Rensenbrink fête son 72ème anniversaire: "Ah, si on pouvait inverser le 7 et le 2… C’est moi qui signerais au Real pour 100 millions !"
Robby Rensenbrink fête ses 72 ans ce mercredi, mais il est de plus en plus souffrant de son AMP. "Je n’ai plus d’appétit."
- Publié le 03-07-2019 à 07h06
- Mis à jour le 03-07-2019 à 12h01
Robby Rensenbrink fête ses 72 ans ce mercredi, mais il est de plus en plus souffrant de son AMP. "Je n’ai plus d’appétit." "Quand une voiture avec plaque d’immatriculation belge rentre dans notre rue, cela ne peut être que pour Robby Rensenbrink."
Le voisin du plus grand joueur de l’histoire d’Anderlecht a bien vu. La DH s’est rendue à Oostzaan, au nord d’Amsterdam, pour souhaiter un bon 72e anniversaire à Rensenbrink, surnommé l’homme-serpent, tellement il se faufilait avec aisance entre les défenseurs adverses.
Corry, son épouse, est sur le point de faire une balade avec son vélo électrique. "Si vous voulez un café, je vous le prépare vite avant de partir. Robby n’en est plus capable. Il ne va pas trop bien. Il a des spasmes dans les mains et il n’a plus d’énergie à cause de sa maladie."
C’est pourtant un homme souriant qui nous ouvre la porte. "J’ai fort maigri, nous annonce-t-il, avant que nous puissions lui poser une question. Je n’ai plus d’appétit. Les médecins me donnent des suppléments, mais c’est dégueulasse. Ma femme m’oblige à manger. Un morceau de steak ou une spécialité chinoise, cela va encore. Mais je dois me forcer. Que faire quand on ne parvient pas à avaler sa nourriture ? Je n’ai pas faim… Je bois beaucoup de café et je fume un paquet de cigarette par jour… À l’extérieur, comme le souhaite Corry… (rires)"
Voilà cinq ans que Rensenbrink (joueur d’Anderlecht entre 1972 et 1980) souffre de la maladie chronique neuro-musculaire AMP (atrophie musculaire progressive). "Ils n’ont toujours pas trouvé de médicament !, s’indigne le Soulier d’Or de 1976. Donc, je ne dois pas aller souvent à l’hôpital. Deux fois par an, c’est suffisant. Les médecins ne savent pas dire comment je vais évoluer et si j’en ai encore pour longtemps, la maladie est trop inconnue. Ils me pèsent, et ils me disent que je dois manger plus. La dernière fois, je pesais 54 kilos. Mais bon, je n’ai jamais été un gros. Quand je jouais à Anderlecht, je pesais 70 kilos…"
Ses journées, Rensenbrink les passe donc chez lui, dans sa petite maison sociale. "On a déménagé il y a deux ans, dit-il. Cette maison appartient à la commune, on la loue à un prix démocratique. On a vendu notre ancienne maison pour des raisons financières. Si j’étais né 40 ans plus tard, je serais riche. Mais maintenant, ma tirelire se vide de plus en plus."
Rensenbrink ne le cache pas et nous autorise à en parler dans le journal : il ne mène pas grand train. "Nous devons être très économes, dit-il. Mais c’est de ma faute. J’ai arrêté ma carrière à 34 ans, et je n’ai plus rien fait depuis. J’ai été entraîneur d’un petit club régional, mais il me fallait un diplôme d’entraîneur pour pouvoir poursuivre. Il m’aurait fallu quatre ans de formation pour l’obtenir. Je n’avais pas le courage. J’aurais peut-être dû coacher des jeunes à Anderlecht… Mais bon, c’est trop tard. J’assume mes choix."
Quand nous le félicitons pour ses 72 ans, il rigole. "On ne peut pas inverser le 7 et le 2 ? Ah, si j’avais encore 27 ans… Ce serait moi qui serais transféré pour 100 millions au Real Madrid, et pas Eden Hazard. Vous savez que le Real était venu à Bruxelles pour m’acheter ? Mais Constant Vanden Stock les a renvoyés. J’avais signé un contrat de sept ans à Anderlecht, point final… Pas moyen de négocier. À l’époque, c’est comme cela que ça fonctionnait. Il a dit la même chose à l’Inter Milan, qui aurait fait des folies pour m’avoir."
Rensenbrink accepte sa situation actuelle. Après avoir réfléchi longtemps, il dit : "Beaucoup de mes coéquipiers n’arrivent pas jusqu’à 72 ans. Vous savez quel décès m’a fait le plus de mal ? Celui de Swatje Vander Elst. Un excellent collègue d’attaque, et un gars en or. J’ai été à ses funérailles. Il est tombé mort du jour au lendemain, en janvier 2017. Cela me donne des frissons. Ah, Swatje…"
Rensenbrink nous rassure, avant de nous souhaiter bonne route et de nous remercier pour la visite.
"Je ne souffre pas vraiment. Je n’ai pas mal, mes jambes fonctionnent encore, je n’ai pas de chaise roulante. Je vais parfois même me promener un peu dans la nature. Mais ces crampes dans les mains et doigts sont embêtantes. Regardez-moi cela. (Il montre ses doigts qu’il n’a plus sous contrôle). Je ne sais plus tenir une fourchette. Alors, comment aller au restaurant ? Soit, je dois accepter que je ne guérirai plus…"