Caroline Watteyne, la Belge qui veut customiser les raquettes des stars
- Publié le 29-05-2018 à 14h47
- Mis à jour le 29-05-2018 à 14h48
Caroline Watteyne est partie à la conquête de Paris avec une raquette sous le bras Elle déambule dans l’allée principale avec un paquet noir qu’elle garde jalousement caché contre elle. Caroline Watteyne est venue à Roland-Garros avec un espoir un peu fou : conquérir un marché inédit. Elle customise des raquettes. Cette artiste, qui a réussi a mêlé ses deux passions, a emporté un exemplaire de son art unique au monde.
"Je trouve dingue que personne n’ait eu cette idée avant moi", se marre-t-elle avec une humilité qui ne la quittera pas de toute l’interview.
Caroline Watteyne est d’un naturel timide et discret. Elle ne veut pas profiter de passe-droit pour développer son business naissant. Un hasard l’a mise sur la route d’une star : Steve Darcis.
"Je joue au tennis dans le club de Thuin avec, notamment, Yannis Demeroutis", souffle-t-elle accoudée à une table entre les courts Suzanne Lenglen et Philippe Chatrier.
L’entraîneur de Steve Darcis connaissait la sensibilité artistique de la jeune femme qui avait étudié l’art sans trop savoir qu’en faire.
En novembre 2017, elle a été frappée par une inspiration alors qu’elle regardait, seule, la télévision dans son canapé. "Je m’étais mise à dessiner une raquette pour Steve", se souvient celle qui lui dessinait des sharks depuis 2-3 ans lors des grands moments. En voyant son croquis, elle a voulu pousser l’expérience plus loin. "Je me suis dit que je pourrais la dessiner sur sa raquette."
Le défi était lancé. Elle en avait parlé avec Dieter Calle qui prépare les raquettes de Steve Darcis. "Il a d’abord rigolé. Quand il a vu le résultat, il m’a soutenue dans ma démarche."
Le talent de l’artiste a pris le relais. Elle s’est acheté un pistolet à peinture et a pris des cours chez Didier Coubeau. "Il m’a tout appris."
Dans son atelier, elle a passé des heures à parfaire sa technique pour arriver à un résultat remarquable. La technique n’est pas simple. "Je commence par peser la raquette. L’étape est capitale car il faut garder le même poids, au gramme près."
Ensuite, elle dénude la raquette et la ponce. Elle applique une première couche sur toute la surface. La raquette prend une coloration blanche uniforme. Elle dispose ses pochoirs qui sont le fruit d’un programme particulier de découpe.
Elle utilise une peinture spéciale dont elle garde le secret de la composition afin de ne pas attirer trop l’attention sur son art. Ensuite, elle pose un vernis choisi avec parcimonie. "Le litre me coûte 200 euros."
Depuis cette œuvre d’art initiale, elle a conçu une cinquantaine de raquettes dont une pour la Coupe Davis, une pour Steve, une pour le Français Herbert. Les demandes affluent à son bureau. "Je m’occupe surtout de customiser des raquettes pour les personnes ordinaires. Un professeur de tennis m’avait demandé un modèle avec Ironman."
Le Français Pierre-Hugues Herbert lui avait commandé une œuvre avant une tournée en Inde et en Australie.
À Roland-Garros, elle espère définitivement intégré ce monde particulier du tennis. Elle avait déjà décroché un rendez-vous avec un dirigeant d’une grande marque mondiale qui a manifesté un intérêt sincère à son art.
Vu la coquetterie des joueurs et des joueuses qui aiment voir leurs initiales sur les chaussures ou un tatouage avec une phrase de motivation, on ne doute pas que ce concept en séduira plus d’un.
Plus d’infos : surfez sur sa page facebook : Custom racquet painting
Un luxe à moins de 100 euros
Customiser une raquette appartient au domaine du luxe. Pourtant, Caroline Watteyne ne flambe pas ses prix. Inscrire votre nom vous coûtera 30 euros. On passe à une catégorie supérieure (50-60 euros) pour une raquette refaite complètement avec une couleur unie. On reste sous les 100 euros (80-90 euros) pour un projet plus développé. "La raquette la plus sophistiquée était sans conteste celle de la Coupe Davis avec les étoiles. J’aime beaucoup aussi celle de Roland-Garros car je suis partie de mon idée. Je voulais représenter une ligne du temps du tournoi."
Customiser une raquette nécessite un travail de 5 heures. Derrière cette idée de luxe, se cache une autre dimension. Un logo ou une phrase d’encouragement ou encore un signe familier peut jouer sur la confiance d’un joueur quand il regarde sa raquette avant un point.
"Lucas Pouille, appelle-moi"
Caroline Watteyne aimerait approcher les plus stars du Top 20. Elle pourrait profiter de son amitié avec Steve Darcis pour David Goffin. Elle pourrait également utiliser Pierre-Hugues Herbet pour approcher son chouchou. Timide, elle reste à l’écart. “David sera un super ambassadeur pour moi. Si je devais lancer un message ? Lucas Pouille, appelle-moi.”