C'est la rentrée de l'AFT à Mons: "Goffin est un modèle pour tous les jeunes garçons"
- Publié le 03-08-2018 à 14h13
- Mis à jour le 03-08-2018 à 14h14
Le centre d’excellence côté francophone accueillera 14 jeunes, entre 13 et 18 ans, qui ont tous le même rêve : réussir comme David. Le point avec Michaël Dermience Les dirigeants du centre du tennis-étude de la Sapinette à Mons ont déjà planché sur la rentrée de septembre. Le cru s’annonce excellent en termes de quantité. Il faudra attendre les années pour juger de la qualité.
Là où la rentrée de 2017 avait débouché sur 7-8 pensionnaires privilégiés, celle de 2018 concerne 14 prétendants au tennis pro.
"Nous estimons que cette génération de 2004 en vaut la peine", souligne Michaël Dermience.
Tous ces jeunes sont en âge de scolarité. Le plus âgé de cette cuvée n’est autre que Louis Herman, qui avait disputé le tableau junior à Wimbledon. Il revient des Championnats d’Europe où il avait été sélectionné avec Arnaud Bovy.
Un joueur bénéficie d’un statut particulier car il n’est pas encore repris dans le team pro alors qu’il vient de décrocher son diplôme de secondaire. "Il est sorti de rhéto avec un an d’avance, poursuit le directeur sportif en évoquant Gauthier Onclin. Il a un statut appelé ‘post tennis-étude’."
Parmi les élites, le centre montois accorde toujours sa confiance à neuf pros, dont cinq filles : Maryna Zanevska, Ysaline Bonaventure, Marie Benoît, Kimberley Zimmerman et Hélène Scholsen. Du côté des garçons, on ne retrouve que David Goffin, Steve Darcis, Clément Geens et Arnaud Bovy.
L’AFT tente d’aider de la manière la plus pertinente chacune de ses étoiles afin qu’elles ne soient pas filantes. "Certains reçoivent une coordination sportive avec un accès à notre infrastructure, d’autres jouissent de l’aide d’un préparateur physique. Ils ont souvent une bourse dont le montant est très variable."
L’AFT s’est assigné comme objectif final d’amener tous ces athlètes dans le Top 100 ATP ou WTA. Seul ce passage leur assure une vie sportive sans souci d’ordre financier.
Du côté des prétendantes à une place au soleil de la WTA, la période la plus sombre semble appartenir au passé. Il y a 4-5 ans, il n’existait aucun espoir de sortir une fille taillée pour le Top 100. "Nous étions effectivement très loin, confirme le président sportif. Nous travaillons sur la filière des jeunes filles. Nous espérons en avoir deux dans le Top 100 d’ici deux ou trois ans : Maryna Zanevska et Ysaline Bonaventure. Elles ont déjà frôlé le Top 100. Et pourquoi ne pas croire en Kimberley Zimmerman qui est Top 250 ? Pour le moment, le nord du pays est loin devant nous avec 3-4 excellentes joueuses."
Et derrière les filles du pro team, y a-t-il un bout de ciel bleu ? "Il faut rester méfiant avec les plus jeunes. Nous avons une fille de 16 ans, Emeline De Witte, qui doit franchir le cap en ITF junior. En 2004, nous avons un groupe de filles qu’on surveille aussi."
Chez les garçons, le contexte global est plus rassurant. David Goffin a entraîné dans son sillage toute une génération qui débarquera dans les années futures. "Je dirais aussi que le tennis-loisir est très masculin en Belgique si on regarde les chiffres de fréquentation des clubs. Les enseignants sont également souvent des hommes. Nous avons d’ailleurs voulu faire bouger les lignes en engageant deux enseignantes du tennis pour créer une team girl. Ce n’est pas simple. Les jeunes garçons ont un modèle évident avec David Goffin."
"Mons, un petit centre qui ne ressemble pas à grand-chose"
Le directeur sportif doit pourtant rivaliser avec des géants de France, d’Angleterre ou des USA
Depuis sa création dans les années 1990, le centre de Mons a sorti quelques stars du circuit dont Justine Henin et David Goffin sont les plus dignes représentants. Les frères Rochus, Steve Darcis et Réginald Willems incarnent aussi la réussite de cet espace d’excellence.
"Pour Justine et David, le facteur chance est présent, rappelle avec humilité Michaël Dermience. Nous avons eu de la chance que ces deux grands talents soient venus chez nous. Merci papa, merci maman. Plus sérieusement, nous avons mis en place une filière de formation où tous les blocs travaillent main dans la main. Le suivi est permanent."
Michaël Dermience est conscient qu’il doit rivaliser sur un terrain où il n’est pas aidé par ses infrastructures.
