La pire crise de l’ère Bayat-Mazzù
Contre Ostende, les supporters de Charleroi ont gentiment fait entendre leur mécontentement. Comment le Sporting en est-il arrivé là ?
- Publié le 05-04-2019 à 08h19
- Mis à jour le 05-04-2019 à 09h20
Contre Ostende, les supporters de Charleroi ont gentiment fait entendre leur mécontentement. Comment le Sporting en est-il arrivé là ? Remporter les playoffs 2 et jouer un match décisif pour l’obtention d’un ticket européen, tel était le dernier objectif de la saison de Charleroi après son élimination en Coupe de Belgique des oeuvres du Racing Genk et sa non-qualification pour les playoffs 1. Un objectif qui a déjà sérieusement pris du plomb dans l’aile après le départ catastrophique (0 point sur 6) des Zèbres dans ces PO2. Autant dire que sauf miracle, la saison des Carolos va se terminer en eau de boudin.
Une situation qui fait mal aux supporters du matricule 22 qui ont exprimé leur mécontentement dès la première mi-temps face à Ostende. Depuis la T4 les "Le pognon tue le blason", "On se fait ch…", "Bougez vos c…", "On est champion", "Pollet a marqué" et "Mazzù au Standard" ont résonné.
Rien de bien méchant si on compare tout cela à la période Abbas Bayat mais le Sporting vit sa plus grosse crise depuis que Mehdi Bayat est au pouvoir et que Felice Mazzù est l’entraîneur des Zèbres. La situation est telle que personne ne serait étonné que celui qui devait devenir l’Alex Ferguson de Charleroi ne soit plus à la tête de l’équipe d’ici quelques semaines. Comment est-ce que le Sporting en est arrivé là et qui sont les responsables de l’échec actuel de cette saison ?
Mehdi Bayat : l’administrateur-délégué du club a réussi deux belles opérations financières en vendant Kaveh Rezaei au Club Bruges en août et Cristian Benavente aux Égyptiens du Pyramids FC en janvier. Mais sportivement, cela a fait mal, très mal à Charleroi de perdre ces deux joueurs. Et comme d’une manière générale les transferts entrants n’ont pas compensé au niveau de la qualité des prestations les transferts sortants, l’équipe confiée à Felice Mazzù est bien moins performante que celle qui signa un début de saison 2017-2018 tonitruant. S’il veut que son club rebondisse, Mehdi Bayat devra réaliser un gros mercato d’été avec idéalement des nouveaux joueurs présents dès la reprise.
Felice Mazzù : l’entraîneur de Charleroi, qui est intrinsèquement quelqu’un de gentil, trop diront certains vu le milieu de requins dans lequel il travaille, vit très mal la situation actuelle de son équipe. Il a tourné dans tous les sens son noyau pour trouver des solutions et il n’y est pas parvenu. Peut-être tout simplement car les ingrédients qui ont été mis à sa disposition ne permettent pas de réaliser un superbe mets. Et c’est certainement ce qui a conduit l’ancien entraîneur de l’année à faire, dernièrement, certaines déclarations sur son avenir qui pourrait ne plus être à Charleroi. Ce qui a envoyé un mauvais signal à son groupe mais aussi aux supporters. Felice en a peut-être marre de construire, reconstruire et encore rebâtir des équipes avec des joueurs à façonner ou des paris - parfois gagnants, parfois perdants - sur l’avenir. Mentalement il est touché et a, comme tous les entraîneurs du monde, fait aussi des mauvais choix. Pour le remotiver et le persuader de poursuivre sa route au Sporting, Mehdi devra mettre la main au portefeuille pour lui fournir un meilleur noyau.
Les cadres de l’équipe : pour réaliser une bonne saison, une équipe doit pouvoir s’appuyer sur des cadres qui tapent du poing sur la table quand cela ne tourne pas rond, qui secouent l’équipe dans les moments difficiles et qui montrent l’exemple sur le terrain. En résumé, l’équipe actuelle manque de leaders et est d’une manière générale trop gentille. Ce n’est pas un hasard si, mercredi, le seul joueur à trouver grâce aux yeux des supporters était Nicolas Penneteau. Un joueur expérimenté qui guide ses équipiers mais surtout qui répond présent sur le terrain semaine après semaine. Les autres éléments qui devraient remplir ce rôle connaissent une saison trop compliquée pour s’occuper du collectif.
Trop de joueurs moyens : si Charleroi s’est qualifié la saison dernière pour les PO1, c’est parce que le Sporting a pu compter sur quelques bonnes surprises, des joueurs qui ont, l’espace de quelques mois, élevé leur niveau de jeu. Ce qui n’est pas le cas cette saison. Seul Victor Osimhen est passé du statut d’inconnu à celui de titulaire indiscutable.
Le collectif : la force de Charleroi dans le passé, c’était de pouvoir compter sur un collectif hyper-bien huilé avec des chiens de la casse. Ce n’est plus le cas. Cette saison, trop rarement le collectif carolo a fonctionné. Trop rarement un joueur a réparé la faute, l’erreur d’un équipier.
Une victoire, dimanche à Eupen, ramènerait un peu de sérénité du côté de Charleroi mais ne réglerait pas tous les problèmes…