Elise Mertens, la numéro 1 belge, va jouer en double avec Goffin : "Une belle expérience de jouer avec David"
La première joueuse belge (WTA 36) va entamer la saison à la Hopman Cup avec le finaliste des Masters.
- Publié le 29-12-2017 à 06h50
- Mis à jour le 29-12-2017 à 06h54
La première joueuse belge (WTA 36) va entamer la saison à la Hopman Cup avec le finaliste des Masters. Si, dans le monde du tennis belge, la saison exceptionnelle de David Goffin a marqué tous les esprits, du côté des filles, l’année 2017 aura été celle de l’éclosion de la Limbourgeoise Elise Mertens. Classée 125e à la WTA en décembre 2016, la Limbourgeoise va aborder la cuvée 2018 au 36e rang mondial. Un statut qui lui a valu une invitation à la prestigieuse Hopman Cup (30/12 au 06/01), où elle défendra les couleurs de la Belgique avec comme partenaire… David Goffin. "Les organisateurs ont demandé à David Goffin et à moi-même si on voulait participer à cette compétition par équipes en ouverture de saison", explique Elise Mertens qui défiera avec le Liégeois l’Allemagne, le Canada et l’Australie. "On a dit oui et la décision finale a été prise en octobre. Je pense que si David avait annoncé qu’il n’était pas intéressé par ce tournoi, la Belgique n’aurait pas été représentée. C’est sympa comme formule avec un simple hommes, un simples dames et un double mixte par rencontre."
Une expérience qui permettra à l’actuelle meilleure joueuse belge de côtoyer au quotidien le récent finaliste des Masters.
"Cela va être intéressant pour moi de voir pendant une semaine comment David Goffin travaille ", poursuit la Limbourgeoise. "Il a accumulé beaucoup d’expérience et je vais pouvoir voir pendant les matchs comment il gère les événements. Je vais certainement apprendre des choses. Son parcours 2017 a été exceptionnel après sa blessure à Roland-Garros. Mentalement, il est très fort. C’est incroyable comment il a battu Federer et Nadal aux Masters avant de gagner ses deux matchs lors de la finale de Coupe Davis. Tout le monde pensait qu’il arriverait fatigué à Lille pour défier la France mais il a encore répondu présent. En plus, il pratique un tennis différent de la majorité des joueurs. Il utilise merveilleusement la puissance de l’adversaire, se déplace rapidement et de manière précise. J’ai aussi l’impression qu’il frappe plus fort qu’avant car il prend les balles plus devant lui."
Avec ses yeux de novice à ce niveau, Elise Mertens espère bien évidemment sortir de son groupe pour croiser, si possible, en finale la Suisse de Roger Federer. "Lui, c’est un Dieu. Jouer contre lui pourrait être une bonne comme une mauvaise chose. Il sait tout faire avec une balle de tennis. Son palmarès est incroyable."
Après la Hopman Cup, il sera temps pour Elise d’entamer la saison de la confirmation.
"C’est la première fois que je me retrouve dans le Top 50 en début d’année. J’ai beaucoup de points à défendre au tournoi de Hobart que j’ai gagné l’an dernier. Si je parviens à les conserver, ce sera plus facile pour moi pour la suite. Par contre, je n’ai pas joué l’ Australian Open l’année dernière, donc en cas de bons résultats là-bas, je peux aussi emmagasiner des points. Pour la fin de l’année, si je suis dans le Top 35 , c’est positif. De toute façon, si le niveau est présent, le ranking va suivre. Je ne me focalise pas sur une seule saison. Grâce à mon classement actuel mon programme est plus tranquille. Par exemple, pour le tournoi de Saint-Pétersbourg, j’entre directement dans le tableau final. Ce qui veut dire, pas de qualifications et donc plus de temps pour se reposer et récupérer."
"La première année positive financièrement"
Après la Hopman Cup, la Limbourgeoise devra défendre son titre à Hobart…
Victorieuse du tournoi de Hobart en janvier 2017, son premier et unique titre WTA, Elise Mertens prendra la direction de la Tasmanie après la Hopman Cup pour y défendre son trophée et les points récoltés il y a douze mois.
