Derrière Nafi, ils "font" aussi les épreuves combinées: "Je suis prêt à me battre pour une médaille"
En l’absence de Kevin Mayer, Thomas Van der Plaetsen aura une belle carte à jouer à l’heptathlon.
- Publié le 01-03-2019 à 06h41
- Mis à jour le 01-03-2019 à 08h36
En l’absence de Kevin Mayer, Thomas Van der Plaetsen aura une belle carte à jouer à l’heptathlon. Il faut sans doute y voir le signe d’une ambition assumée : Thomas Van der Plaetsen est arrivé dès lundi en Écosse, en provenance de son camp de base en Afrique du Sud. "Je voulais avoir assez de temps pour récupérer du long voyage", dit l’athlète de Deinze, qui a établi la meilleure performance mondiale de l’année (6 132 points), en février, à Gand, où il était très… seul. "La forme est là, clairement. J’ai travaillé dernièrement de fins réglages et j’ai approché mon record au poids lors d’une compétition test. Mon expérience parle pour moi (NdlR : à 28 ans, il est le plus âgé du plateau) et j’ai de bonnes sensations. En plus, j’adore le format de l’heptathlon en salle, plus court, plus nerveux, que le décathlon. Ici, il y a beaucoup d’interactions avec le public qui est vraiment très proche. Quant à cette MPM 2019, elle signifie que je suis en excellente condition et que je suis prêt à me battre pour une médaille mais elle ne dit rien sur la qualité de la concurrence."
Celle-ci est incarnée par le Russe Ilya Shkurenyov (record : 6 353 points !), l’Espagnol Jorge Urena (6 249) ou encore le Britannique Tim Duckworth (6 188). Kevin Mayer, lui, n’est pas présent. "Pour le public, c'est dommage mais pour moi, c’est certainement une bonne chose tant il est au-dessus du lot pour le moment, sourit Thomas, qui semble sûr de sa force. Il n’y a pas tellement d’athlètes qui peuvent signer 6 200 points, un total où le podium peut se jouer, et moi, je peux certainement tourner autour de mon record (NdlR : 6 259 points, en 2014, lorsqu’il fut médaillé de bronze aux Mondiaux de Sopot) , voire l’améliorer. Donc, oui, je suis un candidat au podium et j’espère me battre pour l’or. Mais je sais aussi qu’en salle, chaque erreur se paie au prix fort."
Thomas Van der Plaetsen ne s’est pas trop laissé polluer l’esprit par les remous causés par la convention imposée par la LRBA aux athlètes. "J’ai la chance d’être bien protégé par ma sœur (Helena est sa manager) et par mon frère (Michael, son coach) quand ce genre d’incident se produit. Cette structure familiale me permet aussi d’être assez indépendant. Franchement, cette convention n’était pas nécessaire, certainement pas à ce moment-là, lorsque tous les athlètes rentrent dans une bulle de concentration. Ce genre de polémique entrave le travail de tout le monde, à commencer par les gens qui m’entourent. Je suis bien placé pour savoir que ce genre d’histoire peut aussi avoir des répercussions sur le plan sportif, surtout quand on est jeune. Franchement, c’est intolérable, ce n’est pas ce qu’on attend d’une fédération."
Et quelle aurait été sa réaction s’il s’était retrouvé dans la position de Nafi Thiam, menacée d’exclusion en pleine compétition à Berlin ? "La seule réponse possible, c’était un doigt d’honneur à mon interlocuteur. Je le répète : la manière dont les choses se sont déroulées est absurde."
Hanne Maudens: "Les gens vont enfin me voir !"
Déjà plus performante que Tia Hellebaut à l’époque, Hanne Maudens, 21 ans, se réjouit de sortir de l’ombre de Nafi Thiam.
Son visage, où peuvent se lire un peu de timidité mais surtout beaucoup d’envie et une grande détermination, fait déjà partie de ceux qui sont habitués aux grands rendez-vous. À pas encore tout à fait 22 ans (elle les fêtera le 12 mars), l’heptathlonienne Hanne Maudens disputera ce vendredi, après les Mondiaux de Londres et l’Euro de Berlin, ses troisièmes grands championnats en seniors, les premiers en salle.
Sa qualification pour le pentathlon de Glasgow, la native de Wetteren l’a décrochée avec brio, en signant un total de 4 569 points la situant au troisième rang des meilleures performeuses mondiales et européennes de l’année. "J’aimerais faire encore mieux ici à Glasgow et me classer à une belle place d’honneur" , souligne celle qui fut médaillée de bronze, en 2016, aux championnats du monde juniors à l’heptathlon. "Mais pendant la compétition, en aucun cas je ne penserai à mon classement. Je tâcherai de donner le maximum dans chacune des cinq épreuves et on verra ce que cela me rapporte au final. En tout cas, je suis fin prête !"
Hanne Maudens, mise en confiance par un nouveau record national en longueur pris à… Nafi Thiam, n’a jamais caché son admiration pour la reine belge des épreuves combinées, qui cristallise évidemment l’attention médiatique en Belgique. Et on se souvient qu’à Götzis, malgré de larges épaules, la jeune femme avait été un peu affectée, avant d’entrer en compétition, par ce manque de considération envers ses propres performances, qui, en des temps moins fastes, auraient sans doute bénéficié d’un tout autre écho. Car n’oublions pas que cette étudiante (en sciences pédagogiques) de l’Université de Gand, en se classant 6e avec 6 252 points en Autriche, a fait mieux que Tia Hellebaut et se présente donc comme la deuxième heptathlonienne de l’histoire de l’athlétisme belge.
"C’est dommage pour Nafi d’être blessée à un mauvais moment et de ne pas pouvoir défendre ses chances cet hiver. Mais oui, bien sûr, ça me fait plaisir de pouvoir bénéficier de davantage d’attention. Les gens vont enfin me voir aussi" , sourit Hanne Maudens, meilleure coureuse que Nafi. "J’ai déjà fait une belle progression cette année mais je veux me donner le temps d’évoluer à mon rythme. Je suis encore jeune et j’ai encore beaucoup de marge."
Après avoir quitté Philip Gilson pour Wim Vandeven, son nouvel entraîneur ("je sentais que c’était le bon moment pour changer"), Hanne Maudens semble entre de bonnes mains. Et peut-être déjà en position pour sortir de l’ombre de Nafi Thiam.