Zetterberg ne reconnaît pas son ancien club: "Cet Anderlecht sent la peur"
Présent jeudi lors du nul face à Lokeren, Pär Zetterberg juge une équipe qui aurait bien besoin qu’il rechausse les crampons.
- Publié le 03-11-2018 à 08h05
- Mis à jour le 03-11-2018 à 09h17
Présent jeudi lors du nul face à Lokeren, Pär Zetterberg juge une équipe qui aurait bien besoin qu’il rechausse les crampons. S’il ne faut pas courir, il veut bien faire le job et reprendre le rôle de numéro 10 d’Anderlecht. Pär Zetterberg déconne en fin de conversation. La vista du Suédois est encore là mais l’âge aussi.
La boutade traduit tout de même un malaise. L’ancien meneur de jeu, devenu légende du club, a mal à son Anderlecht. Il ne reconnaît plus le club qu’il a tant aimé et aidé. "Et pourtant, nous avons aussi connu des crises sportives à mon époque."
Comment jugez-vous ce qui s’est passé jeudi ?
"Tout le monde était déçu. Franchement, depuis les tribunes, on sentait la peur sur le terrain. Tu sens que les joueurs ont peur de rater tant ils sont en manque de confiance. Les résultats ont atteint la confiance et c’est logique. Conséquence : ils réfléchissent trop à chaque geste qu’ils posent."
Les nombreux sifflets du public ne vous ont pas choqué ?
"Je trouve que les fans étaient quand même derrière l’équipe. Ils ont sifflé à la pause et en fin de match. Je les comprends."
Cette situation vous rappelle-t-elle des moments de votre carrière ?
"On a aussi connu des moments de doute à l’époque. Le plus simple, c’est de travailler. Les grands joueurs doivent se mettre devant les autres et mener l’équipe. Il est difficile pour le coach de vraiment tirer le vestiaire. Il faut des patrons dans l’équipe."
Malheureusement, il n’y en a pas assez…
"Il n’est pas possible de comparer les époques. Je veux tout de même pointer qu’avant, il n’y avait presque que des leaders dans le vestiaire. Et c’est plus facile de sortir de la crise quand plusieurs joueurs tirent les autres."
Il y a également un cruel manque de créativité !
"Sur le terrain, je n’ai pas vu de numéro 10. Ça manque. Aucun joueur ne prend des risques dans son jeu. Contre une défense renforcée de Lokeren, tu as besoin d’un gars qui trouve les espaces entre les lignes. Anderlecht doit avoir un joueur pareil pour déstabiliser son adversaire."
On parle souvent d’un manque de joueurs avec l’ADN d’Anderlecht…
"Oui, c’est ça qui manque. Quand on regarde dans le rétro, il y a une vraie tradition de numéros 10. Scifo, Degryse, Hassan, Boussoufa, il y a toujours eu un grand meneur de jeu pour faire la différence et changer le scénario d’un match."
C’est logiquement le rôle de Zakaria Bakkali. Que pensez-vous de lui ?
"Bakkali a des capacités, mais il est encore nulle part, car il est jeune. Il a beaucoup à apprendre. Il doit évoluer à cette position. Avec ses qualités techniques et sa vitesse, il peut faire mal. Il doit toutefois sentir quand dribbler et quand passer."
Comment se sortir de cette mauvaise passe ?
"Il est difficile de jouer risqué quand tu n’es pas bien. Même une passe à cinq mètres devient difficile quand tu crains les sifflets du public. Ça m’est arrivé aussi. Mais ça change vite. Un bon dribble, un bon shoot, une bonne passe et tu es lancé. Il faut oser. Si le public sent que tu as envie, il ne va jamais siffler. Une victoire face au Fenerbahçe leur aurait fait du bien."
Mais comme trop souvent, ils ont payé une petite erreur individuelle…
"Il est impossible de jouer à haut niveau durant 90 minutes, mais une très bonne équipe est capable de gérer les moments compliqués et de garder le zéro même quand elle joue mal. Anderlecht encaisse à chaque fois. C’est un problème."
N’y a-t-il pas également un problème de motivation…
"Je suis persuadé que tous les joueurs donnent énormément, mais tout est un peu bloqué de peur de mal faire."
Le coach est-il en tort selon vous ?
"Tout le monde doit se regarder dans le miroir. Les joueurs, l’entraîneur et la direction. Il faut sonder tout le monde. Si quelqu’un est content d’une telle prestation ou dit qu’il est à son maximum, là tu as un gros souci car ce n’est pas suffisant."
"Pour l’instant, je ne fais rien"
Pär Zetterberg n’est plus actif à Falkenburg, le club de sa ville d’origine.
"Je ne fais plus rien pour l’instant, affirme-t-il. J’ai comme toujours beaucoup de projets en tête avec quelques pistes mais rien n’est défini. Je verrai bien par la suite."
Il n’exclut pas s’expatrier une nouvelle fois. "Belgique, Suède, je verrai bien ce que je peux faire. Mes enfants grandissent donc je suis à l’écoute si un projet se présente. Je reste ambitieux."
Ses enfants sont aussi dans le monde du football. Son aîné, Erik (21 ans), évolue à Varbergs BoIS en D2 suédoise. "Mais il est blessé. Ma fille a 18 ans et va bientôt finir son cursus scolaire. Elle veut aller ensuite aux États-Unis pour y étudier et jouer au niveau universitaire."
"J’ai moins de cheveux qu’avant"
Comme à chacun de ses passages à Anderlecht, Pär Zetterberg a pris un bain de foule. Difficile de passer inaperçu quand on est un des meilleurs joueurs de ces 20 dernières années.
"J’ai pourtant moins de cheveux qu’avant et ça me permet de passer incognito, plaisante-t-il. On me reconnaît toujours et ça me fait plaisir. J’ai arrêté il y a 12 ans et vous avez vu l’accueil de ce stade… Je vois tout de même qu’avec les années qui passent, on me reconnaît un peu moins qu’avant."