Isner défend son titre: "Le moteur de mon succès ? L’université !"
John Isner, 33 ans, se lance dans la défense de son plus prestigieux titre à Miami.
- Publié le 21-03-2019 à 06h55
- Mis à jour le 21-03-2019 à 07h36
John Isner, 33 ans, se lance dans la défense de son plus prestigieux titre à Miami. En 2018, le Masters 1000 de Miami avait pris une tournure étrange dès les premiers tours. Une pluie de forfaits avait affaibli le tableau : Nadal (jambe), Murray (convalescence) et Wawrinka (genou), notamment. Novak Djokovic était encore en proie au doute. D’ailleurs, le Serbe était sorti dès le deuxième tour par Benoît Paire.
Finaliste à Indian Wells, Roger Federer semblait avoir la voie toute tracée. C’était sans compter sur un teigneux Thanasi Kokkinakis qui sortait le Suisse dès le premier tour. Fedex cédait sa première place au blessé Nadal.
Les favoris s’appelaient, alors, Juan Martin Del Potro, vainqueur à Indian Wells, ou Kevin Anderson, sans oublier Alexander Zverev.
Ils ont tous répondu aux attentes, mais un géant venu de Greensboro a brouillé les cartes. En l’espace de sept matchs, John Isner, jeune marié, a effacé les frustrations d’un début de saison catastrophique. Il a claqué les aces pour sortir Vesely, Youzhny, Cilic, Chung, Del Potro et Zverev. Que du lourd !
Alors âgé de 32 ans, l’Américain, 14e tête de série, entrait dans l’histoire en remportant son premier Masters 1000.
"Gagner devant ce public, dans une telle ambiance, c’est unique", disait-il il y a cinquante semaines. "Et puis, c’était la dernière ici, à Key Biscayne, c’est fou. Ce tournoi a une telle histoire, des grands joueurs l’ont remporté. Jamais je n’aurais pensé vivre un tel moment, surtout quand je pense à comment je jouais en arrivant ici."
Il n’avait remporté qu’un seul match en 2018 !
"Maintenant, il ne tient qu’à moi de continuer à progresser. Je sens que j’ai franchi un sacré obstacle, surtout au niveau mental."
Il a dû attendre jusqu’à Wimbledon pour signer une performance de taille en atteignant la demi-finale d’un Major, perdue contre Kevin Anderson 26-24 au 5e set.
Isner, qui avait également frappé les esprits en cosignant le match le plus long de l’histoire de l’ATP (11 h 05 contre Nicolas Mahut à Wimbledon 2010), présente un profil atypique. Sous sa casquette vissée à sa tête se cache un gars attachant qui a essayé de réconcilier le public avec ces grands serveurs sans émotion.
Sur ses photos de classe, John Isner n’a pas toujours eu une ou deux têtes de plus que ses amis. L’année de ses 18 ans, son corps lui a joué le tour de grandir de 15 centimètres. À ce moment, il avait déjà tourné le dos au basket. Il est également sorti des rangs en brillant par son intelligence. Contrairement à d’autres, il a été fort discret sur le circuit junior car il passait beaucoup de temps sur les bancs de l’université de Géorgie. Il a partagé son temps entre ses deux zones de jeu. Après avoir obtenu son diplôme à l’unif, il a bondi sur le circuit ATP. "L’université a été le moteur de mon succès", a-t-il toujours affirmé en parlant de ses études.
Très vite, il est devenu le joueur que les cadors préféraient éviter au premier tour. En 2011, il menait 2 sets à 1 au premier tour à Roland-Garros contre… Rafael Nadal, le futur vainqueur.
En 2012, il prenait une autre dimension en s’offrant des victoires contre Federer (Coupe Davis) et Djokovic (Indian Wells). Il commençait à étoffer son jeu au point d’assurer derrière ses services.
Il a alors intégré le top 10 mondial. "Quand j’ai quitté l’université, je ne pensais jamais que je serais un jour parmi les dix meilleurs mondiaux."
À l’aube de ses 34 ans, il se lance dans la difficile défense des 1000 points pris à Miami l’an passé.
"La vie a changé pour pour toujours"
Marié il y a 14 mois, il est devenu papa en septembre 2018.
Le 15 septembre dernier, la vie de John Isner a basculé dans une autre dimension. L’US Open n’y était pour rien. Il avait été sorti en quart de finale par Juan Martin Del Potro. Quelques jours plus tard, il avait rejoint l’hôpital pour assister à la naissance de la petite Hunter Grace.
Passant soudainement de joueur à papa, il a vécu l’émotion la plus intense de sa vie. "Je ne pensais pas qu’il était possible d’aimer autant quelqu’un. La vie a changé pour toujours lorsque cette petite fille est entrée dans ce monde."
Dix mois plus tôt, le géant américain avait profité de la trêve hivernale pour épouser la femme de sa vie et maman de sa fille, Madison McKinley le 2 décembre 2017 en Caroline du Sud.
Comme d’autres joueurs dont Roger Federer, Novak Djokovic ou Andy Murray, cette paternité lui a permis de relativiser le tennis.
Toutefois, à presque 34 ans, il n’a pas encore remisé sa raquette au placard. Depuis la naissance de sa fille, ses principaux faits de gloire sur un terrain sont trois demi-finales lors des ATP 250 de Stockholm, de New York et de Delray Beach.
Le chemin sera semé d'embûches
Le tenant du titre, 7e tête de série, est bye au premier tour. Son parcours théorique le mènera sur la route de Martin Klizan, Lucas Pouille, Milos Raonic, Novak Djokovic, Dominic Thiem et Alexander Zverev. Son parcours de l’an passé était encore plus corsé. Il était alors arrivé sans repère. Tout est donc possible pour le géant de 208 centimètres.