Mercato, manque de réalisme ou encore cadres moins bons : les raisons de l’échec carolo
À l’image d’un étudiant qui a raté sa première session, Charleroi devra être performant lors de ses examens de rattrapage, les PO2, pour sauver son année…
- Publié le 13-03-2019 à 08h15
- Mis à jour le 13-03-2019 à 15h30
À l’image d’un étudiant qui a raté sa première session, Charleroi devra être performant lors de ses examens de rattrapage, les PO2, pour sauver son année… Certains diront que la huitième place actuelle de Charleroi au classement général de la Pro League n’est pas illogique quand on compare les budgets des clubs de notre élite. Mais là n’est pas la question. En début de saison, le Sporting s’est fixé des objectifs ambitieux qui lui semblaient réalisables.
Lesquels ? Participer aux playoffs 1 pour la troisième fois consécutivement et faire le maximum pour enlever la Coupe de Belgique. Deux missions qui ne seront pas réussies et qui placent le club hennuyer, comme un étudiant après ses examens, en situation d’échec. La question est maintenant de savoir pourquoi l’équipe de Felice Mazzù n’a pas brillé comme la saison dernière. Les raisons semblent multiples…
Mercatos : Plus de réactivité que de proactivité
Pour qu’une équipe comme Charleroi offre le meilleur rendement possible, il faut que toutes les pièces du puzzle s’imbriquent correctement. Et à la fin du mois d’août, c’est-à-dire après la période de préparation, qui est quand même très importante pour poser les bases de la saison, de nombreuses pièces ont été mélangées.
Le déclencheur étant le transfert de Kaveh Rezaei au Club Bruges le 22 août. Une transaction hyper-intéressante pour les finances de Charleroi mais très compliquée à gérer pour le coach carolo qui perdait son meilleur buteur de la saison dernière. Felice Mazzù déclarant même : "Je n’étais pas d’accord mais cela s’est quand même fait."
À partir de cet instant, le mercato carolo, annoncé comme très calme, est devenu hyper-nerveux avec les signatures de Victor Osimhen quelques heures après le départ de Rezaei mais surtout du quatuor Bruno, Henen, Angella, Niane dans les dernières heures du mercato où le transfert de Baby à l’Antwerp et le prêt de Fall à Eupen étaient aussi actés. Ce mercato plus basé sur la réactivité que sur le proactivité a fait perdre du temps précieux dans la mise en place de l’équipe.
Un scénario qui allait se reproduire, dans une moindre mesure, en janvier avec le départ de Cristian Benavente, le joueur le plus décisif de l’effectif carolo, en fin de mercato pour le club égyptien du Pyramids FC. Le Péruvien a été remplacé par un autre joueur de talent, Ryota Morioka, mais aux caractéristiques différentes. Ce qui demandait un nouveau temps d’adaptation comme l’a encore confirmé Felice Mazzù après le match du week-end dernier contre l’Antwerp : "Il faudra bien analyser cette saison et tous les changements intervenus dans le groupe. Si on avait eu un peu plus de temps, par exemple avec l’arrivée de Morioka, pour travailler les automatismes, on serait parvenu à se qualifier pour les playoffs 1."
Trop de points perdus contre les "petits"
Trois points sur six contre le Cercle Bruges avec un non-match au Jan Breydel, un sur six contre Ostende et deux sur six contre Waasland-Beveren, voilà le triste bilan des Zèbres face aux équipes actuellement classées 13e, 14e et 15e. S’il faut chercher des raisons de la non-participation des Hennuyers aux playoffs 1 cette saison, on peut en trouver dans cette mauvaise gestion des matchs contre les équipes dites"petites" .
Ce phénomène peut s’expliquer par la difficulté des Carolos à imposer leur football et à gérer les reconversions offensives adverses quand leur bloc n’est pas bien en place. Au décompte final, ces points perdus coûtent cher.
Un manque de réalisme
Marinos, Busi, Martos, Dessoleil, Angella, Zajkov, Dervite, Willems et Nurio. Felice Mazzù a quasiment tenté toutes les combinaisons possibles et imaginables dans son arrière-garde. Mais aucune n’a apporté sur la durée l’hermétisme défensif présent la saison dernière (dix matchs sans encaisser en phase régulière). Ce manque de rigueur au niveau défensif, qui peut aussi s’expliquer par des manquements à la récupération et au pressing dans l’entrejeu et en attaque, a fait perdre des points aux pensionnaires du Mambourg qui ne possèdent que la huitième meilleure défense de Pro League. De plus, ce manque de réalisme défensif n’a pas été compensé par un festival offensif. Cette saison, le ratio occasions crées/buts marqués des Zèbres est trop faible. Comme l’a répété plusieurs fois Felice Mazzù, son équipe a manqué de réalisme dans les deux rectangles.
Cadres moins bons, néophytes en apprentissage
La saison dernière, des garçons comme Penneteau, Marinos, Martos, Dessoleil et Ilaimaharitra ont tiré le groupe vers le haut pendant de longues semaines. Cette saison, cela a été plus compliqué pour eux à certaines périodes. Le gardien français a loupé le début de championnat à cause d’une blessure au dos, le back droit grec est passé à côté de quelques matchs, le défenseur central espagnol a connu un début de saison difficile et s’est blessé, ce qui ne lui arrivait jamais dans le passé. Dessoleil a été moins intransigeant dans les duels et dans l’entrejeu, Ilaimaharitra a loupé plusieurs rencontres suite à son exclusion à Waasland Beveren et connu une baisse de régime début 2019.
Felice Mazzù a aussi dû intégrer des joueurs qui découvraient soit la D1, soit un football avec une culture différente. On pense ici à des éléments comme David Henen, Maxime Busi, Ali Gholizadeh, Omid Noorafkan, Younes Delfi ou Victor Osimhen. On ne pouvait pas attendre que tous ces joueurs s’imposent comme des titulaires à part entière et apportent directement une plus-value au groupe. Certains y sont arrivés, certains partiellement et d’autres pas du tout.
Mais comme tous les étudiants, Charleroi a droit à une seconde "sess" qui va prendre la forme de playoffs 2 qui peuvent conduire à un ticket européen. Le dernier objectif des Carolos cette saison.
Christophe Verstrepen