Comment Anderlecht s'est mis au coaching 2.0
Jonas De Roeck, un des adjoints de Fred Rutten, passe les matchs en tribune et communique avec le banc grâce à une oreillette.
- Publié le 01-03-2019 à 06h44
- Mis à jour le 01-03-2019 à 11h27
Jonas De Roeck, un des adjoints de Fred Rutten, passe les matchs en tribune et communique avec le banc grâce à une oreillette.
En début de saison, Timmy Simons se plaçait en tribune pour observer le match. L’assistant d’Ivan Leko à Bruges s’est arrêté depuis la rencontre au Cercle. Durant l’ère Sa Pinto au Standard, c’est Guillermo Gomes, le préparateur physique, qui s’en chargeait.
Gomes communiquait via oreillette avec Ricardo Pereira, l’entraîneur des gardiens. Ce qui lui avait valu une exclusion face à Ostende. Jusqu’à cet été, son usage était illicite.
La Fifa a validé l’utilisation de ces technologies dans sa version 2018-19 des règles du jeu “lorsque cela implique directement le bien-être ou la sécurité des joueurs, ou bien lorsque cela est effectué à des fins tactiques”.
Fred Rutten (comme d’autres coachs en Europe) a sauté sur l’occasion pour utiliser tous les moyens technologiques mis à sa disposition. Il a donc décidé d’envoyer Jonas De Roeck en tribune de presse.
“Le coach a voulu tenter le coup”, dit De Roeck. “Nous avons essayé ça à La Gantoise. Le système fonctionne bien, donc nous continuons. Personnellement, je trouve cela assez passionnant. Je ne suis pas sur le banc mais je sais que j’amène vraiment quelque chose au staff durant le match.”
Le but est principalement de prendre de la hauteur et d’offrir un autre regard sur le jeu. “On voit mieux en étant plus haut, mais surtout différemment. Je peux davantage observer les espaces ou les mouvements des adversaires, par exemple. Sur le banc, c’est parfois difficile de jauger.”
Dès qu’il voit un changement à effectuer ou une nouvelle option, il le dit via son oreillette. “Je suis en communication avec Arno Van Zwan, un des autres adjoints. Il s’occupe de transmettre mes observations à l’entraîneur.”
Il s’agit surtout de jauger ce qui a été mis en place ou discuté avant la rencontre. Si De Roeck se rend compte que les points tactiques définis au préalable ne sont pas respectés ou ne fonctionnent pas, il en informe ses compères.
“Cela permet au coach de savoir s’il continue ce qu’il a mis en place, s’il doit faire de légères adaptations ou s’il change son fusil d’épaule. Je dois vraiment faire attention aux petits détails. Autant positifs que négatifs. Grâce à cette position et cette communication, nous pouvons anticiper certaines choses et parfois avoir un coup d’avance sur l’adversaire. Je ne dis pas que mes analyses changent le cours du match mais je suis persuadé que ce surplus d’informations peut nous faire gagner une rencontre.”
Pour être précis et ne rien louper, il peut compter sur les images de Mousa El Habchi, l’analyste vidéo qui est placé à ses côtés. L’ancien membre du staff des Diables donne également son avis sur certains points. “Nous collaborons vraiment.”
À la pause, De Roeck se rue dans le vestiaire. “J’explique ainsi davantage au coach ce que j’ai vu. Je peux également formuler des idées pour trouver des solutions. À la fin, c’est Fred Rutten qui tranche mais il peut compter sur une énorme dose d’informations que nous n’avions pas avant.”
Le buzz : Un ancien gardien de Genk a joué avec une oreillette
Jan Moons a fait parler de lui début 2004. Pas pour une bourde ou un arrêt incroyable mais pour l’utilisation d’une technologie encore jamais utilisée.
Durant le match entre son équipe de Genk et celle de Charleroi, le gardien a porté une oreillette à travers laquelle il recevait toutes les consignes du banc.
Une première mondiale selon les médias de l’époque. Son utilisation a fait le buzz mais n’était pas licite. Le règlement de la Fifa ne listait pas l’oreillette comme moyen de communication réglementaire.
“Notre staff technique cherche un moyen de transmettre ses consignes plus rapidement et surtout plus clairement”, déclarait le portier dans nos colonnes. “Le gardien semble être celui qui jouit de la vue la plus panoramique, j´ai donc servi de courroie de transmission.”
L'inspiration : Le football américain va encore plus loin
Jonas De Roeck a donné la National Football League (NFL) comme exemple de sport précurseur en matière de communication entre membres du staff.
Tous les coachs principaux des franchises de football américain sont équipés d’un casque recouvrant une oreille et d’un micro.
Il communique via ce biais avec ses assistants (coach des quarterbacks, coordinateurs défensif et offensif, etc.) postés tout en haut de la tribune afin d’avoir une vue globale sur les mouvements.
Il parle également avec ses joueurs. Le casque du quarterback (le meneur de jeu offensif) est équipé d’un système de communication audio. Dans certaines équipes, un membre de la ligne défensive est également en contact avec le coach depuis le terrain.