Justine Henin, un suicide et son papa joueur de foot: les secrets de la reine Simona Halep
En Roumanie, Gheorghe Hagi est le roi, mais la reine, c’est Simona Halep.
- Publié le 16-07-2019 à 19h23
- Mis à jour le 17-07-2019 à 08h15
En Roumanie, Gheorghe Hagi est le roi, mais la reine, c’est Simona Halep. En Roumanie, le tennis se rapproche du sport-roi. Simona Halep n’est pas étrangère à la notoriété de la petite balle jaune dans les Carpates. Elle s’inscrit dans la lignée de nombreuses légendes dont Ilie Nastase. Nastase et Halep présentent le point commun d’avoir remporté deux levées du Grand Chelem chacun. De Constanta, au bord de la mer noire, jusqu’à Cluj en passant par Bucarest, Simona Halep est la personnalité sportive la plus charismatique. Ses moindres faits et gestes sont épiés. Notre collègue Vlad Rosca, qui dirige le site fanatik.ro, lui consacre quotidiennement des articles.
La vie de Simona Halep ressemble à un conte de fées malgré quelques pages plus sombres comme le suicide de sa cousine.
Comme de nombreuses petites filles, elle a commencé à jouer au tennis pour imiter son grand frère. "Le professeur de son frère, Ioan Stan, est le premier à l’avoir mise sur un terrain", se souvient son papa, Stere, pour fanatik.ro. Enfant, Simona ne manquait pas d’énergie. Elle multipliait les sports dont le football et le tennis. Sur un terrain ou dans la rue de Constanta, elle attirait toutes les balles. Le sport participait à son épanouissement personnel.
À 6 ans, elle soulevait son premier trophée et envoyait un signal à ses parents, qui ne pouvaient pas rester de marbre face à son talent. "J’ai vite compris qu’elle pouvait devenir une joueuse pro et numéro un", poursuit son papa.
À 9 ans, elle suivait une leçon de tennis lorsque Gheorghe Hagi est entré dans son club. Il venait de prendre sa retraite des terrains de football. "Un jour, à la maison, Simona est arrivée très excitée. Elle a dit : ‘Papa, sais-tu qui j’ai rencontré sur le terrain ? Gheorghe Hagi !’" Elle n’avait pas osé lui demander une photo, ce que son papa fit le lendemain.
Stere Halep a accompagné sa fille vers le monde pro. Il a avalé les kilomètres pour écumer les tournois à travers le pays. "La voiture était comme une chambre à coucher pour Simona."
Il ne se compare pas à Richard Williams, le père de Venus et Serena. D’ailleurs, les sœurs américaines n’ont jamais été une source d’inspiration pour la Roumaine. Ses modèles s’appelaient Justine Henin, Martina Hingis et Kim Clijsters.
Constanta s’est vite révélée trop petite pour la destinée de Simona Halep, qui a fini par s’installer dans le centre national de Bucarest. "C’était un mal nécessaire", poursuit le papa dans les colonnes de fanatik.ro. "Nous avons eu une discussion en famille avant de prendre la décision de vivre à Bucarest."
Simona avait 16 ans et un avenir radieux qui s’ouvrait à elle. Elle remporte très vite l’épreuve de Roland-Garros en junior.
Lors du tournoi de Rome, Stere Halep a pris conscience que la vie de sa fille ne serait plus jamais pareille. Il la voyait pour la première fois à la télévision. "Elle affrontait Agnieszka Radwanska. Ses efforts étaient récompensés. À la télévision, les émotions sont décuplées. En tribune, vous maîtrisez mieux tout ce qui vous entoure."
Depuis les débuts pros de sa fille, le papa de Simona essaye d’être le plus souvent en tribune. Il n’hésite pas à l’encourager bruyamment. "Nous sommes une famille et nous avons le devoir de nous soutenir."
Lors de la quinzaine à Wimbledon, il a été porté par la réussite de sa fille. Avant même qu’elle remporte ce titre, il avait déjà une adoration pour le gazon londonien. "Tout est différent là-bas. L’atmosphère est unique. C’est mon préféré."
Si Simona Halep est à la tête d’un joli palmarès composé de deux titres du Grand Chelem (Roland-Garros 2018 et Wimbledon 2019) et de dix-neuf titres WTA, elle a également occupé la place de numéro un mondiale pour la première fois le 9 octobre 2017. Mais elle a également connu des moments de doute en s’inclinant lors de ses trois premières finales en Grand Chelem.
"Il est important d’avoir la capacité et l’intelligence d’apprendre à la fois des victoires et des défaites, quel que soit votre degré de joie ou de déception."
Sa défaite en finale à Roland-Garros contre Jelena Ostapenko l’avait fort marquée, tout comme celle de l’Open d’Australie, qu’elle a finie à l’hôpital en raison d’une sévère déshydratation.
Stere Halep classe dans les plus beaux souvenirs cette balle de match à Pékin qui propulsait sa fille à la première place mondiale.
