Toma Nikiforov: "Mes muscles fondent !"
Le Bruxellois évoque ses premiers jours après son opération du ligament croisé.
- Publié le 12-09-2018 à 07h02
Le Bruxellois évoque ses premiers jours après son opération du ligament croisé.
Son genou droit coincé dans une attelle, Toma Nikiforov s’aide de ses béquilles pour se déplacer. En ce samedi 8 septembre, notre champion d’Europe aurait dû être sur le tatami à l’occasion de l’inauguration officielle du nouveau dojo du Crossing Schaerbeek, son club.
Mais la vie en a voulu autrement… Alors, contre mauvaise fortune, bon cœur, Toma répond avec le sourire à tous ceux qui lui demandent de ses nouvelles, même à la question la plus insolite, du style : "Mais qu’est-ce que tu as ?"
Victime d’une déchirure du ligament croisé du genou droit, le 12 août, à Budapest, diagnostiquée le 21, le Bruxellois a été opéré le 24, à Anvers, par le docteur Declercq. Une intervention délicate dont il se souviendra, même s’il s’agissait déjà de la septième de sa carrière, à seulement… 25 ans.
"Ma mère et mon frère m’ont accompagné pendant toute la journée, ce vendredi-là, et je l’ai vue pleurer dans ses bras. J’espère vraiment que ce sera la dernière. À la fois pour moi, mais aussi pour ma famille. Je ne veux plus obliger mes parents et mon petit frère à vivre cette situation…"
S’isolant quelques minutes, après les discours de Bernard Clerfayt, bourgmestre de Schaerbeek, et d’Alain De Greef, président du Crossing, Toma accepte d’évoquer ces deux premières semaines d’incapacité ou de revalidation, déjà…
Toma, comment vous sentez-vous ?
"Mieux ! Mais je fonds. Ou plutôt mes muscles fondent… C’est incroyable ce que j’ai déjà perdu ! En principe, j’en avais pour deux semaines de béquilles et six d’attelle. J’ai un rendez-vous de contrôle ce jeudi. À la sortie, je devrais pouvoir marcher sans béquilles, ce qui sera la première étape de ma revalidation. J’attends aussi avec impatience de pouvoir retravailler le haut du corps, histoire de ne pas trop perdre."
Avez-vous encore mal ?
"Oui ! Mais ce n’est rien en comparaison des trois jours qui ont suivi l’opération. J’ai… presque pleuré de mal, tout en maudissant le chirurgien. C’était aussi un peu de ma faute. Je n’ai pas pris d’anti-douleurs parce que je n’aime pas trop ça. Ceci dit, j’avais vraiment mal lors de mes séances chez le kiné. Si mal que j’ai appelé le médecin. Je voulais le revoir car j’étais inquiet. J’avais l’impression qu’un truc clochait…"
Et…
"Eh bien oui ! Mon genou était anormalement gonflé en raison d’une inflammation post-opératoire. Le médecin m’a ponctionné trois seringues… C’était le 31, le jour du Mémorial Van Damme. Comme chaque année, j’y étais invité avec ma famille. Mais, là, j’étais convié au tour d’honneur après mon titre de champion d’Europe. Je n’aurais manqué ça pour rien au monde. Alors, d’Anvers, je suis rentré au plus vite à Bruxelles. Je suis arrivé juste à temps."
Le titre européen, l’opération, le Mémorial Van Damme, quelle année ! Avec des hauts et des bas…
"Oui ! Je me serais bien passé de l’opération… C’est vrai, ce titre de champion d’Europe est gravé dans ma mémoire. Mais j’espérais enchaîner avec le monde, moi ! Quant au Van Damme, j’ai beaucoup apprécié la communion avec le public. C’était génial ! Mais, c’était aussi la première fois depuis l’opération, une semaine avant, que je me retrouvais si longtemps debout. Une fois le tour d’honneur terminé, j’ai encore tenu quarante minutes. Puis, je suis rentré pour me coucher. Je n’en pouvais plus."
On le suppose : le judo vous manque déjà…
"Tout me manque ! Sauf le régime… Attention : je ne mange pas n’importe quoi ! Alors, oui, le judo me manque terriblement. Pouvoir m’entraîner normalement parce que, depuis quelque temps, j’avais mal au genou. Je pense que la blessure était latente, mais personne ne s’est rendu compte de la gravité. Les judokas sont des durs au mal, mais l’oublient avec la victoire, la médaille, comme moi à Tel Aviv. Oui, tout me manque : le groupe, l’ambiance, mon collègue Sami. Et puis, j’avais très envie de combattre au Mondial de Bakou parce que c’est là que j’ai décroché ma première médaille, en 2015, lors des Jeux Européens."
En revanche, après l’épaule en 2013 et le genou en 2018, vous n’irez plus à Budapest…
"Cette ville est définitivement maudite pour moi. J’espère qu’il n’y aura plus de championnats là-bas. Mais je regarderai ce Mondial et je supporterai tous les judokas belges qui y sont engagés. Je serai à fond derrière eux !"
Cette blessure a-t-elle un impact dans votre vie quotidienne ?
"Euh oui… D’abord, parce que j’habite au quatrième étage ! Mais je le prends comme un bon exercice. Sinon, je ne peux pas bouger et répondre favorablement à mes potes qui m’invitent à manger ou, simplement, à boire un verre. Je suis aujourd’hui tout ce que je ne suis pas habituellement : calme ! Il n’y a que mon portefeuille qui ne se plaint pas…"
Le temps vous semble-t-il déjà long ?
"Un peu, mais je suis bien entouré. J’ai vraiment de la chance. Et, croyez-moi, je reviendrai encore plus fort en prenant le temps de la guérison. Je ne suis pas trop habitué à voir à long terme mais, là, j’y suis obligé."
Rendez-vous en mars 2019 ?
"Rendez-vous quand je serai prêt à 100 % !"