Décryptage de l'adversaire avant Angleterre - Belgique: "Le jeu créatif n’est pas dans l’ADN anglais"
Jonathan Beckers, l’un des rares Belges à avoir évolué en Angleterre, décrypte le fonctionnement du stick outre-Manche.
- Publié le 15-12-2018 à 07h38
- Mis à jour le 15-12-2018 à 11h26
Jonathan Beckers, l’un des rares Belges à avoir évolué en Angleterre, décrypte le fonctionnement du stick outre-Manche. Les hockeyeurs belges ne franchissent pas facilement la Manche avec leurs sticks. Rares sont les traces de Belges ayant évolué dans le championnat anglais. Quentin Lemaire et Jonathan Beckers ont tous deux porté le maillot d’un des cadors, Beeston. En 2011-2012, Jonathan Beckers n’avait pas hésité à partir en Erasmus durant cinq mois à Nottingham. Sept ans plus tard, il ne regrette pas son choix même s’il lui a coûté sa place chez les Red Lions. "Colin Batch m’avait dit que, si je partais, je devais faire une croix sur les Lions. Mes études étaient prioritaires."
Avec son stick, il est parti à la conquête d’une université, d’un club et de toute une ville. "Beeston avait été champion la saison précédant mon arrivée. Je débarquais dans une belle écurie. Beeston fait partie du Top 4 anglais au même titre que Reading, Wimbledon et Surbiton. Actuellement, Surbiton marque le pas au détriment de Holcombe qui a joué l’EHL cette année."
En une demi-année, il a fréquenté un championnat méconnu sur le Vieux Continent. "Beeston est une équipe très physique et déterminée. Tout est réglé. Quand tu as la balle sur le flanc droit, tu dois l’envoyer à un point bien précis. Si ton coéquipier n’est pas là, c’est de sa faute. Aucune place n’est laissée à la créativité. Au contraire, les Argentins et les Espagnols sont des créatifs à 100 %. La force des Belges est de se situer entre les deux pôles."
Quand il doit comparer les championnats anglais et belge, l’actuel joueur de l’Orée n’hésite pas. La Division d’Honneur est plus forte. "Les 4 grosses équipes anglaises valent les places 2 à 6 de notre DH. Le reste de la division est moins fort. Quand tu affrontes un noyau du bas de classement, tu sais que tu vas gagner car le niveau est très différent. En Belgique, chaque match peut déboucher sur une surprise."
Angleterre et Belgique ne proposent pas la même philosophie en matière de calendrier. "Le championnat anglais ne s’arrête pas quand les internationaux disputent un tournoi. Certaines grosses équipes peuvent donc se retrouver très déforcées."
Le joueur anglais ne s’exporte pas beaucoup vers les Pays-Bas, la Belgique ou l’Espagne. La majorité des internationaux anglais restent à proximité de Londres où a lieu 3 à 4 entraînements par semaine. "Si tu n’y es pas, tu ne peux plus être sélectionné, confirme Jonathan Beckers. Catlin et Carson ont pris la décision de jouer en Belgique cette année. Ce choix leur a coûté leur place à Bhubaneswar."
En ce qui concerne les contrats des joueurs, les Belges ont une longueur d’avance mais… "Chez nous, tout passe par les clubs. En Angleterre, le réseau des écoles et des universités est très développé. J’ai joué pour l’unif de Nottingham qui affrétait des bus pour nos matchs."
Les trajets, également, diffèrent. En Belgique, aucun trajet n’excède 90 minutes pour se rendre chez l’adversaire. "Je me souviens d’un Reading - Beeston. Nous étions vite partis après le match car nous avions trois heures de route en voiture avec un coéquipier."
six ans plus tard , Jonathan Beckers a gardé des contacts avec Beeston et Nottingham. "L’expérience fut exceptionnelle. Il m’arrive d’appeler aujourd’hui Quentin Lemaire avant ses matchs avec Beeston."
Absent des feuilles de match en indoor, le joueur de l’Orée, qui a porté les maillots du Léopold, du Racing, du Pingouin et de Beeston, profite de ses enfants et de son épouse durant cet hiver. À 30 ans, il regardera les matchs à la télévision ce week-end avec la ferme volonté de voir une victoire des Red Lions, même s’il est le plus Anglais des Belges à l’ARBH et qu’il a, au fond de son armoire, le maillot de Beeston.