"À ce moment-là, je me suis dit que je vivais mon rêve ! Mon rêve de vingt ans. C’était fait, et j’ai senti que j’avais couronné avec succès la mission que j’avais commencée il y a si longtemps."
Elle n’a pas l’image d’une machine de guerre. Simona Halep entretient le mythe de la sportive qui reste soumise à ses émotions. À ce titre, elle constitue un modèle pour les plus jeunes. "Ma fille est devenue un exemple à suivre et je suis extrêmement fier d’avoir élevé un tel enfant."
Être parent d’un athlète professionnel n’est pas une sinécure. Cette mission demande un ajustement perpétuel entre être présent sans être envahissant.
"Le rôle des parents dans la réussite d’un enfant est maximal. J’ai toujours cherché le bonheur de ma fille. Je voulais faire tous ces sacrifices pour le bien de mon enfant. J’aurais été fier d’elle de toute façon, parce que, si elle n’avait pas eu l’occasion de jouer, elle aurait certainement eu un beau travail."
Grand-père depuis deux ans, Stere Halep est prêt à accompagner ses petits-enfants sur la voie du sport professionnel.
"S’ils ont des compétences sportives. Ils feront de toute façon du sport pour le plaisir afin de garder la santé. S’ils veulent aller plus loin, je serai là."
Sa nièce: “Elle est la plus importante”
Simona Halep a toujours été une figure centrale dans sa famille. C’est elle qui a attiré les médias dans son clan. Sa réussite sportive a toujours été suivie de près par l’ensemble de ses proches qui se rendaient volontiers sur les tournois avec elle. En 2017, elle est devenue la tante d’une petite Tania qui lui a volé la vedette. Du jour au lendemain, la fille de son frère a fait craquer tous les membres de la tribu Halep. Sur le ton de l’humour, elle confiait en marge de sa tournée asiatique 2017 que, “par le passé, j’avais ma famille à mes côtés, mais, maintenant, je ne suis plus si importante (rires). Ma nièce est la personne la plus importante de ma famille. Ils sont tous à la maison. Je suis seule avec mon team.” D’ailleurs, la championne a consacré ses moments de détente à Tania car elle voulait être là pour la voir grandir. Elle avait même changé sa photo de son instagram en y dévoilant les traits de sa nièce
Sa cousine: un suicide qui laisse mille questions
Elle préférait oublier certaines dates. En 2015, elle a été confrontée à un drame qui laisse mille questions. Sa cousine Nicica Arghir s’est suicidée dans leur maison à Constanta. Simona Halep disputait à ce moment le tournoi d’Indian Wells. Elle a disputé un match quelques jours après cette terrible annonce. Elle est montée sur le court pour rendre à sa manière hommage à Nicica. Elle lui a dédié la victoire. “C’est une situation pénible pour tout le monde, pour moi et pour la famille”, déclarait-elle face aux médias.
Son modèle: “Henin, mon idole”
Elle n’a aucun lien de sang avec elle, mais Simona Halep aurait adoré l’avoir comme sœur. Justine Henin est une source d’inspiration pour sa carrière. “J’adorerais jouer contre Justine Henin, avait déclaré Halep en 2013. Nous avons une taille similaire et j’aime son style car elle jouait de manière très agressive. Elle se déplaçait très bien sur le terrain. J’ai essayé de m’inspirer de ses coups pour renforcer mon jeu. Henin était mon idole.” Elles se sont rencontrées sur le plateau de France Télévisions à Roland-Garros où Justine Henin jouait le rôle de consultante.
Son Grand-père: Il lui a offert… un mur
Il y a deux ans, elle a perdu son grand-père Nicolae. Il avait toujours soutenu sa petite-fille depuis le premier jour où elle a tenu une raquette en main. Il avait ainsi affirmé que Simona pouvait taper la balle sur un mur de la maison jusqu’à ce qu’il s’effondre
Son papa: Stere, un joueur de foot
Il est un personnage central dans l’éclosion de la championne roumaine. Stere Halep est un ancien joueur de football qui a réussi sa reconversion. Il dirige une usine laitière. Il jouait en défense pour un club roumain, Stejaru. Quant à sa maman, elle était mère au foyer. Il a ensuite revendu son entreprise qui n’était plus rentable.
Son frère: “C’est lui qui m’a transmis son amour du tennis”
Nicosor a six ans de plus que Simona. Comme toutes les petites sœurs, elle voulait imiter son frère. Elle n’avait que 4 ans quand elle a tenu sa première raquette. “Je voulais commencer le tennis pour le copier. C’est lui qui m’a transmis son amour pour le tennis.” Elle a très vite pris goût à la petite balle jaune. Tous les jours, elle s’entraînait, dès ses 6 ans. Sa réussite était inéluctable, mais il lui fallait encore accepter tous les sacrifices, dont celui de quitter sa famille à 16 ans pour rejoindre un centre d’entraînement à Bucarest.