Entre tennis, golf et padel, Christophe Rochus est un éternel enfant de la balle
L'ancien champion de tennis, enfant de la balle, cultive la passion de tous les sports. Depuis sa retraite des courts en 2010, il est ainsi devenu pro en golf et s'est hissé parmi les meilleurs joueurs belges de padel. Il a même investi dans le développement et la promotion de cette discipline peu connue et qui espère conquérir les cœurs des nouveaux adeptes.
- Publié le 15-02-2017 à 11h49
- Mis à jour le 15-02-2017 à 11h56
L'ancien champion de tennis, enfant de la balle, cultive la passion de tous les sports. Depuis sa retraite des courts en 2010, il est ainsi devenu pro en golf et s'est hissé parmi les meilleurs joueurs belges de padel. Il a même investi dans le développement et la promotion de cette discipline peu connue et qui espère conquérir les cœurs des nouveaux adeptes.
"Le tennis, c'est le plus dur !"
Il regrette d’avoir arrêté un peu trop rapidement sa carrière. Il a arpenté les courts du circuit ATP durant une quinzaine d’années, de 1996 à 2010. Joueur atypique, à la fois très doué et un peu nonchalant, il n’a remporté aucun titre important, mais il a disputé deux finales (Valence et Rotterdam) et a fait preuve d’une belle régularité dans le Top 100, avec même une percée à la 38e place en mai 2006. Désormais, à 38 ans, Christophe Rochus ne sort plus qu’exceptionnellement sa raquette de la housse. "Je défends encore les couleurs du Panorama d’Overijse lors des championnats Interclubs. Je donne également cours aux jeunes du club. Mais, c’est vrai, j’ai un peu décroché. Après ma carrière, j’ai coaché l’un ou l’autre joueur du haut niveau. Mais, pour l’heure, ce n’est pas trop mon truc. Je n’ai plus envie de reparcourir le monde. Je me contente de conseiller mes propres enfants qui adorent ce sport !"
Le tennis a piloté sa vie depuis tout gosse. "J’ai encore en tête les parties avec mon frère Olivier sur la terrasse de la maison familiale. On avait bricolé un terrain. C’était magique. Lorsque j’ai fait mes débuts sur le circuit pro en 1996, c’est un rêve qui devenait réalité…"
Au fil du temps, l’enthousiasme est quelque peu retombé et son regard est devenu plus critique. "L’ambiance sur le circuit est très individualiste. C’est le domaine du chacun pour soi. Je vous mentirais en disant que je m’y suis fait beaucoup de véritables amis…"
Dans son album aux souvenirs, il garde néanmoins quelques grands moments. Son huitième de finale face à Kafelnikov à l’Open d’Australie 2000, son deuxième tour face à Rafter à l’US Open 2001. Et puis, bien sûr, les matches de Coupe Davis. "L’ambiance de cette compétition est unique. J’adorais défendre les couleurs de mon pays ! L’idée d’un jour devenir capitaine m’inspire. Mais la diplomatie n’est pas ma première qualité. Je n’ai pas trop le profil du politiquement correct qui s’apparente à ce job..."
Avec le recul, il se dit qu’il aurait pu poursuivre un peu plus longtemps sa carrière. "J’ai arrêté à 31 ans. J’étais un peu usé. Je voulais passer à autre chose, privilégier la famille. Vu que je me suis ensuite séparé de ma femme, c’était peut-être une erreur. Mais c’est ainsi…"
Aujourd’hui, il suit d’un œil distrait mais avisé l’actualité sur les courts. "Mais je prends toujours du plaisir à regarder les grands matches et les grands joueurs, comme Federer et Nadal à Melbourne. Quelle classe ! Je ne me lasse pas de les voir jouer. Ce sont des génies. On n’est pas sur la même planète. C’est comme quand je vois Rory McIlroy ou Tiger Woods jouer au golf. C’est une autre dimension..."
Il est également fan de David Goffin. "Ce qu’il fait est remarquable. Et je suis persuadé qu’il peut encore franchir quelques paliers. C’est juste une question de patience..."
À ses yeux, en tout cas, le tennis est un sport extrêmement dur. Peut-être même le plus dur de ceux qu’il a pratiqués. "Tout est réuni. La technique, le physique, le mental. Il faut être costaud dans tout."
"Le golf, c’est mon préféré"
Il participe régulièrement à des tournois professionnels.
Il a découvert les joies du swing à l’âge de 16 ans lors d’un séjour dans le sud de la France avec ses parents et son frère Olivier. "J’ai tout de suite mordu et j’ai vite progressé grâce à mon sens de la balle. Un vrai coup de foudre..."
Il a, bien sûr, privilégié sa carrière de champion de tennis. Mais, sitôt rangé des raquettes, il a opté pour une véritable mise au green . "Aujourd’hui, j’ai le niveau pro. L’hiver dernier, j’ai participé aux qualifications pour l’ Alps Tour , un des circuits professionnels européens. Et je termine parallèlement ma formation à la PGA of Belgium qui me permettra d’enseigner la discipline…"
Il sait qu’à son âge, il ne peut envisager une véritable deuxième carrière. Mais son esprit de compétiteur l’incite néanmoins à repousser ses limites et à s’entraîner davantage.
