Nos sportives à l'honneur: "Les critiques sur le foot féminin irritent Tessa"
Aline Zeler est impressionnée par la dimension prise par Tessa Wullaert, joueuse de City et capitaine des Red Flames.
- Publié le 08-03-2019 à 07h13
- Mis à jour le 08-03-2019 à 10h57
Aline Zeler est impressionnée par la dimension prise par Tessa Wullaert, joueuse de City et capitaine des Red Flames. À 25 ans, elle a pris une dimension qu’elle ne pensait sans doute jamais atteindre. Tessa Wullaert est en bonne voie pour devenir une des icônes du football féminin belge. Voire l’icône, tout simplement. Depuis ses premiers pas à Zulte Waregem, ses débuts à Anderlecht, puis son éclosion au Standard, l’attaquante des Red Flames a franchi des étapes à pas de géant. À Wolfsbourg durant trois saisons et désormais à Manchester City, elle est la Belge qui réussit le mieux à l’étranger.
"Elle n’était pas spécialement super-ambitieuse au début de sa carrière", nous révèle Aline Zeler, ex-coéquipière au Standard et chez les Red Flames. "Elle a toujours voulu jouer à l’étranger, c’est vrai. Mais en réalité, elle prend tout ce qui vient. Elle voulait d’abord terminer ses études avant de quitter le cocon familial. Elle a pris le temps et c’est une très bonne chose. Elle aurait pu partir plus tôt, mais elle a attendu le bon moment. Elle prend toujours le temps de réfléchir, avec sa famille notamment."
Au Standard, sa détermination à réussir était énorme. Très vite, le club a placé beaucoup d’espoirs en elle. "Quand elle était plus jeune et qu’on évoluait ensemble au Standard, elle était impatiente de jouer des matchs. Elle avait envie de prouver qu’elle avait le niveau. Et vu son talent, on lui en demandait déjà beaucoup. Je me souviens qu’on devait s’arranger pour aller aux entraînements et aux matchs à Liège. Elle habitait à Courtrai, donc elle faisait la route jusqu’à Bruxelles pour nous rejoindre. Et puis on allait ensemble à Liège. Et c’était pareil au retour. Cela démontre sa motivation. Ce n’était pas rien comme trajet plusieurs fois par semaine. Tessa est très déterminée à réussir. Cela a toujours été le cas. Plus jeune, elle était très respectueuse des joueuses plus expérimentées. C’est parfois rare chez les jeunes. Elle était toujours à l’écoute et prenait ce qu’il y avait à prendre."
Ce qui transpire dans son caractère. Tessa Wullaert est de nature assez calme. Mais son esprit est aussi bouillant. "Tessa est assez discrète", explique Zeler. "Certains pensent qu’elle fait la vedette mais c’est totalement faux. Elle n’aime pas trop se mettre en avant. Quand on l’entend à l’interview par exemple, elle parle toujours de l’équipe et jamais d’elle-même. Elle a son caractère. Elle peut parfois pousser une gueulante. Quand cela ne va pas, on le sait et on l’entend. Elle veut que ça tourne, elle déteste perdre. C’est une mauvaise perdante. Mais pour moi c’est une qualité. Quand tu as une joueuse comme elle qui a la rage en face de toi, tu as peur. Certaines adversaires ne sont pas à l’aise de l’avoir en face."
Cette détermination a pu lui jouer des tours. Une motivation extrême qui pouvait parfois être négative pour tout le monde. "Elle a un peu changé à ce niveau. Quand elle était plus jeune, elle était parfois négative quand quelque chose ne tournait pas. Elle râlait souvent quand elle ratait quelque chose ou qu’on perdait un match. Aujourd’hui elle est plus calme et posée. Elle a reçu le brassard en équipe nationale parce qu’elle le mérite. Sa tête est bien sur ses épaules."
Son mental, elle l’a forgé à l’étranger. Partir seule n’a pas été simple pour elle. D’autant que rien n’était gagné. "En Allemagne c’est difficile", avoue son ancienne équipière. "Tu passes en général après les joueuses locales quand tu es étrangère. Parfois tu ne joues pas pendant quatre ou cinq semaines sans raison. Mentalement tu dois être forte. Elle s’est forgée son caractère là-bas. Pour elle c’est difficile d’être éloignée de sa famille. C’est pour ça qu’elle est toujours contente de revenir en Belgique pour jouer avec les Red Flames."
À l’étranger, elle s’est aussi rendu compte que le foot féminin pouvait avoir une place plus importante.
"Tessa est déterminée pour le développement de son sport. Elle joue à fond son rôle d’ambassadrice. Elle est désormais capitaine des Red Fla mes et je pense qu’on a bien choisi. Elle veut mener son équipe à la victoire et elle va bien remplir ce rôle. Avoir des responsabilités en plus, cela lui fait du bien. Cela l’irrite d’entendre des critiques infondées sur le foot féminin. Cela la met même hors d’elle. Elle a vu comment cela se passe en Allemagne et en Angleterre. Et elle ne comprend pas pourquoi on ne peut pas faire la même chose en Belgique. Ce ne sont pas les mêmes moyens. Elle a un sentiment de révolte. Mais quand on veut faire bouger les choses en Belgique, cela prend du temps."