Luyindama, le sauveur du Standard: "En cas de force majeure, je peux le faire"
Monté en pointe à la 83e, Christian Luyindama s’est rappelé au bon souvenir de son passé de buteur.
- Publié le 21-01-2019 à 06h40
- Mis à jour le 21-01-2019 à 07h45
Monté en pointe à la 83e, Christian Luyindama s’est rappelé au bon souvenir de son passé de buteur.
Fêté avant le match pour son prix du meilleur joueur congolais de l’année 2018, fautif sur le 0-1 de Teddy Chevalier et sauveur de tout un peuple rouche en fin de rencontre, la soirée de Christian Luyindama aura été riche en émotions.
Christian, comment expliquez-vous cette fin de match totalement folle ?
"Je trouve la victoire logique bien qu’elle soit tombée en toute fin de match. On a bien travaillé durant plus d’une semaine en stage et, après avoir bien commencé le match, on a récolté les fruits de notre travail durant la trêve."
Parlez-nous de ce repositionnement en attaque de la part de Michel Preud’homme...
"Vous êtes peut-être surpris, mais moi, je trouve ça normal. J’étais avant-centre auparavant et je sais qu’avec ma puissance et ma présence, je peux faire mal. Je sais comment garder le ballon et me positionner pour déstabiliser l’adversaire. Lorsque j’évoluais au TP Mazembe, j’ai été aligné cinq fois en pointe et j’ai inscrit huit buts."
La défense de Courtrai semblait perdue.
"Je l’ai ressenti (rires) . Je fais un peu peur. J’ai vu que cela les a désorganisés. Encore une fois, j’étais certain que je pouvais apporter quelque chose avec ma puissance."
Vous sentiez que vous alliez marquer ?
"Honnêtement, oui. Que ce soit du pied, de la tête ou autre, j’étais convaincu que j’allais la pousser au fond. Je suis comme ça, c’est dans ma nature, j’y crois toujours jusqu’à la dernière seconde."
À quoi pensez-vous lorsque vous inscrivez ce but ?
"Encore une fois, à tout le travail abattu durant la trêve. On en a bavé mais cela valait la peine."
Orlando Sa est toujours sur la touche et Obbi Oulare en rééducation, vous êtes donc le 2e attaquant derrière Emond ?
"Non non, je ne suis pas candidat (rires) . Je suis défenseur central mais, en cas de force majeure, je peux le faire. Ce n’était pas du tout programmé avant le match."
C’était une rencontre un peu bizarre pour vous puisque, avant d’être le héros, vous êtes fautif sur le but de Chevalier.
"C’est vrai. J’ai laissé trop d’espaces à Chevalier qui est un joueur intelligent. Il a effectué un bel appel et je pensais que Collins (Fai) était dessus. Avant ce but, on a tout de même galvaudé pas mal d’opportunités mais, fort heureusement, on a su rectifier le tir."
Le coach vous avait pourtant mis en garde avant le match, précisant que ce serait tout sauf facile.
"Cela s’est avéré. Courtrai est une belle équipe qui n’avait plus perdu depuis longtemps. Il y avait de la qualité dans ce groupe et on l’a ressenti. En Belgique, il n’y a pas de petit match."
Revenir au caractère, un peu comme contre Mayence en stage, c’est bon pour le moral ?
"Cela montre que nos efforts ont payé, on n’était pas là pour rigoler. Il fallait absolument l’emporter, d’autant que le calendrier qui s’annonce est plus que compliqué."
C’est maintenant qu’on va voir les ambitions du Standard ?
"Ce seront de gros matchs et on verra ainsi où on peut se situer."
Avec cette quatrième victoire de rang, vous restez bien installés dans ce top 6, de quoi espérer une qualification plus aisée que par le passé ?
"On est dans le bon mais rien n’est joué. Il faut rester concentré et ne pas se voir déjà arrivé. La régularité, c’est plus que jamais la clé."
Son maillot fait fureur en RDC
De plus en plus populaire au pays, les progrès du Boss ont surpris.
S’il a repensé "au travail abattu" durant la trêve au moment d’offrir la victoire contre Courtrai ( voir ci-contre ), ce n’est pas la première fois que Christian Luyindama a dû se faire violence. Pour s’imposer en Europe aussi, le colosse a consenti de nombreux efforts. "Son adaptation a surpris beaucoup de personnes au Congo parce qu’il n’était même pas un titulaire indiscutable là-bas" , se souvient Scott Kadina, journaliste pour LeopardLeaderFoot , qui a remis le trophée de meilleur joueur congolais 2018 au défenseur en prélude à la rencontre de samedi.
À 25 ans, le Boss a trouvé en bord de Meuse un environnement idéal pour parfaire son évolution. "Maintenant qu’il évolue au Standard, on voit sa progression à chaque match parce que le club compte sur lui et il bénéficie de la confiance du coach . Ce qui se traduit avec l’équipe nationale où il gagne également du temps de jeu", appuie le journaliste congolais avant d’encourager son compatriote à "rester quelques années" à Liège afin de ne pas brûler les étapes. "Tactiquement, il doit encore progresser. Sa relance n’est pas parfaite et il doit faire attention à son positionnement. S’il maîtrise ces trois domaines-là, il peut viser un club du Big Four anglais."
Pourtant, même s’il n’évolue pas dans l’un des meilleurs championnats d’Europe, Luyindama est une véritable star au pays. "Il n’est pas encore au niveau d’un Yannick Bolasie (Aston Villa) ou de Cédric Bakambu (Beijing Guoan) ", explique Scott Kadina le sourire aux lèvres, "mais sa cote de popularité a toutefois grimpé grâce à ses récentes prestations. Beaucoup de personnes portent aujourd’hui son maillot en RDC."
Une affection qu’il rend bien aux dizaines de milliers de Congolais se massant à chaque rencontre dans le stade des Martyrs de Kinshasa. "S’il dispose encore d’une belle marge de progression, la presse et les supporters comptent désormais vraiment sur lui en tant que joueur de l’équipe nationale" , termine Scott Kadina, qui voit en lui un futur patron des Léopards.