Lukebakio dit tout: “Je mérite d’être repris avec les Diables rouges” (VIDEO)
En pleine bourre avec Düsseldorf, Dodi Lukebakio progresse et est ambitieux.
- Publié le 20-02-2019 à 06h30
- Mis à jour le 20-02-2019 à 09h38
En pleine bourre avec Düsseldorf, Dodi Lukebakio progresse et est ambitieux. Claquettes aux pieds et sourire aux lèvres : Dodi Lukebakio (21 ans) est, dans la vie comme sur le terrain, décontracté.
Confortablement installé dans l’une des salles de meeting de la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf (52 000 places assises), il nous voit, émerveillés, devant la superbe vue qui s’offre à nous.
"Et encore. Là, c’est vide", sourit le Diablotin. "Quand le stade est rempli et que les supporters chantent, l’ambiance est simplement exceptionnelle."
Un peu comme votre saison jusqu’à présent.
"C’est vrai que je me sens bien. Le mois de décembre a surtout été faste, pour moi (il a été élu meilleur jeune joueur du mois en Bundesliga), mais surtout pour l’équipe (qui a enchaîné 12 points sur 12). Sans mes équipiers, je ne serais arrivé à rien."
Votre match de référence cette saison, c’est lequel ?
"Vous vous attendez à ce que je parle du triplé face au Bayern, j’imagine. Mais il y a d’autres matchs, face à Dortmund ou Stuttgart où je me suis bien senti. Après, nous sommes surtout une équipe qui joue le contre donc je ne peux pas vous dire qu’à tel ou tel match j’ai touché plus de ballons et je me suis senti vraiment au top. Mais c’est vrai qu’au Bayern, j’ai été très efficace. C’est ça qui fait la différence dans le football."
C’est dans ce domaine que vous avez le plus progressé ? Vos stats sont éloquentes : 11 buts et 3 assists toutes compétitions confondues.
"Oui. Avant, je faisais des bons matchs. Maintenant, je finis. Mais je ne suis pas encore arrivé à l’objectif chiffré que je m’étais fixé cette saison (sourire). Il en reste quelques-uns. Je suis quelqu’un d’ambitieux, comme je l’ai toujours été. Et c’est cette ambition qui m’a poussé à me faire prêter, alors que Watford ne voulait pas. Moi, il fallait que je joue, que j’apprenne. Même si cela doit passer par des mauvais matchs. Mais l’important était de disputer une première saison complète."
À Watford, les perspectives de jouer étaient plus petites ?
"Je l’ai senti, oui. Le coach comptait sur moi mais moi je voulais jouer une saison entière. Je ne voulais pas revivre une saison comme la précédente. C’est pour ça que je leur ai demandé d’aller en prêt, mais pas n’importe où. J’avais de possibilités en Belgique, à Bruges ou Anderlecht, je crois, notamment mais Watford ne voulait pas. Je devais rejoindre une compétition qui ressemble à l’Angleterre. Et finalement, je suis venu à Dusseldörf, qui me suivait et appréciait mon profil depuis un match amical que j’avais joué avec Charleroi, où j’avais marqué (un retourné acrobatique). Mais j’avais aussi été exclu, je ne comprends toujours pas pourquoi d’ailleurs (rires). Düsseldorf fait souvent ça : ils prennent, en prêt, des joueurs qu’ils connaissent et qui sont dans des situations un peu difficiles. Je savais qu’ils me donneraient ma chance."
Même s’il faut beaucoup défendre, en Allemagne, ce qui n’a pas toujours été votre tasse de thé.
"Mais j’ai appris. Moi, j’ai été formé à Anderlecht, dans un football dominant. Mais depuis que j’ai quitté le Sporting, j’évolue dans des équipes qui jouent plutôt le contre, comme Charleroi, par exemple, ou Dusseldörf désormais. Ce n’est pas évident mais aujourd’hui, c’est mon bagage. Que d’autres n’auront pas. Et si j’arrive aujourd’hui dans un club qui joue au foot, je ne vais pas oublier mes réflexes défensifs. Je le ferai quasiment automatiquement. C’est sûr et certain."
