“Bons mots”, “cigares”, “deuxième père” : les acteurs du foot belge racontent, à travers une anecdote, leur Robert Waseige
De Raphaël Quaranta à Moreno Giusto, ils en gardent tous un souvenir ému.
- Publié le 18-07-2019 à 07h00
- Mis à jour le 18-07-2019 à 10h17
De Raphaël Quaranta à Moreno Giusto, ils en gardent tous un souvenir ému. Tous ceux qui ont croisé sa route en gardent un souvenir ému. Voici qui était leur Robert Waseige.
Raphaël Quaranta : "Moreno (Giusto) et moi prenions plaisir à le titiller et il acceptait volontiers nos boutades car il était lui-même un adepte fervent de l’humour et de la dérision. Le soir de l’ouverture du restaurant d’Edhem Sljivo, Robert s’était éclipsé quelques instants, laissant son cigare sur le comptoir. Willy Geurts en avait profité pour s’en emparer et l’imiter. Voyant notre entraîneur revenir au bar, Willy avait alors subrepticement glissé le havane dans la poche de son veston avant que celle-ci ne prenne feu dans l’hilarité générale."
Alexandre Teklak : "Ce qu’on a vécu avec lui me fait encore rire aujourd’hui et on ne peut pas le raconter (sourire). C’était Robert, sa façon de s’exprimer, ses réactions, ses coups de colère, ses blagues… C’était un tout. Mais ce n’était jamais gratuit, il y avait toujours un message derrière. Il fallait lire entre les lignes de ses blagues et de ses colères. Il n’était pas soupe au lait. Il avait un objectif pour toucher les joueurs. Il savait toucher les mecs. Et c’est le premier qui est arrivé avec des préparateurs mentaux."
Johan Walem : "Avant le match contre la Russie à la Coupe du monde, je me rappelle la théorie. Il me lance devant tout le monde si j’ai les bonnes chaussures pour ce match-là avec son sourire, son humour qui le caractérisait. Et derrière, j’ai marqué ce fameux coup franc. Cela avait porté ses fruits."
Daniel Van Buyten : "Je le voyais comme un deuxième père. C’est quelqu’un qui a été primordial dans ma carrière. Il a cru directement en moi à Charleroi quand certains doutaient. Et il a donné un coup de fil au Standard en ma faveur. Il me prenait souvent à part, me conseillait. Il voyait que j’étais bosseur et voulait que je le reste. Il m’a vite cerné. Je l’ai toujours invité, mais ce n’était pas évident avec sa santé. Je ne sais pas s’il m’appelait ‘l’Allemand des Ardennes’, mais il faisait parfois allusion au fait que ma maman était allemande."
Benoît Thans : "Après un match où on est deuxième avec le RFC Liège, on perd 3-0 à Anderlecht mais on reste deuxième. On retourne au stade, il n’y a pas un bruit dans le car, simplement le cigare de Robert au-dessus des sièges. Arrivé au stade, on se dit ‘ouf, on va pouvoir repartir’. Et il nous dit ‘tout le monde dans le vestiaire’. Il nous a donné un entraînement sur la piste de Rocourt pour faire des tours de terrain. Cela illustre son exigence."
Alan Haydock : "Il était arrivé au FC Brussels en cours de saison pour son dernier poste. Le contact était immédiatement passé entre lui et le président Vermeersch. Son cigare, cet humour à la liégeoise qui n’appartenait qu’à lui, son pantalon de velours et sa longue veste surplombant ses godasses de foot, notamment. Pour être honnête, son charisme et son sens du speech ont fini par être payants car ses séances d’entraînement commençaient à sentir la naphtaline. Heureusement, Frédéric Renotte était là pour parachever la préparation de nos matchs. Au cours de l’un d’entre eux, nous nous étions permis, après concertation avec le groupe, de modifier la tactique qu’il nous avait demandé d’appliquer. À la mi-temps, il s’était réjoui de la chose. Il était profondément gentil, mais il pouvait être aussi très susceptible."
Moreno Giusto : "C’était un entraîneur d’une extrême honnêteté qu n’hésitait pas à mettre son fils Frédéric sur le banc. Pas de favoritisme avec lui. Sa porte était toujours ouverte pour écouter nos soucis avec le désir permanent de les éradiquer pour le bien du groupe. Et son goût permanent de la plaisanterie… C’était le premier dans ce domaine, dépassant nos bons mots qui visaient aussi à détendre l’atmosphère. Ce n’était pas un deuxième père, mais il n’en était pas loin. Et lorsqu’il m’arrivait d’aligner les bonnes prestations, il avait tôt fait de me remettre les pieds sur terre. ‘Tu ne seras jamais qu’une simili-star (sic)’, me disait-il sur un ton goguenard."
Dante Brogno : "Robert a atteint le sommet dans sa carrière d’entraîneur en étant parfois piquant, parfois papa poule. C’était un personnage que je voyais chaque semaine la saison dernière, lorsque j’entraînais le FC Liège. Et la première chose que je faisais en entrant dans la buvette, c’était le saluer. Je savais à chaque fois exactement où il se trouvait. Il me faisait un débriefing du match et me conseillait beaucoup, avec du recul. Heureusement, ses commentaires étaient souvent positifs (sourire)."