Paul-José Mpoku: "Si je dois quitter le Standard, c’est pour mettre ma famille à l’abri"
Comme le Standard, Paul-José Mpoku est en progrès depuis le début de la saison. Et le capitaine liégeois a bien l’intention de démarrer 2019 en force, face à Courtrai. Malgré les convoitises.
- Publié le 19-01-2019 à 07h00
- Mis à jour le 19-01-2019 à 08h39
Comme le Standard, Paul-José Mpoku est en progrès depuis le début de la saison. Et le capitaine liégeois a bien l’intention de démarrer 2019 en force, face à Courtrai. Malgré les convoitises. Feinte de frappe du pied droit, frappe enroulée du pied gauche (en pleine lucarne) et célébration avec la fameuse danse Fimbu. La spéciale Paul-José Mpoku a encore frappé. En match amical, cette fois, face au Borussia Mönchengladbach, le 11 janvier dernier (victoire 2-0).
Le passage à 2019 n’a donc pas eu d’impact sur le médian liégeois de 26 ans. Il n’a pas changé. Dans sa personnalité et dans ses qualités principales, tout du moins. Car depuis le début de la saison, Polo semble plus mature, plus complet, plus régulier. À l’image du Standard, qui redémarrre le championnat en recevant Courtrai ce samedi soir (18 h). Un match que les Liégeois ne veulent pas rater. Parole de capitaine.
Polo, le Standard reste sur trois victoires de rang, fin 2018. Cela faisait longtemps que vous attendiez ça.
"Oui, pour moi, ces trois victoires sont significatives. Et ce, peu importe le nom des adversaires rencontrés. On recherchait cet enchaînement de bons résultats depuis quelque temps. Et je pense qu’on a su le faire au bon moment, juste avant la trêve. On sait désormais ce qu’on doit faire pour rester bien classés."
Entre l’équipe performante de fin 2018 et celle qui a perdu des points à gauche et à droite, où se situe le vrai Standard ?
"Le vrai Standard, on l’a vu contre Ostende, Zulte Waregem, Bruges à domicile, contre Séville, à Krasnodar… Beaucoup de fois, en fait. Celui qui avait la bonne mentalité, de l’envie."
Vous l’avez dit vous-même : l’irrégularité fait partie de l’ADN du club. C’est incontrôlable, ça ?
"Ce sera toujours comme ça. Mais je crois qu’avec ce que le club met en place, avec le nouveau staff et le nouveau système de jeu, on aura moins de jours sans. Cela arrivera peut-être une ou deux fois par saison. Et pas toutes les trois ou quatre semaines."
Concrètement, qu’est-ce qui a changé cette saison ? Michel Preud’homme et Emilio Ferrera, c’est si différent de ce que vous avez connu dans le passé ?
"Oui. Prenez les entraînements d’Emilio. Il est tout le temps dans le détail. Il n’y en a pas beaucoup qui ont eu l’opportunité de s’entraîner avec un coach pareil. Il me fait un peu penser à ce que j’ai connu en Italie. J’ai aussi été entraîné par Guy Luzon, qui était lui aussi très exigeant tactiquement. Emilio, il nous pousse. Même quand on gagne 3 ou 4-0. Quand je rate une passe, il me crie ‘Polo, tu peux pas rater ça !’ Sur le terrain, je m’embrouille avec lui et je lui dis ‘ Vas-y Emilio, c’est 4-0 !’. Mais quand je réfléchis, je me dis que ce qu’il fait, c’est bien. Cela montre où le club veut aller."
Justement, où en est la progression du Standard ?
"On commence à arriver là où on veut être. Cela ne va pas se faire en six mois, évidemment, mais on avance bien. Je dirais qu’on est à 60 %."
C’est assez pour jouer le titre ?
"Avec ce système de playoffs, tout est jouable. On doit d’abord être dans les PO1 puis on va essayer de gagner chaque match. Comme je l’ai dit à mon retour, moi, mon objectif c’est de récupérer le titre que j’ai perdu en 2014. Quand, comment ? Je ne sais pas. Mais mon souhait, c’est d’être champion. Et que mon nom soit associé à ce titre."
