En visite chez le papa de Vanaken: “Hans était fou d’Arsenal et de Henry”
Modeste comme son fils Hans, le seul grand favori pour le Soulier d’or, l’ex-joueur Vital Vanaken refuse de jubiler trop vite.
- Publié le 16-01-2019 à 05h32
- Mis à jour le 16-01-2019 à 09h29
Modeste comme son fils Hans, le seul grand favori pour le Soulier d’or, l’ex-joueur Vital Vanaken refuse de jubiler trop vite. En huit saisons comme joueur pro, Hans Vanaken (26 ans) a déjà obtenu 386 points et deux troisièmes places au référendum du Soulier d’or. Ce sont 386 points en plus que son papa, le fidèle libero de Lommel (pendant 8,5 saisons) et Malines (1,5 saison).
"L’écart entre nous deux est logique", sourit Vital (56 ans) en nous ouvrant la porte de sa maison à Lommel. "Hans est beaucoup plus fort que moi."
Ce mercredi soir, Hans pourrait doubler son total, vu qu’il est le seul grand favori pour cette édition du Soulier d’oor. Mais chez les Vanaken, une famille aussi exemplaire que modeste, on n’a pas encore mis le champagne au frais. "On ne sait jamais. Je reste prudent. Il n’a pas encore gagné !"
Votre épouse et vous, allez-vous allez à Puurs, pour le gala ?
"Oui. Même si on n’aime pas être sous le feu des projecteurs (NdlR : Renild, la maman, a d’ailleurs préféré ne pas poser en photo) . Si on peut éviter de rentrer via le tapis rouge, on le fera. (Rires) "
Votre femme et vous êtes Genkois. Genk peut-il gâcher la fête de Hans ? Ou le Standard, au premier tour ?
"Le Standard a brillé pendant les playoffs, et Genk est sorti du lot en ce début de saison. Mais Bruges a été le plus régulier. Et surtout Hans. Vous avez vu ses stats ? Elles sont phénoménales. Mais encore une fois, je ne m’emballe pas. Rappelez-vous l’année où Staelens était sûr de gagner, mais que De Bilde l’a emporté."
Vous serez nerveux ?
"Vu qu’il est le seul favori, comme vous dites, on ne peut être que déçu s’il ne gagne pas. Quand il y a plusieurs favoris, la situation est différente."
S’il gagne, vous allez fêter cela à la Vanaken, de façon humble ?
"Tout à fait. Je ne vais pas sauter au plafond. Nous n’avons jamais été exubérants, et nous ne le serons jamais. Quand il a été rappelé en équipe nationale, nous avons ouvert une bouteille de cava. Et nous avons fait la même chose quand il a signé à Bruges. Et d’ailleurs, on a encore un long trajet à faire, de Puurs à Lommel. Je ne peux pas trop boire."
Vous devez avoir eu Hans au téléphone, ces derniers jours. Il est relax ?
"Je vous assure qu’on n’a pas parlé du Soulier d’or. Hans est incroyable. Il parvient à tout relativiser. Tout ce qui est passé, il l’oublie. Comme sa maman. Moi, je réfléchis. Je ne parviens pas à m’endormir. Lui, il s’endort après cinq secondes. C’est un grand avantage. Vraiment, on ne parle que très rarement de foot."
Vous l’avez quand même félicité pour son but à la Messi contre le PSV au Qatar.
"Oui. Parce que Hans n’est pas le genre de joueur qui dribble chaque match cinq joueurs en une seule action avant de marquer. Il a répondu à mon whatsapp par un sec : ‘Merci.’ Mais en effet, j’ai savouré ce but. Vous savez : on est des amateurs du beau football. Hans était fan d’Arsenal quand il était jeune. Bergkamp et… Henry étaient ses idoles."
Et vous ?
