Olivier Renard: "Directeur sportif, du recrutement ou cuistot, appelle-moi comme tu veux"
Sans détour, Olivier Renard revient, pour La DH, sur son changement de statut à Sclessin suite à l’arrivée de Michel Preud’homme.
- Publié le 01-12-2018 à 07h07
- Mis à jour le 01-12-2018 à 08h18
Sans détour, Olivier Renard revient, pour La DH, sur son changement de statut à Sclessin suite à l’arrivée de Michel Preud’homme. Arrivé au Standard en février 2016 en qualité de nouveau directeur sportif, Olivier Renard a : d’abord dû cohabiter avec Daniel Van Buyten, pensé à démissionner, reçu les pleins pouvoirs sportifs la saison dernière pour finalement voir, cet été, son statut passer de directeur sportif à celui de directeur du recrutement à l’arrivée de Michel Preud’homme.
Discret, celui qui a récemment intégré le conseil d’administration du club liégeois sort de son silence. Olivier Renard, qui a reçu pour consigne de ne pas s’exprimer sur le Footgate, évoque son nouveau rôle, ses rapports avec Michel Preud’homme, les transferts et le niveau de jeu actuel du Standard.
Olivier, comment vous sentez-vous dans vos nouvelles attributions ?
"Très bien. Bruno a eu l’opportunité de faire revenir Michel Preud’homme qui est tout de même une personnalité importante du football belge. Mon travail à moi consiste à être prêt, à n’importe quel moment, à fournir au coach une liste de différents profils pour toutes les places. C’est à moi, en partenariat avec d’autres personnes présentes dans la cellule de scouting, de donner au coach le maximum de noms de joueurs qui, pour nous, peuvent apporter un plus au Standard. Après, c’est à Michel à choisir s’il préfère un grand blond ou un petit brun. Ce qui m’importe, c’est que la cellule de scouting soit entendue."
De ce côté-là, rien ne change par rapport à la saison dernière.
"La différence, c’est que je n’ai jamais fait venir un joueur sans l’accord de Ricardo Sa Pinto. Il pouvait aussi me faire part de noms qu’il jugeait intéressants et si je n’étais pas d’accord, je lui disais non. Il fallait donc les deux oui. Aujourd’hui, c’est encore comme ça sauf qu’à l’arrivée, c’est Michel qui décide avec l’aval du président."
Vous ne prenez plus part aux négociations ?
"Si. Car pour soumettre une liste de joueurs susceptibles de coller au profil recherché par le coach, je dois savoir si le joueur peut être intéressé par le club, si on saura le payer et si le transfert est réalisable. C’est à moi de faire ce background. Je fais donc exactement la même chose que la saison dernière à la différence que, la saison dernière, si je ne sentais pas un joueur, je disais non. Aujourd’hui, Michel a le dernier mot. Évidemment, et le président le sait bien, si une liste de joueurs arrive sans mon accord, je ne serai pas très content mais on essaie toujours d’avoir la majorité entre le coach, le président et moi-même."
Vu de l’extérieur, passer de directeur sportif à directeur du recrutement s’apparente à une rétrogradation.
"Je peux comprendre cette réaction car, quand tu changes de titre, c’est qu’il y a un changement. Moi, je ne suis pas focalisé sur mon ego, l’étiquette, cela m’importe peu. L’important, c’est de savoir ce que je fais, surtout pour le bien du club. La saison dernière a été mouvementée, chaotique dans un premier temps et euphorique sur la fin mais c’était la première saison durant laquelle j’étais vraiment le seul décideur sportif après tout ce qu’on a connu par le passé. Je suis toujours très content d’être au Standard et j’ai une grande confiance en notre président et en la façon dont on travaille actuellement. Ce que je veux, c’est qu’on arrive à prendre des titres. En trois ans au Standard, j’ai connu deux succès en Coupe et ce titre honorifique de vice-champion mais je ne m’arrête pas à ça. Ce dont je suis fier par rapport à la saison dernière, et c’est toujours le cas aujourd’hui, c’est que le joueur qui arrive doit être souhaité et validé par le coach et la cellule de recrutement, cela évite des clashs."
Comment le président vous a-t-il présenté les choses ?