Comme celui de Preud’homme l’a été il y a onze ans… Quelle relation avez-vous avec lui ?
"Je le connais depuis longtemps. Quand je suis parti pour Tottenham à 16 ans, il était déjà là et m’avait poussé à rester. Mais ma décision était prise. Quand il était à Bruges, il me voulait. Donc on se connaissait déjà. Mais on a appris à encore mieux se connaître. Il est comme moi : il a toujours envie de gagner. Donc travailler avec lui, c’est facile."
Pourtant, au début, certains de vos équipiers ont avoué avoir eu des difficultés à comprendre ce qu’il voulait.
"Moi pas. Je suis habitué. J’ai joué en Italie, au Panathinaikos. Quand tu veux réussir, tu dois être exigeant. Dès le début, j’ai compris qu’il voulait être dominant avec et sans le ballon."
Il vous apporte quoi, Preud’homme ?
"Avec lui, tout est très professionnel. Avant, je ne faisais pas beaucoup d’appels vers l’avant : ce n’était pas ma qualité. Mais Michel Preudhomme m’a fait comprendre qu’en allant dans certains espaces cinq, six ou sept fois, le ballon finira par passer. Si on ajoute ça à ma technique et ma vision du jeu, je vais être plus efficace, plus utile pour l’équipe."
Votre première partie de saison, vous la jugez comment ?
"J’aurais pu faire mieux si je n’avais pas été blessé. Mais dans les matchs que j’ai joués, je pense avoir apporté ce que je devais. En quinze matchs, j’ai marqué six fois et donné trois assists. C’est ok. J’aurais pu faire plus. Mais il ne faut pas être trop gourmand ( sourire )."
Vous avez parfois été critiqué. Les gens sont-ils trop exigeants avec vous ?
"Mais c’est normal… Je prends cette responsabilité aussi de dire que je suis un ancien. Et quand cela ne va pas, on va trouver les anciens. Moi, ça ne m’atteint pas du tout. Quand je suis mauvais, je le sais. Je n’ai pas besoin qu’on me le dise."
Le système semble quand même bien vous convenir.
"( il coupe ) Il me convient parfaitement. Je dois essayer d’apporter quelque chose offensivement tout en faisant mon rôle défensif pour l’équipe, peu importe où je joue. Mais le plus important est de trouver les bons espaces. En défense, chacun doit être positionné à sa position. Moi, je dois plus être à droite car je peux quand même défendre un peu plus que Mehdi ( Carcela ), quoi (il sourit ). Des fois on change mais le coach se fâche parce que Mehdi ne prend pas son homme. Donc moi je dois quand même rester un peu plus à droite car je dois plus travailler défensivement."
Mais ça, ça ne se voit pas dans les statistiques.
"Exactement. Et aujourd’hui, les gens ne regardent que ça. Et ils ne voient pas spécialement le travail réalisé sans ballon. Parfois, je fais quatre ou cinq appels qui ouvrent des possibilités pour un autre joueur. Mais les gens vont dire que c’est l’autre qui a marqué. C’est la même chose quand tu gagnes une faute qui fait respirer l’équipe. Personne ne le souligne."
C’est aussi ça, le rôle d’un capitaine. Qui vous convient bien.
"Porter le brassard, c’est une grande fierté, évidemment. Mais je pense que ce leadership, je l’ai en moi. Déjà chez les jeunes, en club et en équipe nationale belge, j’étais souvent capitaine. J’aime ça, prendre des responsabilités."
Vous êtes à la fois un jeune, vu votre âge, mais également un ancien, vu votre passé.
"Oui, c’est vrai. Et le rôle des anciens est important. On doit transmettre certaines valeurs à nos équipiers, aux jeunes, pour qu’eux fassent de même par après. Quand on voit la montée de Régi ( Goreux ) contre Mayence (il est impliqué dans deux buts ) ou le niveau de Jean ( Jean-François Gillet ) à l’entraînement, on comprend pourquoi le club les a fait revenir. La même chose pour Poco. Des fois, on doit aussi rentrer dedans. C’est ça, la mentalité Standard."