Votre polyvalence va aussi vous servir. Ici, vous jouez à gauche, à droite, comme numéro 9…
"Oui, exactement. Même si j’ai une préférence pour le côté droit ou pour la position de deuxième attaquant, comme neuf et demi. Mais changer de place ne me dérange pas, tant que c’est une position offensive."
Depuis votre triplé contre le Bayern, vous avez senti une différence de comportement par rapport à vous chez les adversaires ? On vous connaît, maintenant...
"Oui, c’est pour ça que cette deuxième partie de saison est un peu difficile car le marquage est vraiment différent. Je remarque ça de plus en plus. Normalement, contre une équipe comme nous, qui joue en contre, les backs sont très hauts. Mais maintenant, ils restent. Donc je me sens plus attendu qu’avant. Les gens attendent beaucoup de moi… et j’ai de moins en moins d’espace. Mais c’est une nouvelle phase d’apprentissage pour moi. C’est normal, c’est le football. Je prends ça comme un challenge, je dois passer un autre palier."
À Düsseldorf ou ailleurs ?
"Je ne suis pas maître de mon futur."
Vous avez pris l’habitude de changer de club chaque année.
"Et je n’aime pas ça du tout, je tiens à le dire ! Cela me dérange énormément car cela n’a jamais été un objectif. Encore une fois, c’est la preuve que je ne suis pas maître de mon avenir. Maintenant, j’aimerais être stable et rejoindre un club qui me correspond plus, qui a plus le ballon, où j’aurais plus de libertés."
Avant de penser à changer de club, il y aura l’Euro U21. Vous êtes impatient de le jouer ?
"Bien sûr. Un million de fois : bien sûr . C’est mon objectif final, cette saison. C’est un tournoi que tout le monde a envie de jouer et je suis impatient d’y être."
Entre une sélection pour les matchs amicaux du mois de mars, chez les A, par Roberto Martinez et gagner l’Euro U21, que choisissez-vous ?
"Gagner l’Euro U21. Mais ne renions pas le fait que j’aimerais quand même être en équipe première."
Le sélectionneur fédéral a clairement laissé entendre qu’il ne reprendrait pas de U21 en A avant l’Euro. Il dit que ça pourrait vous perturber de venir en A puis de retourner en U21.
"Je pense que quand tu performes, tu mérites d’être récompensé. Une sélection avec les A, une équipe dominante et de haut niveau, c’est l’occasion de progresser, De s’entraîner avec de grands joueurs. On ne peut qu’apprendre. Et cela ne voudra pas dire qu’on a moins envie de jouer avec les U21 ou qu’on ne sera pas motivés. Au contraire. Je trouve donc ça un peu dommage."
Mais il n’y a que trois matchs pour préparer l’Euro U21.
"Je le comprends parfaitement. Mais notre objectif, c’est de jouer en A. Oui, on doit s’y préparer. Et je ne veux pas paraître arrogant, au contraire, mais je pense que je mérite d’être sélectionné. Et après, on verra directement sur le terrain si j’étais prêt ou pas. Attention, je comprends ce que le sélectionneur veut dire, il sait exactement ce qu’il fait. Et il a toujours le dernier mot. J’espère qu’il voit nos matchs."
Et les journalistes, pas assez ?
"Il y a beaucoup de talents chez les jeunes belges et je pense qu’on n’en parle pas assez. Certains ont dit qu’on était une des générations les moins douées de ces dernières années. Alors qu’on joue tous en équipe première et on joue dans nos clubs respectifs. Pour moi, ce groupe a le potentiel pour faire de grandes choses sur la scène internationale. Il y a une vraie osmose entre nous. On se bat les uns pour les autres. Il n’y a pas d’ego. On a un bon groupe, j’espère que ça va aller durant l’Euro. En tout cas on est tous motivé pour aller aller loin."