Flipkens: "Ma prestation relève du miracle"
Épuisée par sa demi-finale de samedi, Kirsten Flipkens a été réveillée à trois reprises par des crampes avant sa finale
- Publié le 18-06-2018 à 10h20
- Mis à jour le 18-06-2018 à 10h21
Épuisée par sa demi-finale de samedi, Kirsten Flipkens a été réveillée à trois reprises par des crampes avant sa finale Elle n’a pu retenir ses larmes lors des discours sur le terrain. En une fraction de seconde, Kirsten Flipkens s’est repassé le film de sa semaine à Rosmalen, marquée notamment par sa folle fin de match en demi-finale contre Kuzmova où elle est revenue de 1-4 à 6-4 dans le set décisif. Perclue de crampes, elle avait dû renoncer à 3-3 en finale du double samedi en fin d’après-midi.
Dimanche, elle refusait d’être déçue. "Si on m’avait dit, il y a une semaine, que je jouerais la finale, j’aurais signé des deux mains. Je n’ai pas livré un mauvais match. J’ai affronté un mur qui ramenait tout. Je me dois d’être déçue, mais je n’ai pas commis d’erreurs", analysait la Campinoise qui a perdu en finale contre la Serbe Aleksandra Krunic 6-7 (0), 7-5, 6-1.
Le coup n’est pas passé loin. À 7-6, 5-4, elle a servi pour le match. "É ce moment, je savais qu’un troisième set aurait été difficile physiquement. Je devais gagner ce jeu. Samedi, j’avais dû puiser loin dans mes réserves."
Pour mieux comprendre la fatigue de la Campinoise, il faut remonter à sa nuit de samedi à dimanche. "Je me suis réveillée à trois reprises à cause de crampes. Je n’ai dormi que 5 heures. Au réveil, je pleurais. J’ai demandé à ma maman comment je pouvais jouer une finale à midi. J’estime que ma prestation relevait du miracle."
Elle a fait plus que défendre ses chances. Grâce à son service-volée, elle a bousculé une jeune Serbe en pleine ascension.
Malheureusement, elle reste bloquée à un titre WTA, au Québec en 2012. "Vous avez plus de pression quand vous courez derrière un premier titre. Je me souviens de ma finale ici en 2013. J’étais plus jeune et stressée. Aujourd’hui, je ne ressentais pas trop de pression. Je me sens libérée de toute pression. Je donne toujours le maximum. Je joue car j’aime toujours le tennis à 32 ans. Je m’entraîne pour vivre des victoires comme en demi-finale et des défaites comme en finale. J’ai ressenti plein d’émotions. J’aime ces montées d’adrénaline. Le jour où j’arrêterai, je ne ressentirai plus jamais ces émotions extrêmes."
Après ce vibrant éloge de son sport, elle était prête à recevoir les fruits de sa semaine : un retour dans le Top 50. "Pour moi, cette 48 e place vaut plus qu’un chiffre sur une feuille. Elle représente mes bons résultats des derniers mois. Par le passé, j’ai atteint la 13e place mondiale. Je sais que je n’améliorerai jamais ce ranking. À 32 ans, je veux encore vivre de beaux moments que je mérite."
La Belgique doit savourer ces grandes joueuses. Kirsten Flipkens, Alison Van Uytvanck et Elise Mertens sont de formidables athlètes. "Les autres pays jalousent la Belgique car nous avons trois joueuses dans le Top 50 et un joueur dans le Top 10. Je discutais avec Kiki Bertens cette semaine. Elle est sous pression maximale car tous les espoirs reposent sur elle. Elle est la seule dans le Top 100. En Belgique, nous répartissons cette pression."
Flipper aspire à prendre du repos, mais elle doit encore accomplir une obligation absurde. "Je dois me rendre à Majorque pour signer sur un bout de papier sous peine de prendre une amende de 2.500 dollars. Je dois juste y aller pour leur dire que je suis blessée. C’est absurde, mais c’est comme ça."
Après, elle soufflera durant une semaine avant de jouer un 100.000 dollars pour se préparer pour Wimbledon.
Flipkens a servi pour le match
Après avoir frôlé la perte du premier set, Flipkens est revenue de 3-5 à 5-5 avant de forcer un tie-break. Elle a alors survolé les échanges 7-6 (7-0) grâce à un jeu tantôt patient avec ses slices et offensifs avec ses montées au filet. Elle a poursuivi sur le même rythme jusqu’à 4-2. Krunic a alors arrêté d’offrir des points faciles. À 5-4, Flipper a servi pour le match, mais elle a livré son pire jeu de service (jeu blanc). À partir de ce moment, elle a lâché prise pendant que la Serbe trouvait une belle régularité sur sa ligne de fond. Malgré une balle de break à 5-5, Flipkens avait laissé passer sa chance. Le troisième set était à sens unique 6-7 (0), 7-5, 6-1 en 2h09.
Une joueuse intelligente
Elle avait été sévèrement attaquée dans l’affaire Monami qui avait frappé de plein fouet l’équipe belge de Fed Cup en mars. Kirsten Flipkens avait eu l’intelligence de ne pas se répandre dans les médias. À 32 ans, la Campinoise était repartie sur les terrains d’entraînement pour préparer la saison sur terre battue.
Quel aura été l’impact des attaques de Dominique Monami sur sa détermination ? On ne le saura jamais. En professionnelle qu’elle est, elle a répondu avec sa seule arme : sa raquette.
Depuis cette affaire, elle a retrouvé le chemin des succès. Elle a d’abord brillé à Lugano avec Mertens et Van Uytvanck. Elle a enchaîné avec la Fed Cup à Gênes et Nuremberg, toujours avec ses copines Elise et Ali. Lugano, Gênes, Nurember, trois villes, trois excellents souvenirs.
À Roland , elle avait fait le job. Flipper était attendue sur un gazon qui magnifie ses qualités.
Elle n’a pas déçu même si elle est repartie de Rosmalen déçue. Kirsten avait le trophée au bout de sa raquette, mais elle doit se contenter du statut de finaliste. Elle n’en reste pas moins dans une spirale très positive qui conforte cette impression que le tennis féminin belge a la cote.