Vous rêvez toujours d’un beau transfert ?
"J’ai toujours dit que si c’est pour aller dans un club comme Mayence (NdlR : actuel 12e de Bundesliga) , puisqu’on vient de les affronter, moi, ça ne m’intéresse pas. Ok, ils ont un plus gros budget que le Standard. Mais je préfère jouer le top ici, l’Europa League ou la Ligue des champions que jouer le maintien en Bundesliga. Si je dois partir, j’irai en Amérique, en Chine ou à Dubai."
Donc soit vous restez au Standard, soit vous mettez votre famille à l’abri ?
"Voilà. Ce que Junior (Edmilson) a fait, par exemple, je pourrais le faire. Regardez Mousa Dembélé, il part en Chine. Il met bien sa famille, il se met bien lui-même. Ce n’est pas spécialement ce que je désire maintenant, mais si ça vient…"
Et l’opportunité est déjà venue ?
"Le club a reçu une offre pour moi au début du mois de janvier. Et il l’a refusée ( 4 millions de la part de New England Revolution, en MLS, comme nous vous l’indiquions ce mardi ). Je n’ai aucun problème avec ça."
"Je ne me suis jamais senti aussi bien"
Plus affûté que par le passé, Paul-José Mpoku récolte les fruits du travail physique réalisé avec Renaat Philippaerts.
La semaine de stage que les Liégeois ont passée en Espagne, à Marbella, n’a pas été de tout repos. "On a bossé, hein… Renaat, il ne blague pas."
Renaat, c’est Renaat Philippaerts, le préparateur physique du Standard. Qui a été le pire cauchemar des joueurs durant huit jours.
"Lui, il ne nous fait pas de cadeaux. Un jour, on va l’attraper, le mettre dans le coffre de la voiture ou dans une manne, et le jeter à la mer", se marre Mpoku. "Plus sérieusement, ça nous fait plus que du bien, tout ce travail. On râle sur le moment mais on voit les effets. Moi, je suis bien. En fait, je ne me suis jamais senti aussi bien. Autour de nous, l’exigence est énorme. Le poids est pris tous les jours, nos urines sont contrôlées. C’est comme ça qu’on atteint l’excellence."
Mais n’est-ce pas trop difficile à digérer ? "Non", rétorque le Verviétois, qui a connu une blessure durant la première partie de saison. "Elle n’avait rien à voir avec la préparation physique. Il s’agissait d’une distorsion au niveau du genou. Cela m’a fait mal… et j’ai essayé de revenir trop tôt."
En faisant preuve d’impatience. "Il y avait des gros matchs à jouer et je sentais que l’équipe n’était pas bien. Je n’aime pas voir mes équipiers perdre. Donc on a essayé de faire vite. Mais j’ai compensé... et donc j’avais mal ailleurs. Contre le Club Bruges, par exemple, à domicile, tout le monde a dit : ‘ Polo a fait un tout gros match’ . Personne ne le sait mais il y avait certains mouvements que je n’arrivais même pas à faire…"
Mais cela fait partie du passé. "Maintenant, je suis à 100 %", assure le médian liégeois. Et il a bien l’intention de le rester.
"J'ai dit des conneries après Charleroi"
La dernière fois que Paul-José Mpoku s’est exprimé publiquement, c’était après Charleroi-Standard, le 26 décembre dernier. "On est le meilleur club de Wallonie. Charleroi récolte ce qu’il a semé", avait notamment asséné le médian, à chaud, après la rencontre remportée 0-1 par les Rouches sur la pelouse du Mambourg.
"J’étais énervé", admet-il avec un peu de recul. "Quand je revois mon interview, je me dis que j’ai dit des bêtises, des conneries. J’aurais dû me calmer avant de parler. On a gagné, j’ai marqué. J’étais un peu énervé après ce qu’il s’est passé au match aller notamment (il s’était blessé au genou après un contact avec Marinos) . Mais il faut savoir rester fair-play. Il y a des moments où je dois être plus calme, surtout en tant que capitaine. Si je devais refaire cette interview, je serais un peu plus soft . Car là, c’était un peu insolent. Et ce n’est pas moi."