Dopage dans le sport amateur : bientôt des contrôles dans nos salles de fitness !
Jogging, fitness, crossfit,futures cibles de l’Organisation nationale antidopage (Onad).
- Publié le 02-03-2019 à 07h13
- Mis à jour le 02-03-2019 à 08h19
Jogging, fitness, crossfit,futures cibles de l’Organisation nationale antidopage (Onad).
La lutte contre le dopage évolue ! Le 14 novembre dernier, un décret modificatif a été adopté, par le Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles. Il n’est pas encore en application car un arrêté d’exécution, en cours d’élaboration, doit encore être adopté par le gouvernement. Cela devrait intervenir en principe encore durant ce premier semestre.En résumé , la réforme vise, au départ, à permettre à l’Organisation nationale antidopage (Onad) de répondre à toutes ses obligations de signataire du Code mondial antidopage. "Une de ces obligations prévoit que l’Onad doit s’assurer que toutes les décisions prises en cas de dopage soient conformes au Code mondial antidopage, notamment en ce qui concerne les sanctions ou encore la manière dont il faut motiver les décisions, explique Elisa Engels, chargée de la communication de l’Onad. Avec le système actuel où la compétence disciplinaire relève des fédérations, on avait un système poreux ou en tout cas imparfait : soit des fédérations (souvent petites ou sans grands moyens) n’avaient pas les ressources et/ou l’expertise internes pour atteindre cette exigence de qualité (et d’égalité) dans les décisions ; dans certains cas, il n’y avait aucune fédération (ex : fitness ou certaines courses) derrière avec, dans ces cas-là, un risque d’impunité complète, ce qui n’était pas non plus un bon message, notamment en termes de prévention et de santé publique."
Donc, la réforme vise d’abord à s’assurer que tout cas de dopage détecté par l’Onad (suite à un contrôle ou à une enquête, qu’elle peut aussi mener) aboutisse à une décision et, le plus souvent à une sanction qui soient pleinement conformes au Code mondial antidopage.
C’est aussi, naturellement une question d’égalité entre tous les sportifs et tous les sports : un même fait de dopage doit pouvoir recevoir la même sanction et ce, quel que soit le sport concerné.
Qu’est-ce qui va réellement changer ? "Cela va notamment permettre de contrôler certains sportifs non affiliés dans certaines salles de fitness. L’on sait, notamment par la Flandre qui pratique ce genre de contrôles depuis des années, que ce types de missions, très souvent menées en coopération avec la police, aboutit bien souvent à de nombreux cas positifs. Les chiffres peuvent parfois monter sur près de 50 % des cas."
On pourrait se dire que, contrôlé positif ou pas, un sportif amateur n’en a cure…
"Pour eux, une sanction sportive (suspension) n’a pas beaucoup voire pas d’effet. Donc, la réforme prévoit aussi que tout sportif dopé, suite à une décision de la CIDD, recevra aussi, à côté de la sanction sportive (elle s’impose quand même car c’est une obligation du Code), une amende administrative, qui sera proportionnelle à la gravité des faits. Par exemple, un dopage pour prise de cannabis sera moins sévèrement sanctionné qu’une prise d’anabolisant. De même, le trafic sera très lourdement sanctionné."
"On ne fait pas de cheval de course avec un baudet'"
En vingt ans, les produits sont devenus plus durs et les contrôles se font toujours aussi rares.
Les témoignages à visage découvert sont difficiles à obtenir dans le chef de sportifs dopés. La peur du regard et du jugement des autres y est pour beaucoup. Mais les langues se délient une fois l’anonymat garanti. "Je suis organisateur de course cycliste. Sur 120 organisations à ce jour, il y a eu seulement trois contrôles, c’est bien trop peu !"
Un ancien cycliste évoque son propre cas. "Oui, je me suis dopé. Dès que l’on avait un petit niveau, on allait chez certains médecins. Mais on ne fait pas de cheval de course avec un baudet. Il fallait être à 100 % pour que cela soit efficace pour être au top. Mais c’est clair, plus bas, c’est une véritable boucherie : amphétamines et autres crasses comme le pot belge qui existe toujours, il fallait juste avoir la chance de ne pas être contrôlé. Moi, ce que j’ai pris, comme l’EPO, ce n’est pas plus grave que fumer 15 pétards par jour. On n’avait pas peur d’être pris, l’EPO fait ses effets le sixième jour, mais n’est traçable que quatre ou cinq jours après la prise !"
Olivier Dulon n’a pas eu recours au dopage, mais il apporte son regard d’expert sur la problématique. "Rien n’a changé depuis 20 ans. La seule chose est la dureté des produits. On est passé à un stade supérieur. C’est à mes yeux un problème de santé publique. D’accord, il existe du dopage dans le sport amateur, mais si on venait à contrôler aussi, par exemple, les travailleurs à la chaîne, on serait surpris. Il faudrait plus de prévention et surtout, que des structures comme l’Onad bénéficient de plus d’indépendance et surtout de soutien financier. Ils doivent être encouragés."
Et la prévention dans tout ça ?
"Sans mauvais jeu de mots, la prévention sera dopée mais, dans ce sens-là, c’est pour une bonne cause."
Une personne va être engagée à temps plein à l’Onad pour développer, avec le reste de l’équipe, un plan complet de prévention, d’éducation (même dans les écoles) et de communication relatif à la lutte antidopage. "Le but est réellement de former et d’éduquer, dès leur plus jeune âge, les jeunes sportifs aux valeurs du sport, à l’éthique et au fair-play, et donc à un sport sans dopage."
Il n’existe pas de données séparant le coût du contrôle du sportif professionnel de celui de l’amateur. Les chiffres globaux prévoient en 2018 693 000 € pour la lutte contre le dopage, soit 141 000 € de plus qu’en 2013 !
Si nous regardons les statistiques des dernières années, la tendance du dopage est relativement stable dans le temps. "Il est clair que ce pourcentage devrait décoller en 2019 avec l’arrivée des contrôles dans les structures non chapeautées par des fédérations sportives (salles de fitness, crossfit, courses à pied avec classements à l’arrivée)."