Dick Norman: "Murray avait demandé une wild card" pour venir jouer à Anvers
Dick Norman est fier de la qualité du plateau du 3e tournoi d’Anvers.
- Publié le 13-10-2018 à 08h26
- Mis à jour le 13-10-2018 à 12h55
Dick Norman est fier de la qualité du plateau du 3e tournoi d’Anvers. Anvers se met à l’heure du tennis. La Lotto Arena s’est parée de ses plus beaux atours pour la 3e édition de l’European Open. Après les victoires françaises en 2016 (Gasquet) et en 2017 (Tsonga), une armée de Bleus est repartie à l’assaut de la métropole : Tsonga, Gasquet, Monfils - qui jouera pour la première fois en Belgique - et Simon. Ils ne seront pas les seules attractions de 2018.
Dans les travées de ce temple du tennis, Dick Norman ne passe pas inaperçu. Le nouveau directeur du tournoi piaffe d’impatience à l’aube d’une semaine infernale. "C’est excitant, confie-t-il entre deux rendez-vous. Aujourd’hui, j’ai 30 personnes qui s’activent dans tous les sens pour transformer l’arena. Il faut penser à tout : catering, VIP, les balles, les cordeurs, le terrain, l’accueil, les transports…"
Big Dick n’est pas dépassé par la pression inhérente à l’organisation du plus grand événement tennistique de l’année sur le sol belge. Pourtant, l’un de ses pires cauchemars lui est tombé dessus il y a quelques jours. La star locale lui a fait faux bond. David Goffin a annoncé sa fin de saison après le tournoi de Shenzhen. Le Liégeois, 11e joueur mondial, était chargé d’attirer les supporters belges.
"Personne ne choisit une blessure. En sport, tu ne contrôles pas tout. Un forfait fait partie de la vie d’un joueur, philosophe le grand rouquin. C’est comme ça. Nous devons nous adapter. En plus, David Goffin viendra à la rencontre de ses supporters jeudi."
Qui dit organiser un tournoi dit évidemment dénicher les perles rares qui attirent les supporters. Vu le statut d’ATP 250, le tournoi ne pouvait pas lorgner vers les joueurs du Top 10. Federer, Nadal, Djokovic, Zverev, Del Potro et autres ne figurent pas parmi les clients de ce genre de rendez-vous. Pourtant, l’European Open aurait pu attirer le Serbe Novak Djokovic qui multiplie ses sorties pour achever l’année à la première place mondiale. "Il aurait pu venir", sourit Dick Norman.
Un autre géant était proche de signer avec le tournoi : Andy Murray. L’ancien no 1 mondial galère pour retrouver un niveau digne de son palmarès. Actuellement, l’Écossais n’est que 262e mondial. Cet ATP 250 aurait pu lui convenir, mais il a déjà mis un terme à sa saison. "Nous l’avions contacté. Il nous avait demandé de lui réserver une wild card, mais, il y a dix jours, il nous a fait savoir qu’il mettait un terme à sa saison."
Goffin, Djokovic et Murray auraient donné des airs d’ATP 500 à l’European Open qui ne manquera pas d’atouts. Outre les mousquetaires français, Dick Norman a convaincu deux joueurs du Top 20 : Diego Schwartzman, double finaliste, et Kyle Edmund, la jeune pépite qui monte. Il peut se targuer aussi d’avoir distribué une wild card à un ancien Top 5 mondial, Milos Raonic et à un Top 5 de la Next Gen, Frances Tiafoe.
Le Canadien présente un jeu qui parle à l’ancien 10e joueur mondial en double. "Il jouit non seulement d’une grande notoriété, mais, en plus, il présente un style de jeu qui me rappelle le mien : un gros service et une volée. Aujourd’hui, ce style a disparu. Parfois, Federer l’utilise quand il en a besoin pendant un match. Comme les surfaces sont plus lentes aujourd’hui, les joueurs ont plus de temps pour ajuster leurs frappes de fond de court."
Avec Ruben Bemelmans comme tête de liste belge, Dick Norman se montre satisfait de son plateau. "Je suis content car j’ai beaucoup de bons joueurs. Je ne gaspille pas trop d’énergie là-dedans car les réponses évoluent tous les jours. Monfils, Simon et Tsonga sont d’anciens joueurs du Top alors que Raonic, Edmund, Gasquet et Schwartzman figurent en bonne place au ranking ATP. Le titre sera vraiment disputé."
Entraîneur pour des jeunes de la région de Waregem, organisateur de deux stages par an au Portugal, Dick Norman consacre la plus grande partie de son temps à l’European Open.
Vente des tickets : +40 % !
Rares sont les organisateurs qui mettent volontiers en exergue les chiffres de vente de tickets avant une compétition de tennis. Que ce soit en Coupe Davis, en Fed Cup, en Challenger ou sur un ATP 250, tous gardent jalousement leur nombre de sésames écoulés. Dick Norman se frotte les mains lorsqu’il fait un tour au ticketing. "Nous sommes en avance par rapport à l’an passé. Nous avons vendu entre 30 et 40 % de tickets en plus qu’en 2017. Nous visons les 25.000 places vendues." Cette bonne nouvelle engendre d’autres satisfactions. Pour sa troisième édition, le break even était obligatoire. Là aussi, le patron se veut rassurant. "Nous devrons faire les comptes après la finale, mais le coup est jouable. Nous avons diminué les frais et intensifié le sponsoring." Les joueurs, de plus en plus gourmands au plan financier, n’aident pas forcément à réduire les coûts. La dotation anversoise culmine déjà à 686.080$, soit le même montant qu’à Stockholm, mais 306.000$ de moins qu’à Moscou. "Nous dépensons 3 millions sur le tournoi."