"Mons, c’est bien, mais ce n’est pas non plus le top. Je le qualifierais de petit centre qui ne ressemble pas à grand-chose. Regardez l’académie Mouratoglou, le centre de la Fédération Française de Tennis à Paris, le centre Bolletieri en Floride ou encore celui de Londres. Il n’y a pas photo avec Mons. Le matériel et les infrastructures ne sont pas comparables. Par conséquent, nous devons retrousser nos manches pour mener nos jeunes vers le top mondial."
"David veut garder ce lien avec le centre"
Malgré son statut de mégastar du circuit, David Goffin profite toujours des aides de l’AFT
Michaël Dermience est fier de son égérie David Goffin, même s’il souffre sur le circuit en 2018. "Ce garçon se remet tous les jours en question. J’ai vu certains de ses entraînements. Il est énorme. Il faut accepter qu’il a changé de statut. Être un joueur du Top 10 n’est pas toujours évident à gérer. Il est très attendu partout. Il s’habitue à ce nouveau rang. Il reviendra vite encore plus fort."
Le 11e joueur mondial, qui a déjà fêté ses 27 ans, bénéficie toujours du soutien du centre montois. Son statut de mégastar du circuit ne l’empêche pas d’être aidé. "Nous ne lui versons évidemment pas de bourse", précise le directeur sportif au sujet du joueur qui a déjà touché plus de 10 millions de dollars en prize-money uniquement.
1. "Accès aux infrastructures"
David Goffin a accès quand il le souhaite aux infrastructures de la Sapinette. "Il ne le fait pas souvent, ce que nous comprenons." Il est vrai qu’à Monaco, le cadre est plus agréable et pro sans parler des sparrings potentiels.
2. Des ressources humaines
Le Liégeois a eu un coup de pouce du centre qui a détaché Thierry Van Cleemput durant 40 semaines par an afin de s’occuper exclusivement de David. Fabian Bertrand, préparateur physique, est au service du 11e joueur mondial durant 22 semaines par an. Au niveau de la cellule médicale, le docteur Jooris est présent pour lui.
"David intervient dans la prestation financière de ces personnes. De notre côté, nous permettons juste à David de profiter de l’expertise de ces personnes. David y tient car il sait que le centre l’a mené où il est. Il veut garder ce lien qui le sécurise. Pour notre part, je suis sûr que ces personnes reviendront plus tard chez nous avec une expérience qui sera profitable aux générations futures. Nous n’avions pas réussi à mettre une telle structure avec Justine Henin et son coach Carlos Rodriguez."
Geens, Onclin et Herman : les trois gars du futur
Au niveau francophone, ils portent tous les espoirs des dix prochaines années
Quand Steve Darcis puis David Goffin mettront un terme à leur carrière, la prochaine génération devra répondre présent. Arnaud Bovy, qui a été accueilli juste avant Roland-Garros par l’AFT, est en marche vers le circuit ATP. Formé par une filière privée, il a déjà effectué de très grands pas.
Derrière lui, Clément Geens est également prêt à bondir. Le temps qui file joue contre lui. À 22 ans, il est temps qu’il se déclare sur le circuit sous peine de sombrer dans l’anonymat. "Il y a un an, il figurait dans le Top 250", narre Michaël Dermience. "Là, il est redescendu (ATP 502) et doit se relancer. On attend plus de lui. Si dans deux ans, il n’a pas réussi, sa situation deviendra compliquée."
Si on descend dans les âges, on épingle les deux plus belles promesses : Louis Herman et Gauthier Onclin. Tous deux ont 17 ans. Ils figurent dans le Top 50 en junior. L’an prochain, ils seront au moins dans le Top 20. Ils joueront donc les levées du Grand Chelem.
Qui est Michaël Dermience ?
Michaël Dermience est le directeur sportif du tennis-étude à Ghlin. Ce Borain a la charge de toute la question sportive sur le site depuis la détection jusqu’au team pro.
À 43 ans, il a déjà engrangé assez d’expérience pour mener à bien cette mission. Joueur d’un niveau de -15.1, il a dirigé différentes écoles de tennis du côté de Dinant il y a plus de 15 ans.
Soucieux d’apprendre, il a été repris dans le giron fédéral avec la responsabilité de la région Namur-Luxembourg. Son parcours a basculé il y a 8 ans lorsqu’il a offert ses services à l’Académie Justine Henin à Orlando. Pendant 2 ans, il est resté à l’étranger, mais ce centre d’excellence a mis la clef sous le paillasson.
En 2013, ce professeur d’éducation physique de formation a accepté de prendre la direction sportive du tennis-étude.