"Je faisais semblant d’être pour l’équipe qui jouait contre Arsenal, pour l’énerver… Non, vraiment, j’étais fan de Johan Cruijff. Et de l’Ajax des années 1970. Le football des Pays-Bas au Mondial 1974 était le plus beau de tous les temps. J’étais tellement fou de Cruijff, que je pensais qu’il ne mourrait jamais…"
Vous savez que la poisse poursuit souvent les vainqueurs.
"Oui. Mais que doit-il dire ? Qu’il ne veut pas le Soulier d’or ? Hans gardera les pieds sur terre."
Mais une bless…
"… ne prononcez pas le mot ! Et touchons du bois. Désolé, mais il faut savoir que je suis superstitieux."
"La Bundesliga, mais il est bien à Bruges"
Leur parcours se ressemble sur certains points : Vital aurait pu signer à La Louvière, Hans à Charleroi.
Les carrières du père et du fils se ressemblent, vu qu’ils n’ont jamais gagné leur vie à l’étranger.
Priorité au papa, qui a été formé par Waterschei, le prédécesseur de Genk. "Mais mes plus belles années, je les ai connues à Lommel, avec deux titres en D3 et D2. Et en D1, on a souvent créé la surprise contre des grands clubs, et surtout le Club Bruges, dans notre propre stade. J’étais un libero qui aimait jouer devant sa défense, à la colère de mes entraîneurs."
Vanaken Senior était très casanier. "Je me souviens avoir été en contact avec… La Louvière. Mais la distance avec Lommel était énorme. Walter Meeuws m’a convaincu d’aller à Malines, mais je m’étais déchiré les ligaments croisés. Ma période à Malines a été la seule en tant que professionnel dans ma carrière. Pour le reste, je travaillais dans le secrétariat d’une école, ce que je fais encore jusqu’à ce jour."
Hans, lui, a débuté à Lommel, avant de poursuivre sa formation au PSV. De retour à Lommel (voir ci-dessous), il a gravi les échelons de façon très progressive. De l’équipe A de Lommel en D2, il est allé à Lokeren de Peter Maes, un ami de la famille.
"Il aurait aussi pu aller au Beerschot et… à Charleroi. On a négocié avec les deux Bayat. Hans n’était pas contre. Il aurait même voulu déménager à Charleroi. Mais quand Lokeren s’est manifesté, on n’a pas hésité."
Hans n’était pas sûr de réussir. "On misait sur dix matchs et deux buts. Mais dans son premier match, à Anderlecht, il en inscrivait déjà deux. J’ai dû retenir ma joie, parce que nous étions dans un bloc anderlechtois. On a changé de place à la mi-temps."
Son meilleur match avec Lokeren, il l’a joué à Hull, qui était prêt à donner… 8 millions. "Ma femme a vu ce match, elle voit tous ses matchs, même en Europe. Il paraît que Steve Bruce, le coach de Hull, était fou de lui. Peter Maes m’a dit qu’il pensait perdre Hans. Je cherche la vidéo de ce match, mais ne la trouve nulle part."
Mais Lokeren voulait que le paiement se fasse en cash, et Hull a refusé. À 23 ans, Hans a signé à Bruges. Le prix de transfert : quatre millions. "Moi, je trouvais cela énorme. Mais visiblement, il les vaut. Le Club le suivait depuis un an et demi. Le jour avant le transfert, Besnik Hasi l’a appelé pour essayer de le transférer à Anderlecht, mais son choix était fait."
On connaît la suite : deux titres, un trophée de joueur pro, buteur en Ligue des champions et Diable rouge. "C’était spécial de le voir monter au jeu à deux reprises pour Eden Hazard, le joueur belge le plus talentueux de tous les temps."
Et l’avenir ? Le Soulier d’or ouvre des portes. "Il est très bien à Bruges. Il est heureux, avec sa femme à Duinbergen. Je n’exclus pas qu’il y reste encore longtemps. Et s’il part à l’étranger, je crois de plus en plus que la Bundesliga doit lui convenir. De toute façon, il n’ira pas dans une ville où il ne se sent pas bien dans sa peau."
