sabordé une fois de trop.
Entre le Djoker et Roland-Garros, on touche à l’irrationnel. Il l’avait confié après sa victoire en 2016, il a beaucoup de démons à gérer quand il remet le pied à Paris : les matches épiques perdus dont tous ceux face à Rafael Nadal ou cette finale contre Stan Wawrinka, les énormes occasions manquées, les incidents. Et cette envie brûlante qu’il a de gagner ici. Même lui ne peut pas se battre contre tout ça et Thiem en même temps. Ce n’est pas son jeu qui l’a perdu samedi, pas quand il a été capable d’enchaîner les jeux à chaque fois que c’était ça ou la porte. Non, c’est son désir de triompher dimanche face à Nadal qui lui a affolé les nerfs samedi face à Thiem.
Il n’y a pas beaucoup de brèches dans l’armure du Djoker mais il reste celle-là : parfois, il en veut tellement qu’il se retourne le cerveau tout seul. Et dire que malgré cette crise de nerfs permanente, il a bien failli encore s’en sortir ! Imaginer ce qu’il se serait passé s’il avait joué libéré va le rendre dingue dans les prochains jours. Mais il s’est souvent brisé le coeur à Paris et a toujours réussi à rebondir pour Wimbledon : voilà ce qui lui est demandé dans trois semaines pour défendre son titre.