Carcela, Lestienne, Goreux: les fortunes diverses des Rouches lors de leurs expériences en Russie
- Publié le 08-11-2018 à 06h43
- Mis à jour le 08-11-2018 à 07h58
Quelques mois après son grave accident survenu à Genk, le Marocain vivait sa première expérience étrangère avec ce transfert au Anzhi de Samuel Eto’o. Tout comme ce fut le cas le 19 septembre dernier à Séville, Mehdi Carcela a eu comme une impression de déjà-vu en posant le pied sur le sol russe de Krasnodar mardi soir. Et pour cause, la Russie, ou plus exactement le Daguestan, fut sa toute première destination étrangère lorsqu’il signait, en août 2011, pour l’Anzhi Makhachkala du richissime propriétaire Suleyman Kerimov contre un chèque de 9,1M €.
"Je devais regarder des vidéos de moi sur YouTube pour me souvenir de mon style de jeu. Lors de mes premiers entraînements, je n’arrivais même pas à cadrer une frappe. On aurait dit que j’avais tout perdu."
Les débuts de l’épopée russe du Marocain ne lui ont pas laissé un souvenir impérissable. Arrivé en pleine convalescence suite au coup de pied de Chris Mavinga reçu en plein visage le 17 mai 2011 lors du match décisif pour le titre à Genk, Mehdi Carcela a dû prendre son mal en patience en Russie. "J’aurais pu opter pour Udinese ou encore le Lokomotiv Moscou", nous précisait-il la saison dernière.
Mais c’est finalement sur l’Anzhi Makhachkala que s’est porté le choix de Mehdi Carcela, et ce, pour une simple et bonne raison.
"C’était le club qui lui accordait le plus de temps pour sa revalidation. Anzhi ne le soumettait à aucune pression quant à son retour, au contraire de l’Udinese qui voulait qu’il soit opérationnel directement. Anzhi venait de recruter Eto’o, Boussoufa ou encore Roberto Carlos quelques mois plus tôt, Mehdi n’était pas leur priorité absolue", nous précise un de ses amis proches.
Son retour à la compétition, Mehdi Carcela l’effectuera le 2 août 2012, soit presque un an après son arrivée au club, en montant au jeu en fin de match contre Vitesse Arnhem au deuxième tour qualification de l’Europa League.
En Russie, loin de sa famille qui lui est si chère et de ses proches, Mehdi Carcela, qui n’a cependant jamais été seul tout au long de son séjour long de deux ans, a dû se reconstruire.
"C’est en Russie qu’il a ressuscité. Les médecins nous ont dit qu’il était passé à côté de la mort. Ils ne pouvaient pas garantir qu’il pourrait à nouveau jouer au football et encore moins dire s’il allait retrouver son niveau un jour. En Russie, il a de nouveau appris à jouer au football."
Implanté à Moscou dans un quartier résidentiel avec Mbark Boussoufa comme voisin (Samuel Eto’o, lui, avait privatisé les deux derniers étages d’un hôtel moscovite pour la modique somme de 100.000 € la location par mois), Mehdi Carcela a très vite été lassé par les longs voyages à effectuer pour se rendre au Daguestan où l’Anzhi se produisait.
"C’était éreintant pour lui", nous confie son ami. "Dès qu’il avait quelques jours de congé, il sautait à nouveau dans un avion pour revenir à Liège afin de voir sa fille qui n’avait pas fait le déplacement avec lui. La distance avec ses proches commençait à lui peser."
Après 47 apparitions (deux buts et huit assists) sous le maillot d’Anzhi, Mehdi Carcela a senti le vent tourner au moment où le propriétaire du club, Suleyman Kerimov décidait de réduire le nombre de joueurs étrangers au sein de son noyau .
"Il appréciait Mehdi et il était même prêt à le garder et à en faire son capitaine. Mais voyant tous les autres quitter le club, il a décidé d’en faire de même. Il pouvait alors signer à l’AS Rome mais c’est au Standard qu’il a voulu revenir pour se ressourcer."