"Hobart, cela a été un déclic dans ma carrière, j’ai connu une semaine incroyable lors de ce tournoi", explique la joueuse de 22 ans. "C’était la meilleure semaine de toute ma carrière. Grâce à ma victoire là-bas, je suis entrée dans le Top 100 , ce qui voulait dire que j’allais pouvoir rentrer directement dans les tableaux des tournois du Grand Chelem. Mentalement, j’ai passé un cap à Hobart. Mon objectif de la saison était Top 100 et j’atteins ce classement dès la deuxième semaine de février. Après, c’était un peu un rêve. J’ai joué l’esprit vraiment plus libre."
Une victoire finale à Hobart qui a été marquée, notamment, par l’abandon prématuré et prémédité de son adversaire en huitième de finale, pour prendre la direction de Melbourne pour participer aux qualifications de l’Open d’Australie. Un choix qu’aurait aussi pu faire Elise.
"Non, j’avais décidé de jouer ma chance à 100 % à Hobart même si le quart de finale théorique devait se jouer contre la tête de série numéro 1 du tournoi, Kiki Bertens. Au final, ce choix a été gagnant puisque j’ai remporté ce tournoi. Mon adversaire en huitième de finale, Sachia Vickery, qui a abandonné après six points pour participer aux qualifications de l’Open d’Australie, n’a pas rejoint le tableau final à Melbourne. Cela m’a réconforté encore plus dans mon option de jouer le coup à fond à Hobart."
Ce succès combiné à ses autres performances en 2017 a aussi permis à notre représentante de gagner plus de 500.000 dollars de price-money.
"L’année 2017 est la première qui a été positive financièrement dans ma carrière. Je n’avais pas de sponsors et donc ce sont mes parents qui finançaient ma carrière. Depuis des années, ils ont tout donné pour moi. Je suis fière d’être maintenant dans le positif. Tu dois te situer dans le Top 50 pour te retrouver bien financièrement. Mon rapport à l’argent est très sain, ce n’est pas parce que j’ai gagné une belle somme que je vais tout dépenser pour acheter, par exemple, une grosse voiture de sport. Je gère mes gains avec mes parents. Il ne faut pas oublier que par rapport aux gains publiés par la WTA, il faut retirer bien plus de 50 % pour payer les voyages, les entraîneurs, les frais divers, etc. Je me rends bien compte qu’on parle de grosses sommes. Mais pour moi le plus important reste le tennis. L’argent qui suit, c’est du bonus et du positif. Quand vous êtes enfant et que vous travaillez pour faire une carrière dans le tennis, vous ne rêvez pas de l’argent mais bien des victoires et des titres. Grâce à mes gains 2017, un petit peu de stress est parti car mes parents ne doivent plus payer."
Elise, c’est aussi…
Un coach qui est son petit copain
Elise Mertens possède la particularité d’avoir comme entraîneur sur le circuit tout au long de l’année son petit copain, Robbe Ceyssens (24 ans).
"Comme dans tous les duos coach-joueuse, il y a des moments faciles et d’autres plus difficiles. Je me sens bien avec lui comme entraîneur et comme boyfriend . On travaille ensemble depuis 18 mois et je suis arrivée avec lui dans le Top 100 . C’est la preuve qu’on a fait du bon travail. Parfois, c’est difficile de séparer le privé et le tennis, mais cela va; on gère bien cette situation. Robbe est assez jeune comme entraîneur. Il n’a pas beaucoup d’expérience mais il apprend très vite. Comme on est très proche sentimentalement, il me connaît bien et moi aussi je sais comment il réagit. On peut aussi compter sur les conseils de Carl Maes, l’ancien entraîneur de Kim Clijsters."
"Nous avons adopté un chien en… Grèce"
Chez les Mertens, on affiche une grande passion pour le tennis mais aussi pour les animaux. La maison familiale ressemble à un vrai petit zoo. "On possède des oiseaux, des faisans, des canards, des poules et des perruches. On a aussi quatre chiens et des poissons. Les animaux, c’est une passion chez mon papa et moi. J’aime tous les animaux. On a adopté trois chiens dont un Lassie… en Grèce. Il y a deux ans, j’ai gagné un 50.000 dollars au Mexique et mon papa m’avait promis un chien si je remportais une compétition de ce niveau. On a donc regardé sur Internet et on a adopté un chien abandonné en… Grèce. Il est venu en avion jusqu’à Amsterdam. Je n’ai pas su aller le chercher car je jouais à Wimbledon. On s’est téléphoné via Skype pour que je puisse le voir. Il s’appelle Bo."
