Henin après la défaite de la Belgique en Fed Cup: "L’équipe belge n’a pas pu tenir son rang"
L’ancienne reine du circuit est repartie frustrée de Liège car elle n’a pas assisté au combat attendu.
- Publié le 11-02-2019 à 06h49
- Mis à jour le 11-02-2019 à 08h14
L’ancienne reine du circuit est repartie frustrée de Liège car elle n’a pas assisté au combat attendu. Justine Henin, consultante pour France Télévisions, a passé tout son week-end à Liège derrière son micro. L’ancienne numéro un mondiale durant 117 semaines a gardé un œil avisé sur le circuit féminin même si elle reconnaît avoir pris distance avec cet univers.
Justine Henin, quel regard portez-vous sur ce 0-3 ?
"La défaite est sévère au vu des matchs du samedi. Nous avons assisté à deux matchs équilibrés. Les rencontres ont été serrées. Alison Van Uytvanck et Caroline Garcia ont offert un match qui n’était pas d’une top qualité. La nervosité était trop importante. Ce qui a fait mal, c’est surtout la défaite d’Elise Mertens samedi. Elle a créé beaucoup d’opportunités. Ce point perdu change tout. Je souligne au passage l’incroyable jeu de Cornet. J’avais l’impression que la Française allait craquer physiquement au moins 10 fois. À la fin, c’est elle qui a dicté le jeu. Ce 2e match a conditionné le week-end."
Dimanche, le combat n’a jamais eu lieu. Quelles en sont les raisons ?
"Garcia était débarrassée de son stress alors que Mertens était encore tendue. Garcia était libérée. Elle a d’ailleurs sorti un très bon match contre Elise qui n’a pas réussi à la mettre sous pression. Je suis déçue car l’équipe belge n’a pas pu tenir son rang."
Pourquoi Elise Mertens n’a-t-elle jamais évolué à son véritable niveau ?
"C’est difficile à dire. J’ai pris mes distances avec le circuit. Je ne suis qu’une externe. J’ai vu une fille qui n’était pas en confiance. Elle est la seule à connaître la réponse. Elle a changé de raquette et d’entraîneur. Son début de saison est mitigé. Son mental a touché son physique même si elle s’est bien déplacée durant le premier set face à Cornet. Il ne sert à rien de tirer des conclusions hâtives. Elle jouait aussi pour la première fois en Belgique."
À quoi attribuez-vous les doutes d’Elise Mertens depuis le début de la saison ?
"Elle doit digérer son nouveau statut. Elle a des points à défendre. À Melbourne, elle devait défendre une demi-finale de Grand Chelem. La situation est nouvelle pour elle. Elle doit franchir un cap. Elise propose un jeu agressif, mais il faut qu’elle y mette l’intensité mentale. Elle manque de régularité."
Qu’a-t-il manqué à Elise Mertens pour remporter le match des n° 1 ?
"Garcia et Mertens ont toutes deux joué des matchs durs samedi à la différence que l’une l’a gagné et pas l’autre. Pour Elise, il était difficile de revenir dès le lendemain. J’aurais aimé une réaction plus rebelle. On a tous vite senti une différence entre les deux joueuses. Elise était fébrile dans les déplacements. Elle n’était pas bien. Elle aurait eu besoin d’un petit miracle pour s’en sortir. Elle a eu des bons moments avec 2 ou 3 excellents points, mais elle pliait sur les 4 points suivants."
Cette semaine de Fed Cup peut-elle avoir un impact négatif sur la suite de sa saison ?
"Tout dépend de sa personnalité. Il n’existe aucune théorie générale. L’an passé, Mladenovic a vécu un grand week-end de Fed Cup, mais il n’a pas servi de déclic. Il faut continuer à travailler. Les résultats sont importants, mais ils ne peuvent pas guider les changements. Il faut garder sa ligne de conduite. Son début de saison n’est pas bon, mais son potentiel de progression est grand."
Quel était le secteur de son jeu le plus décevant ?
"Globalement, j’épinglerais son manque de constance dans l’intensité. Elle a alterné le bon et le moins bon. Elle avait un souci d’ajustement. Elle ne s’est jamais relâchée. Je n’isole pas un défaut précis. On peut parler de son revers qui nécessite encore du travail. Je ne suis pas là pour juger. Je fais un constat. Je regrette son incapacité à trouver la rigueur dans ses intentions."
Était-ce un atout de jouer à domicile ?
"C’est comme ça. Il faut être capable de le faire. Elles n’avaient plus joué en Belgique depuis longtemps. Pour Elise, elle découvrait ce contexte."
Votre déception est-elle plus grande qu’après la défaite à Mouilleron-le-Captif il y a un an (défaite 3-2) ?
"L’an passé, j’étais plus déçue. Le combat sportif était réel. Ici, le scénario de samedi a privé les spectateurs du grand combat annoncé."
Après Dominique Monami et Ivo Van Aken, l’équipe découvrait un 3e capitaine en 3 rencontres successives…
"Le job de capitaine est difficile. Tu vois les filles quelques fois sur l’année. Le travail de fond est réalisé en amont. Il doit composer avec l’état d’esprit du moment. Je ne peux pas juger."
Pourriez-vous être la prochaine capitaine de Fed Cup ?
"Je ne suis pas sûre que ce rôle soit fait pour moi. J’aime le travail de fond. J’ai encore beaucoup à apprendre du coaching. À l’Académie, je m’occupe de Yastremska quand elle est en Belgique. Je ne suis pas demandeuse de voyager. Mes enfants sont en bas âge."
Quand vous avez vu le naufrage belge, avez-vous eu l’envie de reprendre la raquette pour monter sur le terrain ?
"(Rires). Oh non ! Je n’ai plus le niveau physique. Le rôle de commentateur est plus facile. J’ai l’expérience du terrain. Je sais que toutes les joueuses ont connu dans leur carrière un jour sans."