"Il n’a pas eu à prendre des pincettes car c’est lui qui décide. La saison dernière, le président m’a exposé son idée d’une possibilité d’un rapprochement avec Michel. Il m’a demandé mon ressenti, que je lui ai donné avant de lui préciser que je voulais me concentrer exclusivement sur la fin de la saison. À partir de ce moment-là, j’ai préféré me mettre en retrait par rapport à l’avancement éventuel du dossier. Si le président a envie de changer de coach, c’est son club, sa décision. J’ai appris très tard l’accord final avec Michel. En fait, je ne voulais pas être mis au courant de l’avancée du dossier car cela aurait été délicat de retourner ensuite dans le bureau du staff et faire comme si de rien n’était. Quand le nom de Michel est sorti, il n’y avait nullement d’accord entre le club et lui."
Après la sortie du nom de Preud’homme, vous êtes envoyé sur les plateaux de télévision. Étiez-vous mal à l’aise ?
"On était quelques jours après la victoire en Coupe et j’avais évoqué un timing catastrophique car, rétrospectivement, il n’y avait rien de fait. Après la saison, Ricardo Sa Pinto en a voulu à la direction remerciant tout le monde sauf elle, ce qui n’est pas bien grave. Mais il doit bien se dire que les deux seules personnes qui lui ont permis de terminer la saison en remportant la Coupe et en terminant deuxième, c’est avant tout Bruno et moi-même. Il a enrichi son palmarès grâce à la décision du club de le garder car, si en janvier ou en février, on avait changé de coach, tout le monde aurait compris. C’est ça qui fait la beauté du foot car, tu es critiqué parce que tu ne mets pas un coach dehors puis, tu es critiqué parce que tu changes dans l’optique d’être encore plus fort à l’avenir. Tout ça pour dire que le timing de cette annonce était mauvais surtout qu’à l’époque, personne ne savait comment cela allait se passer avec Michel."
Pour revenir à vous, vous avez intégré le conseil d’administration du club, qu’est-ce que cela vous fait ?
"C’est une marque de confiance de la part du président même si cela n’a jamais été un objectif pour moi. Quand on dit que j’ai reculé dans la hiérarchie, cette nomination au conseil d’administration démontre que le président est content de moi. C’est pourquoi je n’ai aucun problème avec l’étiquette qu’on peut me coller. Tu peux m’appeler directeur sportif, du recrutement ou encore même cuistot, c’est pareil. Je n’ai pas de problème avec ça. L’important, c’est de savoir comment on fonctionne en interne et avoir du respect l’un pour l’autre."
Avoir un coach vice-président, c’est tout de même peu commun...
"C’est avant tout un signal que le président a voulu lancer au vestiaire. Ces derniers temps, on a essayé de ramener l’ADN Standard en ramenant des joueurs importants dans le vestiaire et c’est en grande partie grâce à eux qu’on a eu du succès la saison dernière. Tout ça pour dire que le signal envoyé, au Standard, est toujours important. Certains joueurs sont là pour mettre de l’ordre dans le vestiaire et veiller à ce que ses valeurs soient respectées. En nommant un coach vice-président, le signal va également dans ce sens-là."
Vous avez toujours déclaré que si le plaisir vous quittait, vous arrêteriez. Qu’en est-il aujourd’hui ?
"C’est vrai. Tant que je m’amuse, je continuerai. Quand je suis arrivé au club, et je l’ai déclaré, j’étais mal à l’aise car je ne me retrouvais pas dans le projet qui m’avait été proposé et oui, j’ai pensé à partir. Moi, mon plaisir, c’est de trouver un joueur inconnu et de me dire qu’il pourra franchir un palier dans mon club. C’est le cas d’un Razvan Marin par exemple. Trouver un joueur, lui exposer un projet et s’y tenir, c’est ça que j’aime. Prenez Sofianne Hanni, personne n’en voulait quand il était en D2 en Turquie et il est devenu joueur de l’année après avoir obtenu un beau transfert. C’est ce genre de satisfaction qui agrémente mon boulot."
Depuis que vous êtes au Standard, vous avez même été approché par un club étranger. Vous auriez donc pu partir.
"Oui mais cela ne m’intéresse pas. Tant que je me plais où je suis, c’est le principal. Qu’il y ait de l’intérêt, OK, mais ce que je veux, c’est bien me sentir dans mon club et c’est le Standard."