Djokovic - Sampras: les similitudes de deux champions d'exception
Le parcours du Serbe présente des similitudes avec celui de Sampras, son idole de jeunesse.
- Publié le 10-09-2018 à 18h46
- Mis à jour le 11-09-2018 à 08h04
Le parcours du Serbe présente des similitudes avec celui de Sampras, son idole de jeunesse. Le 9 septembre 2002, les experts du tennis prédisaient que le record de quatorze titres en Grand Chelem établi par Pete Sampras mettrait du temps à être battu. Seize ans plus tard, Novak Djokovic est déjà le troisième joueur à rejoindre "Pistol Pete" dans ce qui s’apparente au record le plus prestigieux sur le circuit. "Pete Sampras est une des légendes du jeu, confiait "Djoko". Il était mon idole d’enfance. La première chose que j’ai vue à propos de tennis, c’était un de ses premiers titres à Wimbledon. Ça veut dire quelque chose d’être à égalité avec lui au nombre de Grands Chelems." Novak Djokovic et Pete Sampras n’appartiennent ni à la même époque ni au même registre de jeu. Pourtant, ils présentent de nombreuses similitudes.
1) À 21 ANS, LE 1ER ET À 31 ANS, LE 14E. Tous deux ont fêté le cap symbolique des "14" à Flushing Meadows. Pete Sampras, qui disputait son 14e US Open, a achevé de la plus belle des manières son 52e Major. Novak Djokovic, qui disputait son 13e US Open, a pris part à 55 levées du Grand Chelem. Pour l’Américain, il disputait son dernier tournoi du Grand Chelem. L’avenir, seul, nous dira si Novak Djokovic poursuivra encore l’aventure. Sampras et Djokovic ont remporté leur premier tournoi du Grand Chelem à 21 ans. L’Américain s’était illustré à l’US Open alors que le Serbe avait soulevé le trophée à l’Australian Open. Ils ont mis une décennie pour se constituer un palmarès de quatorze titres en GC. Tous deux ont soulevé leur 14e trophée en Major à 31 ans.
2) LA RETRAITE AVAIT ÉTÉ UNE OPTION. Ils ont remporté ce 14e titre avec un statut de revenant. D’ailleurs, Pete Sampras avait confié à l’époque. "Je suppose que je suis de retour", avait-il rigolé avec le trophée en main. Il sortait d’un trou noir d’un peu plus de deux ans et trente-deux tournois sans victoire depuis son dernier titre, à Wimbledon en 2000. "J’ai commencé à croire aux choses négatives qu’on a dit de moi." Avant l’US, il n’avait gagné que vingt matches en 2002 contre dix-sept défaites.
Novak Djokovic n’était pas désespéré à ce point. Il venait de remporter Wimbledon ce qui avait redoré son aura. Mais il sortait d’une période sombre démarrée en mai 2015. "Je suis devenu père deux fois, j’ai été absent du circuit pendant six mois, j’ai été opéré… Si à ce moment-là, vous m’aviez dit que j’allais gagner Wimbledon, Cincinnati et l’US Open, ça aurait été dur à croire." Après ses six mois d’arrêt, il a encore eu besoin de quatre mois pour retrouver le rythme sur le circuit. "J’ai beaucoup appris sur moi-même, la patience notamment ce qui n’était pas mon point fort."
3) UNE CLAQUE TRÈS DURE PEU AVANT. Pete Sampras, exemple de serveur-volleyeur, a toujours eu un faible pour Wimbledon qui le lui a bien rendu. Avec sept titres à Londres, "Pistol Pete" était le gardien des lieux. En 2002, il ne s’attendait pas à y vivre le revers le plus cruel de sa carrière. Son jardin s’est transformé en cimetière de ses ambitions le jour où il s’était fait sortir au deuxième tour par un lucky loser suisse, George Bastl, qui n’était que 145e mondial. "Ce fut la plus grosse déception de ma carrière", avait-il confié au crépuscule de son parcours sportif. Novak Djokovic a pris quelques solides claques en 2018. L’ancien patron du circuit, qui a remporté toutes les levées du Grand Chelem, a perdu d’entrée à Indian Wells, Miami et Barcelone. À Roland Garros, il a vécu le pire moment de sa carrière à la suite de sa défaite contre l’anonyme Marco Cecchinato. Il avait ce match en main avant de craquer mentalement. En quelques minutes, il avait déjà rejoint la salle de presse n°2 de Roland pour expédier les affaires courantes. "Je suis surtout de retour aux vestiaires. Je ne sais pas si je vais jouer sur gazon", lançait-il de manière énigmatique.
4) LE MAL AIMÉ ET LE CHOUCHOU. L’aura de Novak Djokovic a mis un peu de temps à percer les nuages Federer et Nadal. Le Serbe est reconnu par les spectateurs et par ses pairs comme un très grand sportif. Pete Sampras a eu plus de mal à donner de l’émotion à ses records. "Je suis en train de réaliser une performance qui ne sera peut-être jamais surpassée, disait-il en 2002. J’ai l’impression de mériter plus de reconnaissance, en particulier chez moi, aux États-Unis."
5) L’UN FAVORI, L’AUTRE OUBLIÉ. Vu son âge et ses piètres résultats, Sampras était loin de figurer parmi les favoris à l’US 2002. Greg Rusedski, qui avait perdu contre l’Américain au troisième tour, avait même déclaré qu’"il n’est plus ce qu’il était et cela m’étonnerait qu’il aille très loin dans ce tournoi." Il aurait mieux fait de se taire. Novak Djokovic n’était plus cité parmi les favoris depuis plus d’un an. Ses défaites à l’Open d’Australie et à Roland-Garros avaient même poussé certains à associer les mots Djokovic et retraite dans la même phrase. Sa victoire surprise à Wimbledon, confirmée par un titre à Cincinnati, avait suffi à le repositionner parmi les favoris.