"J'adore cette date"
Entre les éventuelles bonnes affaires et les forfaits de fin de saison, l’European Open s’est calé à un moment spécial dans l’année. Il marque le retour du circuit en Europe pour la dernière ligne droite. "Je le vois comme un bon moment, analyse Dick Norman. Beaucoup de joueurs ont besoin de points afin de défendre ou de récupérer leur place. Malheureusement, certains sont cramés par une très longue saison." En concurrence avec deux autres ATP 250 à Stockholm et à Moscou, Anvers a trouvé sa place. "Nous ne nous échangeons pas beaucoup d’informations. Chacun vit sa vie de son côté."
"Chacun se bat pour son territoire"
Le ton monte entre l’ITF et l’ATP qui cachent de moins en moins leurs inimitiés. En tant que directeur de tournoi, Dick Norman garde un devoir de réserve sur ce conflit. "Je découvre le rôle de directeur de tournoi depuis le mois de février. Je me concentre sur cette mission. Je ne pense pas encore aux relations entre l’ITF et l’ATP. Chacun se bat pour son territoire, ce qui n’est pas mon souci. Que chacun préserve l’image du tennis !"
"Pas de place pour en faire un ATP 500"
Le directeur estime qu’un tournoi WTA aurait également sa place en Belgique.
Avec les risques qui ont menacé les 15.000 dollars en Belgique, avec la suppression brutale du challenger de Mons, le tournoi d’Anvers se trouve fort isolé sur la carte.
"Nous sommes fiers d’offrir aux supporters belges la possibilité de voir leurs stars même si David Goffin ne jouera pas cette année. En Belgique, il manque certainement un challenger qui est plus accessible pour les jeunes Belges qui veulent se lancer sur le circuit pro."
Répertorié comme un ATP 250, l’European Open doit-il viser de monter dans la caste des ATP 500 ? "Nous ne pouvons pas changer en un claquement de doigts. Il faudrait d’abord qu’un autre ATP 500 arrête ses activités. Nous devrions alors acheter sa licence. Tennium aimerait probablement s’en procurer une, mais aucune n’est à vendre. En Europe, ils tournent tous très bien à l’image de celui de Rotterdam qui est là depuis 40 ans."
Les dirigeants belges ne devraient-ils pas encourager la création d’un tournoi WTA ? Elise Mertens, Alison Van Uytvanck, Kirsten Flipkens, Yanina Wickmayer et Ysaline Bonaventure le méritent assurément. "Tout est toujours possible", commente, avec distance, Dick Norman. "Ce projet ne figure pas dans mes priorités car l’European Open me prend déjà beaucoup de temps. Avec toutes nos joueuses en ce moment, il est souhaitable qu’un tel projet voie le jour."
Son avis sur
La saison de David Goffin
“Ce qu’il a accompli en 2017 était presque irréel. De septembre à novembre, il a joué les demi-finales de Coupe Davis ainsi que les Masters en plus de ses tournois. Il a un peu forcé. Avec quelques jours de vacances, il ne pouvait pas se préparer pour repartir pour un an. En plus, il a souffert de blessures dont celle de Rotterdam qui a freiné sa progression. Il réalise une bonne année même s’il n’a pas sorti de grands exploits. Je suis certain qu’il retrouvera sa forme de 2017 dès le mois de janvier.”
La saison d'Elise Mertens
“Toutes les joueuses ont besoin d’être entourées par un coach en qui elles ont une confiance totale. Yanina Wickmayer a souvent cherché cette personne. Elise Mertens a déjà travaillé avec trois coaches différents en 2018. Elle en cherche un autre. Je suis rassuré de voir qu’elle prend le temps de rencontrer la bonne personne. Si elle se sent bien, elle sortira ses meilleurs résultats. Son année a été excellente. Elise n’a pas l’air d’être une fille compliquée à gérer. Elle bosse comme une dingue. J’adore sa mentalité. Elise, c’est une guerrière. Nous avons de la chance de l’avoir même si elle n’est pas aussi connue que David. Elle est encore jeune.”
De nouvelles règles : "Supprimons l'avantage"
Lors de la première édition de la Next Gen à Milan l’an passé, l’ATP avait lancé une série de nouvelles règles pour accélérer le rythme des matches et diminuer leur durée. Le directeur de l’European Open fait le tri. “La règle des 25 secondes entre les points fait partie de ces bonnes idées. Par le passé, les joueurs utilisaient trop d’excuses pour ralentir le jeu. Les sets de 4 jeux gagnants ne me convainquent pas. En revanche, un point décisif à 40-40 va dans le bon sens. On évite ainsi les jeux de 12 minutes avec de nombreux avantages. On assistera à plus de breaks. Supprimer le let évitera certaines erreurs des arbitres qui ne l’entendent pas toujours.”