"Il n’est évidemment pas question de faire du golf mon nouveau métier. Mais j’aime me tester avec les meilleurs. Et qui sait ? je pourrais être à un bon niveau, passé cinquante ans, pour avoir ma place, comme pro, sur le Senior Tour…"
Dans son for intérieur, le golf est devenu son sport préféré. Celui qui lui procure le plus de plaisir. "C’est normal. Le tennis, c’était devenu mon job à temps plein. Il y avait une forme de routine. Là, c’est différent. Je joue d’abord pour le fun, pour relever des challenges personnels. La pression est moindre, l’obligation de résultats aussi…"
Il y a beaucoup de points communs entre le tennis et le golf, notamment au niveau de la concentration, de la technique, du mental. "Sur un court, on est cependant dans le réflexe, dans l’action-réaction. Sur les fairways, c’est plus sournois. On est seul devant une balle immobile. Le défi est déroutant."
Il confie que le golf a changé son caractère. "Il m’a appris à accepter les frustrations. Il m’a rendu plus patient. Et puis, c’est une école d’humilité permanente…"
Self-made-man par excellence, artiste dans l’âme, il n’a jamais suivi la moindre leçon. Et ce n’est évidemment pas un pilier du practice! En fait, il est sur les fairways comme il était sur les courts. "Je joue beaucoup au feeling. Au toucher. Finalement, le driver ressemble au coup droit et la technique pour les approches est un peu celle des amorties", sourit-il.
Membre au club du Royal Bercuit, à Grez-Doiceau, il soigne régulièrement son swing sur le parcours espagnol de Las Colinas, près de Murcie, où il a une résidence secondaire. "Sous le soleil, c’est encore plus sympa..."
Le golf et très populaire chez de nombreux joueurs de tennis. Nadal, Djokovic et Murray sont des passionnés. Tout comme, en Belgique, Malisse, Darcis, Bemelmans ou même Goffin. "Sur certains tournois du circuit ATP, il y a autant de sacs de golf que de tennis dans les vestiaires. C’est notamment le cas à Indian Wells, en Californie. L’hôtel officiel est d’ailleurs installé autour d’un parcours..."
"Le padel, le plus ludique"
Sous le charme de ce nouveau sport, il a décidé d’investir pour son développement.
Le padel, c’est sa nouvelle passion. Il a découvert la discipline voici deux ans et, sous le charme, il a décidé d’investir dans son développement avec son associé Laurent Montoisy, un des meilleurs joueurs de Belgique. "C’est un sport en plein développement, très ludique. Je dirais qu’il s’agit d’un mélange de tennis et de squash. J’y ai tout de suite trouvé mes marques..."
Très populaire en Espagne et dans les pays d’Amérique du Sud, le padel gagne à être connu - et reconnu - en Europe du Nord. "On s’amuse tout de suite car la technique de base requise s’acquiert rapidement ! De plus, il s’agit d’un sport très convivial et familial dans lequel chacun peut s’épanouir, peu importe son âge. On peut vraiment le pratiquer de 7 à 77 ans..."
Fort de son passé de champion de tennis, de son sens inné de la balle et de son tempérament de compétiteur, Christophe Rochus a rapidement gravi les échelons dans ce sport, au point de participer, l’an passé, avec Laurent Montoisy, aux Championnats du Monde au Portugal. "Nous sommes loin du niveau des meilleurs internationaux, véritables pros. Mais on ne s’est pas trop mal débrouillé. Et on s’éclate vraiment..."
Pour l’heure, on recense environ un millier de joueurs en Belgique. Mais le potentiel est bien plus élevé. C’est pourquoi il a créé cette société Be Padel (www.be-padel.com), appelée à grandir au fil des ans. "Nous avons déjà installé des courts dans deux clubs : à l’Arena de Wavre et au Panorama d’Overijse. Et nous en ouvrirons un autre à Arlon dès le printemps prochain..."
À terme, on pourrait parfaitement imaginer que la majorité des clubs de tennis proposent également, dans leurs infrastructures, des terrains de padel. C’est une alternative idéale pour varier les plaisirs.
"Il y a quasiment place pour trois terrains de padel pour un de tennis. Nous louons les courts à l’heure, à 20 euros. En général, les joueurs mordent tout de suite. Parallèlement, nous proposons également des cours et des initiations..."
Uniquement en double
Le padel (de l’anglais paddle) est un sport récent qui se pratique depuis les années 70. Il se joue sur un court rectangulaire de 20 m sur 10 m ceinturé par des murs transparents sur lesquels la balle peut rebondir. Les joueurs utilisent une petite raquette solide et perforée et des balles dépressurisées. Les règles et la comptabilité des points sont quasiment les mêmes qu’en tennis même si le service se fait à la cuillère et que le filet est forcément moins haut. Mais le padel ne se joue qu’en double, ce qui en fait, de facto, un sport d’équipe.
Jamais sans son frère Olivier !
Christophe et Olivier Rochus sont aussi unis par les liens sacrés du sport! Les deux frères cultivent les mêmes passions. À l’instar de Chris, Oli pratique également le golf et le padel. Et à un excellent niveau. "Sur les greens, il pourrait aussi devenir pro tant il est doué. Et, au padel, il a évidemment brûlé les étapes grâce à ses acquis de champion de tennis", remarque Christophe.
Les deux frangins pratiquent régulièrement ensemble les deux disciplines, notamment à Las Colinas. Un jour - qui sait ? - ils créeront leur propre structure d’accueil et proposeront des stages d’entraînement personnalisés pour les jeunes talents ou des journées sportives pour les sociétés. Avec, au programme, du tennis, du golf et du padel !