Luc Maes est parti pour relever le défi de sa vie : "Courir 200 km dans la vallée de la Mort ne me fait pas peur"
Le Belge Luc Maes s’est élancé cette nuit pour un défi de 217 km et de 4 000 mètres de D + sous une température flirtant avec les 50 degrés. Bienvenue à la Badwater.
- Publié le 16-07-2019 à 07h59
- Mis à jour le 16-07-2019 à 15h46
Le Belge Luc Maes s’est élancé cette nuit pour un défi de 217 km et de 4 000 mètres de D + sous une température flirtant avec les 50 degrés. Bienvenue à la Badwater. 217 km, 4 000 mètres de dénivelé positif. Mais surtout une température qui, le jour, flirte en permanence avec les 50 degrés. Bienvenue à la Badwater, l’une des courses les plus dures au monde, dont le départ a été donné dans la nuit de lundi à mardi (en Belgique), en plein cœur de la vallée de la Mort, en Californie. Un décor particulièrement inhospitalier, où l’ombre n’existe pas et où, même en pleine nuit, le thermomètre descend rarement sous les 40 degrés.
Pas de quoi effrayer Luc Maes, électricien indépendant de 57 ans lorsqu’il ne court pas et qui est le deuxième Belge seulement après Philippe De Witte à avoir la "chance" de s’élancer sur cette épreuve. Chance, oui. Car seuls 100 dossards sont distribués chaque année, dont seulement 50 à des novices sur l’épreuve. Autant dire que les candidatures, qui doivent être très bien ficelées et répondre à de nombreux critères, sont bien plus nombreuses que les places disponibles. Mais le résident d’Ham-sur-Heure, avec quinze années d’ultra dans des valises l’ayant notamment emmené sur l’UTMB, la Diagonale des Fous ou encore le Tor des Géants, a su convaincre les exigeants organisateurs.
Luc Maes, vous avez souvent dû entendre que votre défi était fou, voire inhumain. Pourquoi avoir choisi de le relever ?
"Je ne pense pas que ce soit de la folie. Pas dans mon cas en tout cas. Ce n’est pas là un exploit sportif que je tente, mais plutôt une envie que je veux mener à bien. Bien sûr, il faut d’abord très bien se connaître avant de se lancer. Mais, avec mon expérience, je pense que c’est le cas. Je sais que cela sera par moments très difficile, que j’aurai des creux. Mais j’ai le mental qui, avec le repos, est un des facteurs les plus importants de la réussite d’un tel défi. Je n’ai pas peur de dire que, malgré ce qui m’attend, je verrai plus que probablement l’arrivée, sans mettre ma santé en danger."
Comment est née cette envie de vous aligner Badwater ?
"Cela a mûri naturellement. C’est un ami qui connaît bien les États-Unis qui m’a parlé de ce concept. Avant, je n’en avais jamais eu vent. Je me suis renseigné et ai vite compris qu’il était difficile de s’y inscrire. C’était il y a 4 ans…. Me voici aujourd’hui en course !"
Les défis toujours plus longs et toujours plus durs semblent être une tendance de fond ? Comment de votre côté vous êtes-vous mis à l’ultra ?
"Par un pari. (rires) C’était en 2003. Jusqu’alors, je n’étais qu’un coureur du club d’Ham-sur-Heure, qui s’alignait sur des courses tout à fait classiques en Belgique. Lors d’une soirée, un autre coureur du club a évoqué l’organisation d’une course de 100 km dans notre pays, par les Coureurs célestes. Moi, je ne savais même pas que de telles choses existaient chez nous. La soirée avançant, on s’est promis à 3 de participer à cette course. C’était en octobre. Au mois de juin qui suivait, nous étions au départ. Depuis, j’en ai fait des ultras…"
Vous vous reconnaissez dans cette quête du "toujours plus" ?
"Plutôt que de dire que je recherche des défis toujours plus difficiles, je dirais plutôt que je cherche, sur le plan humain, à faire toujours plus de rencontres. C’est mon moteur. Dans ce type de course, tu te retrouves avec des personnes venues de tous les horizons qui sont dans le même bateau que toi. Cela permet de partager et de vivre beaucoup d’émotions. Bien sûr, j’aime me fixer de nouveaux objectifs. Après la Diagonale des Fous, sans doute la plus dure des courses que j’ai faite, ou le Tor des Géants, la plus longue, la Badwater me permet de vivre une nouvelle épreuve légendaire. Une chose est sûre, je ne cherche pas à me mettre en danger. Je m’entraîne encore beaucoup, il ne faut pas croire que tout se fait d’un claquement de doigts. J’ai aussi appris à écouter mon corps et à savoir comment il réagissait."
En guise de préparation, vous avez couru sur un tapis de course dans votre serre !
"C’est vrai. Mais c’était plutôt pour tenter de comprendre comment mon corps allait réagir sous une température avoisinant les 50 degrés. Mais je n’ai pas fait des heures et des heures comme ça sur mon tapis. Simuler une course dans la vallée de la Mort depuis la Belgique, c’est tout simplement impossible. J’ai bien couru lors de la dernière canicule, mais le climat est bien plus sec, heureusement, là-bas que chez nous. Mais c’est sûr qu’en me voyant sur ce tapis dans ma serre, je me trouvais un peu fou." (rires)
Le défi ne vous fait donc pas peur ?
"Non, je suis prêt ! La distance ne m’effraie pas. Pour la température, on verra bien…"
Un défi caritatif
Impliqué dans la vie associative locale, Luc Maes a rapidement voulu mêler un projet caritatif à son rêve américain. Dans ses valises, il a donc emmené deux personnes moins valides : Franck, un ingénieur civil de 28 ans de Florennes resté paralysé après un accident de moto, et Dominique (58 ans), handicapé mental du home André Livémont à Aubechies, accompagné de son éducateur. Tous deux ont pris part, en marge de la Badwater, à un marathon à la frontière de la vallée de la Mort. “En travaillant sur un projet dans une institution pour handicapés mentaux, j’ai découvert sur un mur une liste de noms avec, à côté, des kilomètres. J’ai compris qu’ils faisaient du sport et de la course à pied. Cela a boosté mon envie de leur proposer mon projet, voici trois ans déjà”, insiste Luc Maes, à la tête d’une ASBL pour promouvoir le sport pour tous et qui est dénommé “Défi Sports et Handi-CAP”.
Des fonds pour financer ce projet caritatif ont été récoltés alors que, via un crowfunding, le Hennuyer espère bien remettre une belle somme à Cap 48 à l’issue de son défi.