Robert Spehar, ancien Brugeois et Rouche, préface le match: "Bruges aurait peut-être eu besoin de moi avec Wesley"
Robert Spehar, ancien buteur brugeois dans les années 1990, passé ensuite au Standard, rêve de voir son Club coiffer Genk au poteau.
- Publié le 16-05-2019 à 06h56
- Mis à jour le 16-05-2019 à 11h34
Robert Spehar, ancien buteur brugeois dans les années 1990, passé ensuite au Standard, rêve de voir son Club coiffer Genk au poteau. D’habitude, quand une ancienne gloire d’un club vient donner le coup d’envoi, elle se contente de quelques applaudissements vers les tribunes et ça suffit.
Robert Spehar (49 ans) fait partie d’une autre caste. Celle des gros caractères au charisme débordant. Quand il monte sur le terrain, le Croate harangue la foule à coups de grands gestes. Du show qui rappelle le joueur fantasque qu’il était au Club Bruges de 1995 à 1997.
"J’étais tellement honoré d’être invité par le club pour le match contre Genk. J’ai vécu de grandes choses ici avec deux titres, une Coupe et un trophée de meilleur buteur (1997). J’ai créé une relation folle avec les fans et j’ai ressenti leur respect dimanche. C’est pour cela que j’ai levé les bras, comme quand je marquais des buts il y a plus de 20 ans. Je vois qu’ils s’en sont souvenus."
Avec son diplôme d’entraîneur en poche, Spehar pense avoir trouvé une nouvelle vocation. "J’ai été président de club et là, je bosse un peu comme agent", dit-il. Un job qu’il hésite encore à abandonner pour des raisons familiales.
"Si tu veux te lancer dans le coaching, il faut être prêt mentalement. Du jour au lendemain, tu peux être dans un autre pays, puis te faire virer quelques semaines plus tard. J’ai fait vivre ma famille dans six pays différents en tant que joueur et je me rends compte que c’est chez moi que je suis le mieux."
Dans sa Croatie natale mais aussi à Bruges. Une Venise du nord qu’il a toujours considérée comme sa deuxième maison. "J’ai connu de grands clubs par la suite mais Bruges restera toujours une ville spéciale."
C’était votre première destination hors Croatie…
"Et je suis parti juste après la guerre. Je changeais complètement de contexte de vie et c’était stressant d’arriver en Belgique. J’avais un peu peur mais, directement, tout le monde m’a accueilli. Ma fille est née peu après mon arrivée et j’ai été vraiment soutenu."
Quel souvenir reste le plus fort pour vous ?
"Il y a trop de choses. Tous mes buts (NdlR : 44) et les trophées. Ce sont les choses qui restent."
On pensait que vous parleriez de votre lob des 50 mètres contre Lokeren…
"Ce but… Le plus beau de ma carrière. C’était un moment spécial. Un pur geste de buteur. J’avais vu que le gardien était loin de son but et je m’étais dit que ça valait la peine de tenter sa chance. En une seconde, j’ai levé les yeux et ma frappe est partie. Je peux la retenter 100 fois, je n’en mets pas une (rires). J’avais réalisé un match dingue avec quatre buts et deux assists."
Cela vous résume bien, non ? Vous étiez un buteur à part !
"Chaque joueur a un truc particulier. Certains sautent haut, d’autres courent bien. Moi, je savais marquer. C’était inné. J’avais une bonne technique des deux pieds mais surtout un bon feeling devant le but. J’étais déjà comme ça étant gamin. Je savais où me placer et comment courir pour marquer. Il n’y a plus beaucoup de joueurs de mon style. Ils ont d’autres qualités, certainement plus que moi, mais sentir le but, c’est un truc à part. Si tu marques 20 buts par saison, tu peux dire que tu l’as."
Il manque un profil comme le vôtre dans le Bruges actuel…
"Je n’aime pas me comparer aux autres. De ce match que j’ai vu dimanche contre Genk et à la télévision cette saison, le Club joue très bien."
Qu’avez-vous pensé de Wesley ?
"J’aime beaucoup ce que j’ai vu. Il est super grand et fort. Puis, il va vite pour un gars de ce format. Il sait garder le ballon et fait jouer les autres. Il court beaucoup, défend. Regardez la liste de qualités que je lui trouve (rires) ! C’est vraiment un attaquant de grande classe."
Auriez-vous aimé jouer avec lui : Wesley en tant qu’homme fort et vous pour mettre le ballon au fond ?
"Le foot a trop changé en 20 ans. Tout va plus vite maintenant et plus rien n’est pareil qu’avant. Une chose est restée immuable : un vrai buteur aidera toujours. Surtout avec un grand gaillard comme Wesley à ses côtés. Il me fait un peu penser à Mandzukic. En équipe nationale croate, Kramaric est souvent à ses côtés. Madzukic bosse, garde le ballon et le remet à Kramaric qui marque. Cela me fait dire que le Club aurait peut-être eu besoin d’un vrai tueur comme moi pour tourner autour de Wesley et finir les actions. Ce genre de profil est devenu très cher car on demande à un buteur d’être ultra-complet. Le business a évolué et un club belge ne peut plus acheter le meilleur buteur du championnat de Croatie, ce que j’étais à mon arrivée à Bruges. Il y a tellement d’argent ailleurs que les grands clubs viennent directement les chercher."
Et pourtant, les clubs belges parviennent à trouver des pépites comme Wesley…
"La politique du Club est parfaite. La structure est bonne et j’ai appris qu’ils allaient construire un nouveau stade. Bruges mérite une nouvelle enceinte. Je garderai le Jan Breydel dans mon cœur mais il faut penser à l’avenir."
En termes de jeu, qu’avez-vous pensé de ce que vous avez vu ?
"Bruges a joué en adulte vu l’importance de la rencontre. C’était très stressant. Il n’était donc pas possible d’espérer un grand match de football. On a eu droit à beaucoup de duels et beaucoup d’agressivité. Genk était facile en première mi-temps mais après quand Bruges a commencé à attaquer face à son kop, ça a tout changé. Les gars se battaient pour l’équipe. C’était une mi-temps définie par le No sweat no glory du Club."
Croyez-vous encore au titre ?
"Genk joue très bien cette année. Cela ne m’étonne pas de les voir devant. J’ai trouvé dingue leur réaction suite au départ de Pozuelo. Chapeau. J’espère voir Bruges couronné en fin de compte mais finir deuxième sera un résultat duquel il faut être fier."
Que faut-il faire pour renverser la situation ?
"Le coach va leur dire qu’ils ne doivent pas penser à Genk et à une possible erreur. Gagne tes deux matchs pour finir en beauté. Si Genk prend assez de points, il faudra juste les féliciter car le sport est fait de ce genre de rivalités."
Ivan Leko réussi des choses brillantes avec cette équipe. Cela doit faire plaisir à un Croate comme vous…
"Je le connais très bien. Nous avons bu un café ensemble ce week-end. Regardez l’âge qu’il a (NdlR : 41 ans) et ce qu’il a déjà réalisé. Il a une belle carrière devant lui. C’est une bonne personne et un grand entraîneur."