"Van der Poel sort de l’ordinaire"
La course de Mathieu Van der Poel, dimanche, a marqué les esprits.
- Publié le 08-04-2019 à 20h38
- Mis à jour le 09-04-2019 à 08h12
La course de Mathieu Van der Poel, dimanche, a marqué les esprits. Van der Poel. Ce nom a sans doute été le plus cité, dimanche, après le Tour des Flandres, mais aussi en ce début de semaine. Ce n’est pas celui du vainqueur du monument flandrien, mais celui du coureur qui a le plus marqué les esprits sur ce Ronde mené tambour battant.
Le champion des Pays-Bas a impressionné. En parvenant à revenir sur la tête de course après sa lourde chute dans l’approche du Vieux Quaremont. Et en terminant quatrième, après une telle poursuite, tout en apparaissant comme un des plus forts de l’épreuve qu’il découvrait.
"Il a confirmé ce dimanche qu’il sort clairement de l’ordinaire", commente Gérard Bulens, l’ancien manager d’équipe, qui a à la fois dirigé dans sa carrière des routiers et des cyclocrossmen. "Il a un talent énorme. Ce qu’il a fait, dimanche, était vraiment impressionnant. Parvenir à rentrer tout seul sur l’avant de la course après une telle chute montre à la fois sa force, son énorme moteur, mais aussi sa très grosse volonté. Mais il ne s’est pas contenté de revenir aux premières places. Il a encore essayé de faire la course, d’aller chercher la victoire. Notamment en partant dans le Paterberg. Sans les efforts consentis dans sa poursuite, je pense que nous aurions assisté à une autre fin de course."
La performance du petit-fils de Raymond Poulidor n’a pas étonné, dans le milieu. "Mathieu, il sait tout faire, continue Gérard Bulens. Il l’avait déjà montré en battant au sprint Philippe Gilbert et Wout Van Aert sur une étape du Tour de Belgique. Il domine le cyclocross et il a directement trouvé son chemin parmi les meilleurs du VTT, discipline qu’il a dans le viseur, avec les Jeux Olympiques de 2020 qui sont très importants pour lui. Il est à part. C’est un phénomène."
Qui n’a pas fini de faire parler de lui. Sur tous les terrains .
Une tendance à prendre trop de risques
Il aurait pu éviter la chute s’il avait décidé d’éviter le bac à fleurs.
C’est, sans doute, son point faible. Dôté d’une incroyable agilité technique, Mathieu Van der Poel a tendance à prendre trop de risques. "Je ne pense pas que ce soit un manque de lucidité, mais c’est vrai qu’il prend des risques en course que les autres coureurs ne prennent pas, détaille Gérard Bulens. Tout le monde s’est par exemple écarté avec ce bac à fleurs dans la descente qui mène vers le Vieux Quaremont. Tout le monde sauf lui, qui a sauté au-dessus."
Un choix qui a eu des répercussions en cascade, avec sa crevaison et ensuite sa chute. "Avec sa crevaison, à cette vitesse, il faut savoir garder l’équilibre ! Plus loin, il a aussi été en équilibre instable en voulant rouler sur une gouttière plutôt que sur les pavés. Il a aussi failli tomber. Et, à chaque fois, pour le même prix, sa saison peut être terminée. C’est ce que son papa Adrie appelle ses ‘gamineries’ ... Il a sans doute dû se faire sermonner à la maison ! Cela fait partie du personnage."
Sur une précédente course, Mathieu Van der Poel avait fait le buzz en éjectant une pierre de la route avec sa roue avant, comme un hockeyeur ! "Il est vraiment doué techniquement et aime faire le show, ajoute Gérard Bulens. En cyclocross, il aime faire des sauts au-dessus des obstacles… Ce qui est toujours risqué. Il est un peu comme Peter Sagan. On sait que les périodes creuses dans certaines phases des courses sur route ont tendance à l’ennuyer…"
"Il reste une inconnue : la haute montagne"
Avec ses performances sur Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres, Mathieu Van der Poel a répondu aux questions par rapport à sa capacité à tenir la distance. Oui, il est fort après plus de 250 kilomètres ! "C’est une inconnue en moins, et avec ses qualités dans les montées, il est aussi taillé pour remporter l’Amstel Gold Race, commente Gérard Bulens. Il pourrait réussir aussi à Liège-Bastogne-Liège. Des côtes de cinq ou six kilomètres ne devraient pas lui poser de problèmes. Il peut passer partout. Maintenant, la seule inconnue qui reste le concernant, c’est la haute montagne. Mais ce n’est pas un hasard si Dave Brailsford (NdlR: le manager de Sky) lui a fait des propositions il y a deux ou trois ans…"
À la Sarthe plutôt qu’à Roubaix
"Dommage qu’il ne soit pas à Roubaix dimanche !" Cette phrase a été répétée de nombreuses fois, dimanche, après la course. "Surtout que s’il y a bien une course qui doit lui convenir, c’est celle-là", assure Gérard Bulens. Mais son équipe n’a pas été invitée par l’organisation (pour rappel, Corendon-Circus est une formation continentale pro, qui doit obtenir une wild-card pour participer à une épreuve World Tour). "Son entourage a l’art de lui constituer des plages de récupération dans son programme, continue Gérard Bulens. Sans oublier que Paris-Roubaix est une épreuve sur laquelle le facteur malchance est très important. Et puis, il a le regard tourné vers l’Amstel Gold Race. Avec avant la Flèche brabançonne qui doit très bien lui convenir." Il sera ce mardi sur le Circuit de la Sarthe, qui se termine vendredi, et sur lequel il tentera de succéder au Français Guillaume Martin.
La suite de son programme
Après le Circuit de la Sarthe, Mathieu Van der Poel fera encore la Flèche brabançonne et l’Amstel Gold Race. "Il arrêtera bien sa saison de classiques après l’Amstel", assure Thomas Sneyers, l’attaché de presse de son équipe, Corendon-Circus. "Mathieu observera ensuite du repos avant de commencer sa préparation pour les manches de la Coupe du monde de VTT d’Albstadt, en Allemagne, le 18 mai, et de Nove Mesto, en Tchéquie, le 25 mai."