"J’adore jouer en double"
Si elle occupe le 36e rang au classement WTA en simple, Elise Mertens brille aussi en double où elle est 45e mondiale avec en 2017 une victoire au tournoi de Guangzhou en Chine.
"J’aime jouer les doubles. Ma partenaire est la Néerlandaise Demi Schuurs. On joue ensemble depuis que j’ai 13 ans. On est très proche. On forme un bon duo. Parfois c’est un peu fatigant de combiner simple et double en tournois mais si je perds en simple cela me fait un bon entraînement de jouer un double. J’aime cette discipline car on bouge beaucoup, il y a de l’activité, des volées… Si je progresse en simple, je vais peut-être devoir faire un choix, mais pas encore pour le moment. Le problème se posera si je vais loin en simple et en double dans les tournois." Cela permet aussi à Elise de vivre des expériences intéressantes comme un match face aux sœurs Williams à Wimbledon en 2016.
Déjà précoce dans le ventre de sa maman
Si Elise Mertens est souvent présentée comme une Louvaniste, la première joueuse belge est, en fait, une Limbourgeoise. "Je suis née pendant le 7e mois de grossesse. Comme j’étais prématurée, ma maman est partie à Louvain pour les soins et l’accouchement. Mais j’ai toujours habité dans le Limbourg. J’ai commencé le tennis vers mes trois-quatre ans car ma grande sœur pratiquait ce sport. On a joué à Bree puis à Neerpelt. Le tennis a toujours été une grande passion. J’ai pensé pouvoir faire carrière quand, en U18 , j’ai terminé l’année 7e mondiale. Au niveau des études, j’ai passé le jury central à partir de 14 ans. Avant cela, j’allais deux ou trois jours à l’école par semaine. Ma maman qui est professeur de langues m’a donné les cours à la maison. Je dois encore passer un examen ou deux pour terminer mon cursus."
"J’aime jouer pour la Belgique"
Si son premier titre WTA à Hobart a fait connaître Elise Mertens du grand public, c’est surtout sa performance en Fed Cup face à la Russie en avril 2017 qui a marqué les esprits.
"En fait, j’ai joué mon premier match en Fed Cup quelques semaines avant lors de l’affrontement face à la Roumanie. J’avais offert le 3e point synonyme de qualification après un match de presque trois heures. Puis il y a eu ce fameux match en Russie où je bats Anastasia Pavlyuchenkova (WTA 15) et Elena Vesnina (WTA 18) en simple avant de décrocher le 3e point en double. J’ai vraiment été étonnée de mon niveau lors de ces matchs. J’étais sur mon nuage. Surtout qu’on partait en Russie avec l’étiquette d’équipe battue d’avance car Yanina et Kirsten étaient absentes. J’adore jouer en Fed Cup et représenter mon pays. J’aime jouer en équipe."
"Kim a conservé un superbe niveau"
Quand elle est en Belgique, Elise Mertens travaille à la Kim Clijsters Academy où elle croise régulièrement l’ancienne n° 1 mondiale.
"C’était mon idole. Une grande championne qui jouait dans mon club. Le parcours de Justine Henin était aussi fantastique. Ces deux filles ont réalisé une carrière merveilleuse. C’est logique que les médias parlent encore d’elles. Ce n’est pas dérangeant de passer après ces deux championnes. En ce qui concerne Kim, si j’ai besoin de quelque chose, elle est toujours là pour moi. J’ai encore joué avec elle la semaine dernière. Elle en a profité pour me dire quelque chose sur mon jeu. Je suis contente qu’elle s’intéresse à moi. Et je peux vous dire qu’elle a conservé un superbe niveau. Elle frappe très fort. Par contre, elle ne m’a pas encore appris à faire le grand écart."