Il suscitait la jalousie des Russes
En signant à Anzhi en 2011, Mehdi Carcela est passé dans une autre dimension financière. À tout juste 21 ans, celui qui touchait 5.000€ net par mois allait gagner 30 à 40 fois plus au Daguestan. Arrivé en même temps que Eto’o et Boussoufa, Mehdi Carcela a pu compter sur le soutien des deux hommes tout comme sur celui du Français Lassana Diarra, arrivé un an après le Marocain. Au sein du vestiaire d’Anzhi, la fracture était nette entre les étrangers et les joueurs russes. Ces derniers jalousaient d’ailleurs Carcela et les autres joueurs étrangers pour leur salaire mirobolant. La différence était en effet énorme sauf, peut-être, pour les internationaux russes qui, eux aussi, disposaient d’émoluments plus importants. Cette jalousie, Carcela l’a ressentie et elle a rapidement créé un climat malsain au cœur du vestiaire.
Goreux était parti à Samara à contrecoeur
En 2013, deux ans après son pote Mehdi Carcela, c’était au tour de Réginal Goreux, le clubman, de quitter son Standard pour rallier la Russie. Mais à la différence de son ami, ce choix s’est un peu effectué par défaut pour le latéral droit.
À l’époque, Réginal Goreux ne se voyait pas quitter le Standard. "Je serais resté pour deux fois moins que ce que me proposait Samara", déclarait-il à l’issue de son dernier match sous le maillot rouche à Gand en janvier 2013. "Samara a fait une offre et le Standard n’a pas pensé à me faire une contre-proposition. En fait, Roland Duchâtelet avait déjà accepté l’offre du club russe avant que je ne signe."
Une fois arrivé à Samara, Réginal Goreux a dû être assisté par un traducteur. "Il est constamment présent. Même sur le banc pendant les matches. Je peux le contacter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit", nous narrait-il lorsque nous l’avions joint en mars 2013.
Après 42 matches, trois buts inscrits (dont un à Krasnodar en 2013 pour un succès 0-3) et huit assists, Goreux déménageait à Rostov où il ne restera qu’une saison (17 matches) avant de revenir à Sclessin.
Lestienne: "La vie là-bas était compliquée"
Maxime Lestienne a connu des mois délicats au Rubin Kazan
Tout comme Mehdi Carcela, Maxime Lestienne a tenté l’épopée russe en 2016 en s’engageant pour le Rubin Kazan pour quatre ans. Mais, tout comme l’international marocain, Lestienne ne parviendra jamais à se faire une place de choix en Russie.
C’est quelques mois seulement après le décès de son papa, qui était d’ailleurs survenu six semaines seulement après celui de sa maman, que l’ancien joueur du Club de Bruges posait ses valises en Russie, toujours affecté par la perte de ses parents. "Je travaille avec un coach mental afin d’avoir les idées claires", précisait-il à l’époque.
Lestienne devra patienter plus d’un mois avant d’effectuer ses premiers pas en montant au jeu et en marquant face à Ural en septembre 2016. Lestienne passera ensuite son temps entre le banc et la tribune pour ne compter que 13 titularisations en 28 matches (six buts et trois assists).
Maxime Lestienne a également eu du mal à se faire à la vie en Russie. "Je ne jouais pas énormément et je rencontrais quelques pépins physiques", assurait-il à son retour en Belgique. "C’était compliqué, que ce soit pour ma femme, mes enfants ou moi, de vivre là-bas. On en avait assez de passer notre temps dans les avions."
En janvier 2018, à la suite des problèmes financiers rencontrés par le Rubin Kazan, Maxime Lestienne prendra le large pour atterrir à Malaga malgré l’appel du pied d’Olivier Renard.
"Olivier m’avait contacté afin de voir s’il était possible que je rejoigne le Standard mais j’avais alors répondu que je souhaitais encore connaître une expérience à l’étranger avant de revenir en Belgique. Olivier avait respecté ma décision", nous précisait-il cet été après son arrivée en bord de Meuse. Ce n’était que partie remise pour le Mouscronnois qui signera finalement pour quatre ans au Standard l’été dernier.