Ivan Santini: "J’ai le niveau pour jouer dans de plus grands clubs qu’Anderlecht"
Critiqué et peut-être bientôt remplacé, Ivan Santini contre-attaque : "Le problème dans cette équipe ne vient pas des attaquants !"
- Publié le 26-01-2019 à 07h01
- Mis à jour le 26-01-2019 à 07h47
Critiqué et peut-être bientôt remplacé, Ivan Santini contre-attaque : "Le problème dans cette équipe ne vient pas des attaquants !" La direction anderlechtoise l’a dit clairement : elle va chercher un attaquant pendant cette dernière semaine de mercato, notamment parce que Landry Dimata est blessé. Un joueur peut se sentir clairement visé : Ivan Santini. Malgré ses onze buts en championnat, il n’aurait donc pas totalement convaincu ses boss. Ni les supporters d’ailleurs. Confronté à ces critiques, le Croate a décidé de réagir, en laissant sa langue de bois au vestiaire.
Quel bilan tirez-vous de votre saison jusqu’à présent ?
"Mes stats sont plutôt satisfaisantes mais c’est difficile d’affirmer que le bilan est bon avec toutes ces défaites. Personne à Anderlecht ne peut se dire qu’il a fait du bon travail. Tout le monde peut faire mieux."
Vous avez marqué sept buts lors des trois premières journées. Puis seulement quatre ensuite.
"Le début de saison était incroyable. Personne ne sait pourquoi ça ne fonctionne plus comme en début de saison. Si on avait la réponse, on n’en serait pas là."
Vous voulez notre avis ?
"Oui."
Vous êtes souvent trop loin du rectangle.
"À Anderlecht, les attaquants doivent s’amuser, normalement. Logiquement, on est la meilleure équipe du pays et on devrait être celle qui se crée le plus d’occasions. Ce n’est pas le cas ; beaucoup de clubs font mieux que nous. Et moi, je ne suis pas l’attaquant qui va se créer seul plusieurs occasions. Je dépends beaucoup du reste de l’équipe."
Vous n’avez plus marqué depuis deux mois (le 25 novembre à Saint-Trond).
"Il y a eu la trêve et des matchs que je ne jouais pas. En vérité, ça ne fait que trois ou quatre matchs que je ne marque pas (NdlR : il reste sur quatre titularisations sans but). Ce n’est pas amusant mais quand on voit le nombre d’occasions qu’on réussit à avoir…"
Contre Gand, il y a eu des possibilités quand même.
"Oui, c’est juste. Quand on se crée des occasions et que je ne marque pas, j’accepte, c’est ma faute. Mais que puis-je faire quand on n’arrive même pas à tirer ? C’est ce qu’il y a de pire pour un attaquant."
Vous avez parlé au coach de ce manque de soutien offensif ?
"Il n’a pas besoin de moi. Tout le monde voit qu’il y a besoin de plus de soutien."
Peter Zulj a signé. Peut-il être la solution ?
"Je l’espère. C’est un très bon joueur. On a besoin de gars comme lui."
Vous l’avez connu à Salzbourg il y a quelques années.
"Oui mais on n’a jamais joué ensemble. Il était tout jeune, il avait moins de 15 ans si je me souviens bien. Moi j’étais plus âgé et déjà en équipe B. On vivait juste ensemble dans le même internat."
Craignez-vous de jouer les playoffs 2 ?
"Je ne peux pas imaginer ça. Ce serait la honte. J’ai déjà connu les playoffs 2 avec le Standard et c’est vraiment la pire compétition qui existe. L’entraîneur n’alignait que des jeunes et des gars que le club voulait voir pour la saison prochaine. C’est comme si la saison était déjà terminée. Il reste huit matchs. Nous ne devons penser qu’à ça."
Anderlecht a-t-il suffisamment de leaders pour ne pas craquer dans la dernière ligne droite ?
"On a quelques leaders dans le vestiaire. Je suis l’un d’eux. Je trouve qu’on n’a pas toujours joué en équipe. C’est parfois trop individualiste."
En début de saison, vous étiez associé à Dimata devant. Puis ça n’a plus marché et l’entraîneur a souvent choisi. C’était l’un ou l’autre. Vous aligner à nouveau ensemble peut-il être une solution ?
"J’aime jouer avec lui. C’était le cas en début de saison. Puis on l’a sorti du onze. Puis on m’a sorti du onze. Je comprends que les coachs cherchent la meilleure solution. Mais je ne pense pas que les attaquants soient le problème dans cette équipe. Landry et moi, nous avons marqué plus de vingt buts cette saison (NdlR : 24). Qui a fait mieux en Belgique ? Il faut juste amener plus de ballons dans les trente derniers mètres."
De l’extérieur, on a l’impression que vous êtes devenu la doublure de Dimata.
"C’est normal. Il a marqué plus que moi et c’est le futur de la Belgique. Je comprends très bien."
Parmi les supporters et les observateurs, certains disent que vous n’êtes pas assez fort pour Anderlecht.
"Je m’en fous de ce que les autres peuvent penser. Je peux toujours me regarder dans le miroir et me dire que je fais de mon mieux à chaque match. Parfois, je ne suis pas bon, mais je donne le maximum."
Vous avez donc le niveau pour jouer à Anderlecht ?
"Je pense que j’ai le niveau pour jouer dans de plus grands clubs qu’Anderlecht. J’ai prouvé en Ligue 1 que je pouvais marquer beaucoup. Ici, j’ai mis onze buts. Et ce qu’il y a de plus dur dans le football, c’est de marquer."
Vous sentez-vous apprécié au club ?
"Oui, je me sens bien à Anderlecht. Je n’ai pas l’impression qu’on ne m’aime pas."
On parle pourtant de votre départ...
"Qui a parlé de ça ?"
La direction d’Anderlecht cherche un attaquant. Vous avez une belle valeur marchande qui pourrait rapporter de l’argent pour l’achat de cet attaquant. Les dirigeants espèrent même plus de cinq millions pour vous.
"Je suis heureux ici. J’ai encore deux ans de contrat après cette saison. Si je reçois une offre qui me permet de faire un pas en avant, je partirai. Un pas en avant sportif, pas financier, je précise. Si cette offre n’arrive pas, je serai très content de rester."
Pas question de partir en Chine ou en Arabie saoudite donc ?
"À chaque mercato, ces pays me contactent, avec beaucoup d’argent avec la clef, mais je m’en fous. Je refuse à chaque fois. Après ma première saison à Caen, on me proposait cinq millions pour aller en Chine mais je n’ai même pas eu besoin de vingt minutes pour refuser. Ce n’est pas une question d’argent. Si j’y vais, ça pourrait laisser penser que ma carrière est terminée."
Vous allez avoir 30 ans en mai.
"Oui, mais je me sens encore trop bien pour aller là-bas. Si je sens que je n’ai plus le niveau en Europe, ça changera la donne mais ce n’est pas le cas pour le moment. J’ai encore des buts à mettre en Europe."
Avez-vous reçu des offres de clubs qui pouvaient vous intéresser en janvier ?
"Non, mais j’ai entendu que Cardiff hésitait entre Emiliano Sala et moi. Mais je n’ai pas eu de contact concret. Quelle tragédie ce qui est arrivé à ce joueur. J’espère encore qu’on pourra le retrouver en vie."