Comment Goffin peut-il piéger l’ogre Nadal ?
Au troisième tour, le Belge joue déjà une finale contre l’imbattable Rafa…
- Publié le 31-05-2019 à 06h48
- Mis à jour le 31-05-2019 à 07h43
Au troisième tour, le Belge joue déjà une finale contre l’imbattable Rafa… Dans les travées du site rafraîchi de Roland-Garros, on accueille le choc de ce vendredi avec enthousiasme et même excitation.
"Il joue bien votre Belge là", "Cela fait plaisir de le retrouver à ce niveau", s’entend-on s’exclamer de la part de quelques confrères hexagonaux au détour du Media Center, réaménagé exceptionnellement au cœur du Musée de Roland-Garros cette année.
Avec 88 succès pour 2 petits revers (+ un forfait) à Roland- Garros en 14 ans, les stats de Nadal déclenchent un tsunami de superlatifs. Une hégémonie dévastatrice qui court vers une 12e couronne dans la capitale française. Tout simplement hallucinant. Alors que David Goffin vient de relancer les bases de son projet renaissance, après une longue et douloureuse période de contre-performances, le destin l’envoie se frotter au maître des lieux. De quoi nourrir de la frustration face à cette injustice du tirage ?
"Non, pas du tout, si je perds contre Rafa chaque semaine c’est bon signe", sourit Goffin avec sagesse. D’autant que, c’est connu, l’ogre de l’ocre monte en puissance pendant la quinzaine. L’affronter en première semaine pourrait même se révéler plus judicieux quand on regarde dans le rétro.
Söderling l’avait fait valser en huitièmes en 2009 lors de cette joute historique qui avait vu Rafa tomber de son piédestal après quatre victoires consécutives. Un succès détonant établi il y a 10 ans jour pour jour.
"Ce fut un moment assez dur", confiait Rafa. "Car le public voulait vraiment me voir perdre, ça m’a touché."
Le Suédois avait signé le match de sa vie avant d’échouer contre Federer en finale. Une décennie plus tard, le jeu de Rafa a quelque peu muté, et le Liégeois s’appuie sur d’autres qualités que l’ex-numéro 4 à l’ATP. Alors, quelles sont les clés d’un succès à la sauce Goffin ?
1. Ne pas lâcher de terrain
Lucide, David Goffin le reconnaît lui-même lorsqu’il évoque ce match au parfum d’Everest : "C’est le défi ultime, c’est clair", clame-t-il. Et la base pour jouer le Taureau de Manacor, c’est de ne pas reculer. "Je devrai couper les angles et rester sur ma ligne."
Facile à dire mais cela demande une agressivité hors-pair. "Je devrai prendre la balle tôt aussi", conclut-il. Et Dieu sait que le lift de l’Espagnol fait dévisser et commettre des fautes…
2. Le service ne doit pas flancher
Un autre paramètre qui se doit d’être totalement opérationnel, c’est la mise en jeu. Aussi bien contre Berankis que Kecmanovic, le Liégeois s’est sorti de situations périlleuses en s’appuyant sur un grand service. Huit aces et 76 % de points remportés sur sa première : des chiffres encourageants qui illustrent sa suprématie sur le jeune Serbe. Mais il faudra encore élever cette moyenne ce vendredi.
3. Physiquement à 100 %
Cela paraît évident, mais il faut nuancer cet élément. Comme l’expliquait très justement Goffin en conférence de presse.
"Le problème, ce n’est pas de tenir le choc, j’y arrive toujours, même contre Nadal. Ce qui est complexe, c’est d’imprimer assez de tonicité pour rester maître de l’échange et de le faire pendant trois ou quatre heures. Il ne donne pas un point et dès que l’on recule d’un demi-mètre…", analyse-t-il.
4. La gestion du money-time
"Nadal n’est jamais aussi fort qu’en fin de set ou lorsque cela devient tendu", pointe David Goffin. En effet, dans les moments importants, Nadal se montre intraitable. "C’est le roi ici, et ce n’est pas pour rien", poursuit le Belge. Mentalement, il faudra donc effacer ces quelques petites hésitations qui subsistent encore pour ne pas se faire submerger par la vague des Baléares.
5. Prendre le dessus dès le début
Il apparaît essentiel pour le Belge de remporter la manche inaugurale. Que cela soit Djokovic (succès en trois sets en 2015) ou Söderling (victoire en quatre sets en 2009), ils ont tous deux signé un premier set phénoménal, annihilant la machine infernale ibérique.
Dès le premier point de la rencontre, Goffin devra évoluer à son meilleur niveau. Ce n’est pas une exigence, mais bien une obligation.