"Il était adorable, sauf quand il perdait"
Son papa nous raconte la jeunesse de Hans au travers de huit anecdotes.
1 "Maes a porté Hans, bébé de 4.6 kilos"
Hans, qui mesure 1,94 m, n’a pas toujours été aussi svelte. "À sa naissance, c’était un petit gros", sourit son papa. "Il pesait 4.6 kilos. Demandez-le à Peter Maes, mon coéquipier à Lommel, qui l’avait pris dans les bras." Très longtemps, il est resté petit. "Vers ses 14 ans, il a commencé à pousser. Il a grandi de 24 centimètres en deux ans et a dû arrêter le foot pendant six mois suite à des problèmes de croissance."
2 "Le jeu du portefeuille"
Hans était un garçon aimable, mais il aimait jouer des tours de vagabond avec ses amis et son frère Sam, actuellement actif à Thes Sport en première division amateur. Leur jeu préféré : perchés dans un arbre, ils accrochaient un portefeuille à une corde, et piégeaient les passants. "Moi, ça me faisait marrer", dit Vital. "Mais ma femme était fâchée, comme quand il avait été puni pendant les récréations après avoir perdu un match de foot. Moi, par contre, j’étais très strict au niveau foot. Après un match, j’analysais sa prestation très sévèrement. Souvent, il râlait, et ma femme le défendait."
3 "Trois nouveaux gazons dans le jardin"
Le premier terrain de foot des Vanaken était le jardin. "Son frère et lui ont abîmé trois gazons. Et le perdant - souvent Hans, parce qu’il était plus jeune - était tellement furieux, qu’il se battait avec l’autre. Ils ont détruit tous mes buissons. Pour le reste, c’était un garçon adorable."
4 "Il me lâchait à 12 ans"
Vital a donné beaucoup de conseils à ses fils, il a travaillé leur technique et leur condition physique. "Quand je faisais mon décrassage après un match, les deux m’accompagnaient. Mais quand Hans avait douze ans, je ne savais déjà plus le suivre. Je n’ai jamais eu un moteur comme le sien."
5 "Roger Nilis ne savait pas le refuser"
Pour améliorer sa technique, Sam suivait des cours avec Roger Nilis, grand-père de l’Anderlechtois Luc. "Hans était trop jeune pour participer, mais il faisait les mêmes exercices à côté du terrain. Remarquant son talent, Roger n’a pas su refuser qu’il le rejoigne sur le terrain. Hans était très jeune, quand Roger m’a confié qu’il réussirait dans le foot."
6 "Il a dit njet au PSV"
Après quatre ans an PSV, Hans a claqué la porte. "Il a pris cette décision à 14 ans, au mois d’août. La saison avait déjà commencé. J’étais embêté, mais pas moyen de lui faire changer d’avis. Quand il décide quelque chose, il ne revient plus sur sa décision."
7 "Sa maman l’a sorti du court de tennis"
Hans a été un très bon joueur de tennis. "Ses entraîneurs disaient qu’il aurait pu réussir. Mais il fallait faire un choix et il l’a fait. Son problème : il détestait la défaite. Après chaque point perdu, il donnait un petit coup à terre avec sa raquette. Sa maman l’a sorti deux fois du court, même à une balle de match pour l’adversaire. Qu’est-ce qu’il pleurait !"
8 "Du cécémel au lieu du cava de Preud’homme"
Hans n’a jamais été un grand sorteur. "Sa première amie, qu’il a rencontrée quand il avait 20 ans, est devenue sa femme. Et je ne vais pas dire qu’il n’a jamais bu de l’alcool, mais on n’a quand même jamais dû le ramasser devant la porte. Vous connaissez l’anecdote de Preud’homme qui offrait du cava pour son anniversaire ? Hans a préféré un cécémel."