Khalilou Fadiga avant la finale de la CAN : "On s’est tous promis qu’on ramènerait le trophée au Sénégal"
Khalilou Fadiga dévoile les clefs de la réussite du Sénégal, qui affronte l’Algérie en finale de la CAN, ce soir.
- Publié le 19-07-2019 à 08h08
- Mis à jour le 19-07-2019 à 16h37
Khalilou Fadiga dévoile les clefs de la réussite du Sénégal, qui affronte l’Algérie en finale de la Can.
À l’autre bout du fil, Khalilou Fadiga sourit. Fatigue aussi un petit peu, après un gros mois de travail en Égypte pour cette Coupe d’Afrique des Nations où il a enfilé sa casquette de membre de la Commission technique de la Caf, qu’il troquera ce vendredi pour celle de supporter du Sénégal.
Pour la première fois depuis 2002, les Lions de la Teranga sont en finale, où ils affronteront l’Algérie. "C’est très particulier", évoque le gaucher.
Parce que lui était sur le terrain lors de cette défaite aux tirs au but contre le Cameroun. Parce qu’il est resté très proche aussi de l’équipe actuelle.
"J’ai énormément de jeunes frères dans cette équipe, que je conseille dans le foot, et en dehors aussi. Je suis un grand frère pour eux. Koulibaly, Keita, je les ai tous invités au restaurant à manger avant leur départ. Je suis un peu leur mentor. C’est une fierté pour moi. Et puis, il y a Aliou Cissé (l’actuel sélectionneur), qui était mon capitaine, Lamine Diatta, que j’ai tous les jours au téléphone, Tony Sylva", confie avec enthousiasme Fadiga avant de s’arrêter sur les clefs de cette belle épopée qu’il espère victorieuse.
Khalilou, il existe un vrai trait d’union entre le Sénégal de 2002 et celui de 2019…
"Oui, cela fait partie du succès de cette équipe. On a toujours mis en avant le Sénégal plus que nos individualités. On a beau avoir tous du caractère, s’être engueulés, une fois qu’on était sur le terrain, on était tous unis derrière le drapeau. C’est ce qui fait la force du Sénégal et de cette génération-là qui s’est alignée derrière les grands frères, Aliou Cissé et le staff. Ce ne sont pas que des entraîneurs mais aussi des grands frères. La communication est plus simple, plus limpide."
Vous avez joué un rôle avec El-Hadji Diouf dans la nomination d’Aliou Cissé…
"On nous a demandé notre avis. J’ai échangé avec Aliou durant deux heures chez nous, sur la plage. J’ai discuté avec le président de la fédération. Je savais qu’Aliou pouvait le faire plutôt que de prendre des gens de l’extérieur. J’ai parlé avec le ministre des Sports. El-Hadji a fait de même. On trouvait que c’était le moment de lui donner sa chance, que l’expérience n’avait rien à voir là-dedans. Il fallait qu’on lui confie les rênes. On a été les premiers avec El Hadji à le dire."
Cissé, qui était votre capitaine en 2002, a toujours promis qu’il remporterait un jour le tournoi…
"On est à une marche. On s’est tous promis que si on n’y arrivait pas en tant que joueurs, on ferait tout pour que le pays l’obtienne tôt ou tard. On s’est tous promis qu’on ramènerait le trophée. Cette cohésion fait la force du Sénégal. La clef, c’est la cohésion. Pas seulement au niveau de l’effectif mais aussi de la population et de la diaspora. En découle un élan de sympathie en faveur du Sénégal."
Finalement, cette union sacrée n’avait jamais régné depuis 2002…
"Je pense, oui. Cela se ressent vraiment. Parce qu’il y a la réussite aussi qui va avec. Quand tu gagnes, c’est plus facile de t’entendre avec ton coéquipier. Le Sénégalais a toujours été fier, orgueilleux. Quoi qu’il puisse arriver, quand il est question du drapeau, même les pires ennemis... Les autres Africains le disent, ce patriotisme est inné chez nous. Et j’espère qu’il nous mènera au bout."
“Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu’on a chez nous ?”
Pour la première fois depuis 1998, la finale de la Can verra deux entraîneurs locaux s’affronter avec d’un côté Aliou Cissé et de l’autre Djamel Belmadi, deux hommes amis dans la vie dont les routes se sont croisées en France. “Cela prouve que le travail de formation de la Caf paye. Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu’on a chez nous ? Il y a de la compétence chez nous”, apprécie Fadiga. “On montre aux yeux du monde qu’il y a des grands entraîneurs en Afrique. Il est bon de faire confiance à nos entraîneurs, de leur donner leur chance plutôt que de parler de noms, d’expérience. Aliou et Djamel sont les symboles de ce renouveau désormais.” Kalidou Koulibaly va leur manquer…
Le Sénégal a tout tenté pour pouvoir compter sur Kalidou Koulibaly, faisant appel du carton jaune écopé par le défenseur lors de la demi-finale contre la Tunisie. Mais la CAF a logiquement confirmé la suspension du défenseur du Napoli et le Sénégal s’avance vers cette finale avec une charnière centrale formée par Cheikhou Kouyaté et Salif Sané. “On va essayer de gagner cette Coupe pour lui”, a promis Sadio Mané qui se retrouvera lui aussi face à une habituelle doublure. Youcef Attal blessé, Mehdi Zeffane remplacera l’ancien Coutraisien dont l’absence pèse nettement moins lourd que celle de l’ex Genkois. À noter que lors de la phase de groupe, l’Algérie s’était imposé 1-0 sur un Sénégal privé de trois titulaires (Sarr, Gueye et Sané).