"Ce sera difficile, mais Federer a une chance", confie Patrick Mouratoglou
Préface du match de la quinzaine parisienne, Federer - Nadal, avec l’expertise de Patrick Mouratoglou.
- Publié le 07-06-2019 à 07h11
- Mis à jour le 07-06-2019 à 09h40
Préface du match de la quinzaine parisienne, Federer - Nadal, avec l’expertise de Patrick Mouratoglou. Patrick Mouratoglou a très hâte de voir ce nouveau duel entre Rafael Nadal et Roger Federer. Si l’Espagnol part forcément favori sur cette surface, le coach français se dit que le Suisse, qui reste sur un 5-0 face à l’Espagnol, a une carte à jouer. Il est également impatient de voir ce que Rafa a vraiment dans le ventre ici.
Roger Federer a-t-il une chance dans cette demi-finale ?
"Il y a toujours une chance en tennis, plus ou moins importante. On sait exactement ce qu’il va devoir faire s’il veut gagner, et on sait pertinemment que la marche est très haute et que ça va être très difficile de tenir. Mais oui, il a une chance."
En jouant l’attaque à tout va ?
"Oui évidemment. Depuis 2017, il a trouvé la solution et donc l’a battu cinq fois de suite : il frappe son retour de revers au lieu de le choper donc ne donne plus la main d’entrée à l’adversaire, il joue son revers en avançant et pas au-dessus de l’épaule, et puis il a privé Rafa de temps, ce qui est une des clés essentielles si on veut pouvoir le battre. Si on lui laisse du temps, on n’a aucune chance. Faire tout ça sur terre battue c’est plus dur. Et ce qui ne m’a pas rassuré, c’est que lors du match, où l’objectif était le même, il n’a pas vraiment réussi."
La pression sera tout de même beaucoup plus sur Nadal dans ce match, cela peut-il jouer ?
"S’il perdait contre Federer ici, ce serait étonnant et effectivement ça remettrait beaucoup de choses en question. Rafa sera très tendu en début de match, et donc il ne faut surtout pas que Roger le détende."
Quand il dit qu’il est aussi revenu sur terre battue pour jouer Rafa…
"Je pense qu’il dit ça pour mettre la pression à Rafa et c’est bien joué. C’est malin. Quand il dit ça j’entends : je t’ai battu cinq fois de suite, je vais voir si je peux te battre aussi sur terre et puis je te rappelle que je t’ai battu les cinq dernières fois ; et ensuite il lui dit qu’il n’a pas peur. Un match, ça se joue aussi en dehors du court."
Le fait qu’il reste sur cinq victoires face à Nadal aura-t-il vraiment un impact psychologique ?
"Oui, ça c’est sûr. Tu vois un gars en face de toi, un gars que tu as battu les cinq dernières fois, ça n’a rien à voir. Et ça compte aussi dans l’autre sens. Rafa ne sera pas serein, donc le début de match sera essentiel. À Federer de maintenir le doute. Si Rafa est très crispé, ce n’est pas pareil…"
Revoir Federer à ce niveau sur terre battue ne vous surprend pas ?
"Il n’a jamais eu aucun problème avec la terre battue. Il a eu le même problème que tout le monde et il s’appelait Rafael Nadal. Mais il a toujours très bien joué sur terre. Il n’y a que Novak qui ait vraiment battu Rafa sur terre. Et puis il est très bien physiquement, fait beaucoup moins d’efforts que les autres donc a besoin de moins de caisse. Quand tu vois l’énergie déployée par Rafa… L’aspect physique va jouer dans ce match, et je suis vraiment très curieux et très impatient de voir Rafa dans le combat physique parce que j’ai des gros doutes."
Depuis plusieurs mois ou sur ce Roland-Garros ?
"Depuis plusieurs mois. Depuis le 1er janvier, il ne joue quand même plus du tout comme avant. Il n’a jamais été aussi agressif, joue en deux ou trois frappes et ce n’est pas du tout son jeu donc ça cache quelque chose. Son jeu c’est une base physique avec une régularité monstrueuse qui au fur et à mesure étouffe le rival. Et le match contre Goffin m’a aussi alerté : au début du troisième, il a un coup de barre monstrueux. J’aimerais donc voir ce qu’il se passe quand il faut aller puiser."
Un Federer - Nadal, ça reste un match que vous avez toujours hâte de voir ?
"Bien sûr ! Et d’autant plus maintenant, car il y a eu un moment où tu connaissais déjà le résultat à l’avance. Pour certains observateurs c’était frustrant de voir Roger continuer à faire toujours les mêmes choses alors qu’on savait très bien qu’il n’y allait pas avoir de miracle. Maintenant ce vendredi les conditions climatiques, si elles sont vraiment lourdes, ne seront pas favorables à Federer."